c'est marrant, je dinais avec des amis qui me racontaient la banalisation absolue - et les ravages consécutifs - du chemsex dans la communauté gay parisienne friquée, en l’occurrence parmi des mecs ayant des postes très enviables dans la culture et les médias.
et dans la foulée je vois ce film.
alors que netflix ait tout le data nécessaire qui leur montre qu'ils ont une grosse concentration d'abonnés dans le 93 et que ceux-ci adorent les histoires de dealers, et qu'ils donnent donc à leur public ce que celui veut, c'est navrant mais j'imagine que c'est la loi du marché.
mais là, pendant la scène de 5 minutes où la fabrication d'ectasy par un couple en formation est littéralement filmée comme une scène de
dodin bouffant (gros plan sur la recette et techniques pour avoir les meilleurs ingrédients compris), je me suis rappelé que le film n'existerait pas sans un déluge d'argent public (avance sur recette, 2 régions, arte...) et je me suis dit que les élites culturelles avaient perdu pied sur ce sujet.
j'ai pensé à
la jeune fille de 15 ans. ce film par le milieu et pour le milieu, qui n'intéresse et ne concerne qu'une poignée de gens à paris et dans les postes de décisions culturelles publics prestigieux. le public à l'époque ne couchaient pas tous avec des adolescentes, tout comme le public art et essai de têtes blanches parisiennes de celui là à priori ne prennent pas de taz. c'est donc uniquement les normes des décideurs, à l'époque la "liberté sexuelle", aujourd'hui les drogues "récréatives". il y a aussi les critiques bien sur, ultra élogieuses dans les mêmes journaux qui encensaient doillon et jacquot etc, et qui ne prescrivent plus rien à personne mais qui participent sans fin à ce petit cercle fermé culturel en total décalage avec le reste de la société. mais je ne doute pas que si un être humain tombe sur ce film dans 30 ans (improbable) il le verra avec les mêmes yeux que j'avais devant
la fille de 15 ans - il se trouve que je n'ai pas à attendre 30 ans.
donc comme dans un truc netflix, le héros est un trafiquant de drogue pour qui notre empathie est mystérieusement considérée comme acquise (c'est la version cnc hein : il est blanc, gay et baise un mec noir marié avec femme et enfant). le coeur narratif est la rivalité avec une bande de trafiquants - les méchants (je vois d'ici caroline et jonathan expliquer qu'il y a les bons trafiquants de drogue et les mauvais trafiquants de drogue)(mais même le chef des trafiquants a droit à sa petite storyline humanisante <3). et on suit guerilla entre les uns et les autres, là encore on est dans le monde parallèle des criminels du tiers monde tout est parfaitement normal, on ne va quand même pas stigmatiser les assassinats à coups de poings c'est leur manière d'exprimer leur colère après tout - t'inquiète prends un dessert ça passera en note de frais.
le tout est cette forme tellement caricaturale d'art et essai français. ce scénario qui n'en est pas un (à 50 minutes je ne comprenais toujours pas très bien ce qu'on me racontait) (il se passe concrètement 4 trucs)(ces scènes si typiquement sous écrites pour montrer quelque chose - un repas dans la cuisine où ils se disent rien et il ne se passe rien mais on voit les relations compliquées avec le père !!) puisque c'est une note d'intention filmée. tout le dossier cnc était sous nos yeux, chaque élément est pour illustrer une petite thématique, j'imaginais parfaitement le moodboard et les branlettes métaphoriques de la partie sur le jeu vidéo...
puisqu'il y a donc une sorte d'intrigue parallèle sur un jeu vidéo en réseau qui passionne le 'héros' et sa soeur et qui va bientôt fermer. le lien narratif avec le reste étant fort ténu, il ne s'agit que d'un lien thématique à propos duquel chacun est invité à sonder les cerveaux des "réalisateurs visionnaires". personnellement je ne cède pas au terrorisme, si tu as quelque chose à me dire tu le dis, donc passé le truc sur la fin de l'enfance et de l'innocence et la violence du reel qui va s'abattre sur nous plus d’échappatoire blablablablabla j'ai refusé activement de me poser plus de questions, constatant la laideur repoussante des visuels et la stagnation absolue de ce "récit", sur lequel on passe régulièrement 5 minutes alors que ça ne bouge pas.
bref, ça va flopper sa race mais c'est allé à la quinzaine et avec des critiques euphoriques dans le monde-telerama-les inrocks-liberation et ça n'a jamais, une seule seconde, eu une autre finalité donc tout va bien.
j'ai détesté vous l'aurez compris.