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 Sujet du message: Vivre (Akira Kurosawa, 1952)
MessagePosté: 12 Juil 2014, 14:44 
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Titre original : Ikiru
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Très beau film de Kurosawa où on retrouve son profond humanisme en s'interrogeant sur ce qu'on laisse derrière soi après la mort. La première partie est très émouvante alors que la fin est moins empreinte de tristesse et est davantage réflexive. Je vais essayer de ne pas trop en dire. Si vous êtes un peu déprimé et que vous cherchez un feel good movie, passez votre chemin c’est triste, triste, triste.

Les deux premiers tiers du film traitent de l’abattement face à la mort, on nous immerge complètement dans la solitude de cet homme. On commence par nous présenter la vie misérable de ce fonctionnaire, Kanji Watanabe, 30 ans qu’il travaille pour les services publics où il n’a entrepris rien de bien mémorable, on nous dit textuellement qu’il n’a rien fait dans sa vie. Après une consultation à l’hôpital, il apprend que ses jours sont comptés (paradoxalement, il comprend cela alors qu’on lui dit l’inverse pour ne pas l’apeurer). Coup de massue. Il s’ensuit une tristesse et une grande solitude qu’il ne parviendra jamais à communiquer et partager. Par quelques flashbacks, Kurosawa nous montre sa vie remplie de sacrifices et de déceptions, une « vie de momie ». Puis, il va essayer par des tentatives stériles de profiter une dernière fois des plaisirs de la vie, mais, à chaque fois, il est rattrapé par sa nostalgie ou une incompréhension. Suite à l’échec des tentatives précédentes, il décide alors de se remettre au travail et construire un parc malgré toutes les lourdeurs administratives. Il veut laisser quelque chose derrière lui avant de mourir, faire quelque chose de sa vie pour lui donner un sens. Et là, le film prend une tout autre tournure : on change de thème, de structure narrative, de personnages, … Une ellipse dans l’histoire qu’on tentera de combler par différents points de vue étayés par des flashbacks. On dessine au passage l'opportuniste des politiques, le casse-tête de l'administration.

Le film regorge de bonnes idées de mises en scènes, Kurosawa c'est quand même la grande classe. A l’hôpital, on a deux scènes extrêmement fortes. Une rencontre avec un autre malade qui lui décodera le discours diplomate et rassurant du médecin. Puis sa rencontre avec le médecin. Kurosawa filme le dos des infirmiers qui n'osent pas se retourner, on comprend que c’est foutu pour lui. Tout est évoqué avec légèreté sans forcer le trait de façon caricaturale. Beaucoup de scènes dans la première partie sont construites par des associations d'idées, on évoque le suicide en regardant un train passé, on symbolise le changement de comportements par le changement de chapeau. A noter, une scène magnifique où pendant une fête, il se met à chanter avec une voix d’une tristesse, mon dieu, il plombe complètement l’ambiance. Et puis cette scène à la toute fin du film où malgré la volonté des collègues de faire comme Watanabe et de révolutionner un peu ces barrières administratives, en réalité, personne ne change et tout le monde se recache derrière sa pile de papiers.

Définitivement, après Dodes'ka-den et l’ange ivre, ses drames humains me touchent plus que ses chanbaras.


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MessagePosté: 12 Juil 2014, 21:26 
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C'est mon Kurosawa préféré. Un petit bijou d'intelligence narrative et d'humanité.

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MessagePosté: 31 Jan 2017, 17:15 
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karenina a écrit:
Tout est évoqué avec légèreté sans forcer le trait
Léger, c'est pas vraiment le terme qui me viendrait pour qualifier ce film...

J'avais profité de la ressortie des Salauds dorment en paix l'année dernière pour approfondir ma connaissance du Kurosawa contemporain, et bien que le film soit fort je lui avais déjà trouvé quelques accents outranciers. Même constat pour Vivre, qui est finalement (beaucoup) trop long et relativement indigeste. Le film commence pourtant idéalement, ce petit vieux encastré entre ses piles de dossiers, tamponnant méticuleusement les formulaires administratifs. Comme toujours la mise en scène de Kurosawa est hyper-maitrisée et pleine de trouvailles visuelles. Mais déjà là Kurosawa en fait trop (les femmes renvoyées d'un bureau à l'autre, le jeu étant de ne jamais être celui qui gère véritablement le problème jusqu'à étouffer leur velléité), appuie plus que nécessaire pour que l'on comprenne où il souhaite en venir. Et la suite est du même tonneau, jusqu'à cette dernière partie interminable lors de la cérémonie funéraire, où Kurosawa nous rejoue les derniers instants de la vie de ce petit vieux en mode Rashomon mineur. Une nouvelle fois je ne nie pas les qualités de sa réalisation, encore moins la justesse de son propos (à ce point juste qu'il serait largement applicable, encore aujourd'hui, à pas mal de mes collègues), mais j'ai l'impression que Kurosawa a la main beaucoup plus lourde dans ses films contemporains des années 40/50 que dans ses films historiques de la même période. Pour la charge contre la société japonaise, je lui préfère encore les Salauds dorment en paix (génial séquence d'ouverture lors du mariage), ou Madadayo pour le côté humaniste et personnage principal à l'aube de la mort.

