Film Freak a écrit:
Spider-Man, de par son costume, ses pouvoirs, sa manière d'évoluer à travers la ville, etc, a toujours été le super-héros le plus potentiellement cinégénique.
Il se prête davantage à une adaptation que Superman, Batman ou les X-Men...une fois la technologie ayant rendu cette adaptation possible, le choix de Raimi, pas forcément le plus évident et clairement pas le plus bankable, était parfait.
Tu vois Darkman, tu sais ce dont le mec est capable. Et il prend un malin plaisir à plonger la BD dans le film de genre (les scènes de cauchemar, certaines transitions, etc.).
Avec David Koeep au scénar, on avait aussi la garantie d'un scénar carré et effectivement, si le canevas est très classique, il est aussi très efficace. Et très fidèle.
Le casting est parfait et les seuls reproches que j'ai concerne le costume du Green Goblin et la fameuse scène des canettes, ridicule ajout post-11 septembre.
Et le thème est devenu inoubliable pour moi.
Le film a un fond sympathique sur la puberté et la prise de responsabilités mais il me touche cependant moins que celui d'X-Men, de deux ans son aîné.
5/6
Les UGC repassent tous les
Spider-Man (enfin les 3 Raimi, les 2 Webb et les 3 Watts) à raison d'un film par jeudi sur tout l'été. Comme mon fils commence à s'intéresser aux super-héros, DC, Marvel, tout ça, j'ai saisi l'opportunité de lui faire découvrir les films en salle (que les Raimi pour le moment).
Certes il y a eu
Blade en 1998 et surtout
X-Men en 2000, mais
Spider-Man, avec son protagoniste unique et son carton au box-office, marqua le début de la vague et son
origin story devint le modèle à suivre pour globalement toutes les premières adaptations à suivre, notamment celles du MCU. Et son efficacité est effectivement indéniable.
En me replongeant aujourd'hui dedans, alors même que je connais le film par cœur, le film a quelque chose de désuet mais dans tout ce que ça avait déjà de charmant à l'époque. Parce que Raimi est un
boomer, ses références sont classiques, son Peter Parker est celui de Steve Ditko, sa Tante May est une vioque, il y a la même
vibe Norman Rockwell que dans le
Superman de Donner...il y a quelque chose de très
earnest. Les scènes de romance n'ont jamais été mes préférées dans la saga et je me suis surpris à les trouver touchantes et mimi dans leur premier degré giga-sincère, dans les déclarations d'un Peter qui n'a de cesse de remonter le moral de Mary-Jane simplement en la voyant comme il la voit.
Et en même temps, c'est un film incroyablement
horny on main.
La thématique du passage à l'âge adulte est explicite dans le texte (les préoccupations de Ben et May sur l'homme que deviendra Peter sont dans presque chacune de leurs répliques) et le sous-texte sur la puberté a toujours été des plus évidents (avec sa toile organique que l'on découvre jaillissant de ses membres et que l'on s'entraîne à projeter dans l'intimité de sa chambre). Et si la notoriété du simili-69 du baiser sous la pluie en t-shirt mouillé n'est plus à faire, j'avais zappé que la séquence se terminait avec MJ regardant en l'air en souriant alors que son visage accueille les gouttes au ralenti.
Raimi le mauvais garçon infuse tout ce film bon enfant de son esprit, flirtant avec l'horreur dans le montage (mon fils était flippé par la schizophrénie d'Osborn) et les effets de surimpressions les plus kitsch, dans des séquences jouissives de ludisme (les dessins du costume). Dans l'action, c'est nain à côté du suivant mais il y a déjà de superbes choses dans les petits moments (le premier
spider-sense, les acrobaties contre les bandits de merde dans le montage où il se prend en photo) comme dans ceux à grande échelle (la scène des ballons, le final avec le Brooklyn Bridge où Raimi ralentit l'action à l'extrême pour cristalliser les poses dynamiques tout droit issues des pages des
comics). Comme je disais plus haut, c'est vraiment le super-héros le plus cinégénique. Y a un petit moment de rien du tout, quand Peter retourne dans l'immeuble en feu, où Raimi exploite l'élasticité inhérente au pouvoir du héros en faisant durer une seconde digne d'un cartoon (mais sans l'humour), l'instant entre l'élévation et le passage par la fenêtre, et Elfman le souligne avec un léger crescendo de musique. C'est parfait.
Mais ma scène d'action préférée reste celle où Peter poursuit l'assassin de son oncle, maîtrisant pour la première fois le déplacement par toile, on sent son effroi, la scène se nimbe d'un double enjeu, c'est malin dans l'écriture mais également dans la mise en image et dans la direction d'acteurs, comme en témoignent ces plans où Peter saute, la caméra le précédant et le filmant de face, tandis que l'effort déforme son corps et le fait grogner. Soudain, derrière les CGI, la véracité, l'humanité. Et Raimi barde le film de plans de réactions des autres personnages dans les scènes de dramaturgie (Harry constamment blessé par l'attention de son père portée ailleurs, Tante May rassurée par ce qu'elle entend Peter dire à MJ, etc.) pour saisir cette humanité et habiter le film de personnages qui ont chacun leur micro-arc parfaitement caractérisé.
C'est vraiment fou le nombre de choses que le film réussit, pourtant tonalement différentes, de J. Jonah Jameson qui fait de chaque scène au Daily Bugle de la
screwball comedy au dialogue dans le miroir avec une superbe performance théâtrale de Willem Dafoe en passant par tous ces petits détails (la transition entre l'explosion du bunker et la remise des diplômes). L'équilibre est impeccable, le rythme irréprochable. Même la scène des canettes ne m'a pas gêné cette fois (il n'y a vraiment qu la réplique
"You mess with one of us, you mess with all of us!" qui est de trop, didactisme post-11 septembre) mais le look du Goblin reste inexplicable (l'armure aurait pu être moins brillante et plus foncée, vu que c'est censé être un truc militaire, et le masque aurait dû provenir de la collection d'Osborn, faire plus authentique et non Bioman).
Non vraiment, ça bouge pas.