Forum de FilmDeCulte

Ce film, c'est un peu La Zone d'Intérêt mais sans camp d'extermination à deux pas du resto trois étoiles ?
Bon, plus sérieusement, c'est vraiment la contrepoint slow cinema (quoique le rythme soit plutôt leste dans l'absolu) des émissions culinaires qui font florès depuis quinze ans à la télé : on y voit plutôt que les joutes artificielles des jeux télévisés les coulisses d’une belle réussite entreprenariale et familiale entamée quelques 80 années auparavant (pendant lesquelles, tenez-vous bien, la famille Troisgros a toujours été locataire du restaurant de l’hôtel qu’elle tenait à Roanne, avant d’ouvrir son propre hôtel-restaurant en 2017). On y voit donc résumés sur quatre heures, qui passent vite (même si j’ai vu le film en trois fois), les éléments d'un certain art de vivre à la française, lequel passe par les agriculteurs, artisans divers et variés (éleveurs, maraîchers, affineurs, vignerons) pour aboutir à cet art dispendieux - mais pas plus qu’un séjour à Disneyland - qu’est la grande cuisine (tellement qu’il ne peut se permettre de mettre à la carte qu’une seule bouteille de romanée Conti à 10 000 boules). Les serveuses ont des tenues sorties tout droit de la Servante Ecarlate, Patrick Bouchain a fait la décoration d’intérieur du restaurant. Tout ça est d’un goût assez impersonnel, lisse façon Marie-Claire Maison mais respire une sorte de douceur de vivre. Le stress légendaire du métier de cuisinier ne se ressent jamais mieux qu’à travers le tenancier des lieux, quand il s’active lui-même autour d’une poignée de rognons, soucieux de ne pas les brûler.