4/6


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MessagePosté: 31 Jan 2017, 17:57 
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Pas vu mais essayé difficile de rentrer dedans (l'avis de lohmann paraît proche de l'avis que je m'étais fait sur le peu que j'ai vu - blâmant aussi mon manque de patience). J'ai un faible pour le sublime Dersou Ouzala.

Dersou, dersou, viens vivre avec nous.
Non Dersou vivre dans la nature.


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MessagePosté: 09 Juil 2024, 09:03 
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A bureaucrat tries to find meaning in his life after he discovers he has terminal cancer.

Alors celui-ci est considéré non seulement comme l'un des meilleurs Kurosawa mais également l'un des meilleurs films ever?

In 1972, Sight & Sound critics poll named Ikiru the 12th greatest film of all time.
In 1999, The Village Voice ranked the film at number 212 in its list of the top 250 Best Films of the Century, based on a poll of critics.
Empire magazine ranked Ikiru 459th on its 2008 list of the 500 greatest movies of all time, and 44th on its 2010 list of "The 100 Best Films Of World Cinema."
In 2009, the film was voted at No. 13 on the list of "The Greatest Japanese Films of All Time" by Japanese film magazine Kinema Junpo.
In 2010 Ikiru was included on Time's All-Time 100 best movies list.
In 2012 the film ranked 127th and 132nd on critic's and director's poll respectively in Sight & Sound Top 250 Films list.
Martin Scorsese included it on a list of "39 Essential Foreign Films for a Young Filmmaker."
The film was included in BBC's 2018 list of The 100 greatest foreign language films.

Conversely, in 2016 The Daily Telegraph named it one of the 10 most overrated films.


Bon bah on va s'aligner avec le Daily Telegraph hein...

Plus sérieusement, je n'ai pas vraiment été touché par cette histoire d'un fonctionnaire atteint d'un cancer terminal et qui cherche comment occuper ses derniers jours. J'ai trouvé la structure vraiment étrange et peu convaincante, entre ces deux premiers tiers giga-longuets sur l'errance post-découverte à chercher le bonheur avec un random pilier de bar puis avec une ancienne employée guillerette avant un dernier tiers qui change brutalement de point de vue pour basculer, non pas dans du Rashomon lite comme le dit Lohmann - on ne revisite pas un même événement - mais dans une sorte de sous-Citizen Kane où les collègues et autres convives de la veillée funèbre relatent les efforts de Watanabe de concrétiser un parc.

Je vois tout à fait la volonté de faire de ces premières rencontres des plaisirs vains condamnés à se transformer en cendres une fois que la tristesse de Watanabe finit par avoir raison du moment éphémère et superficiel, et ça donne de jolies scènes comme celle de la chanson qui fout le bad en pleine boîte de nuit, mais je trouve la démonstration trop étirée jusqu'à la révélation au contact de la jeune femme sur la nécessité de faire quelque chose de concret pour donner un sens à sa vie.

De la même manière, j'apprécie mais seulement froidement le rejet total du feel good qu'il aurait été possible de composer au travers de la relation entre Watanabe et son fils et de jouer la catharsis ailleurs, dans un autre legs, mais celle-ci ne me procure aucune émotion. Sans doute parce que les efforts pour y parvenir ne constitue que les 50 dernières minutes du film et...ne sont pas vécues d'un point de vue subjectif donc pas ressenties.

Je ne peux nier que je trouve le virage du dernier acte intéressant et audacieux mais montrer cette quête de façon elliptique et au travers de flashbacks lancés par les témoignages d'autrui dérobe le spectateur d'une identification. En tout cas, ce fut mon cas. Mais de toute façon, je crois que le détour entre l'exposition de cet objectif potentiel au début du film et la décision de s'y atteler est trop long et ne m'a déjà que trop peu stimulé pour que je m'attache soudainement à cette aspiration tardive.

Du point de vue de la mise en scène, je n'ai évidemment rien à reprocher. Les compositions de Kurosawa continuent d'être parlantes, que ce soit dans la façon de montrer la bureaucratie écrasante (sur le lieu de travail) ou déshumanisante et uniformisante (lors des funérailles). Ce fond politique apporte une dimension supplémentaire à la simple recherche de sens d'un mourant et au film. Mais bizarrement, le reste du temps, quand elle se concentre sur le visage de Takashi Shimura, ni lui ni elle ne parviennent à m'émouvoir. *emoji hausse les épaules*

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MessagePosté: 09 Juil 2024, 09:06 
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Jamais été fan de celui là.


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MessagePosté: 10 Juil 2024, 08:45 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
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Mon premier Kurosawa, il y a 20 ans. J'avais pris une claque.

Mais je sais pas si j'aimerais autant aujourd'hui, le côté mélo à gros sabots marche moins bien sur moi qu'à l'époque.

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