Forum de FilmDeCulte

Frederick Wiseman investit une grand institution du savoir et la révèle comme un lieu d'apprentissage, d'accueil et d'échange. La New York Public Library incite à la lecture, à l'approfondissement des connaissances et est fortement impliquée auprès de ses lecteurs. Grâce à ses 92 sites, la 3ème plus grande bibliothèque du monde rayonne dans trois arrondissements de la ville et participe ainsi, à la cohésion sociale des quartiers de New York, cité plurielle et cosmopolite.
Comment cet incomparable lieu de vie demeure-t-il l'emblème d'une culture ouverte, accessible et qui s'adresse à tous ?

Je vais faire la fine bouche, mais je suis sorti un peu déçu. Le film passe pourtant relativement vite (en tout cas pour un film d'une durée excédant les 3 heures), c'est souvent passionnant, mais je trouve que Wiseman s'appesantit trop sur des aspects "mineurs" de NYPL. Dommage parce que ça débute idéalement avec cette séquence d'opérateurs téléphoniques qui répondent aux requêtes les plus incongrues des utilisateurs (des origines des licornes aux lieux de naissance de tous les Herzog), Wiseman reviendra par ailleurs régulièrement sur le travail de fond effectués par les employés de NYPL (enseignement du braille pour les aveugles, activités périscolaires, prêt d'ordinateurs et de bornes Wifi pour les laissés pour compte de la révolution numérique...), et c'est pour moi ce qui aurait du faire le cœur de son film (c'est en tout cas ce qu'il contient de plus intéressant et de plus en phase avec ses derniers films, l'espace publique et la manière d'y faire perdurer du lien social). Mais on a également le droit à de longues séquences de concert de piano ou d'entretien avec des personnalités des arts dont je ne doute pas qu'elle reflète la politique de cette institution mais dont je comprend assez mal l'intérêt de les exposer autant dans la durée, pas plus que les longues conversations de la direction sur le passage au numérique, qui ont certes un intérêt sur la meilleure manière de servir les intérêts des new-yorkais, mais intérêt purement actuel - ces séquences paraitront peu intéressantes, je pense, lorsqu'on reverra ce documentaire dans 10 ou 20 ans.

4/6

Effectivement c'est marrant comme les 3 heures passent plus vite que pour un film de fiction, c'est peut-être dû à la structure en scènettes. J'ai aimé aussi, sans être à fond et sans pouvoir pointer du doigt ce qui m'empêche de l'être comme tu as pu le faire. Il y a un grand axe du film sur la communauté noire qui est intéressant et en même temps qui prend beaucoup de place, Wiseman en fait certes le symbole du rôle d'éveil des consciences de toute bibliothèque mais une fois qu'on a compris, je trouve qu'il aurait pu élaguer. Il y a de toute façon dans le film un côté un peu enfonçage de portes ouvertes, qu'on retrouve dans cette phrase de résumé: "Frederick Wiseman investit une grand institution du savoir et la révèle comme un lieu d'apprentissage, d'accueil et d'échange". Sans blague?

Ce qui m'a le plus intéressé c'est cet entrelacement typiquement américain dans les bibliothèques des partenariats publics-privés, qui se sont souvent résumés ces dernières années au rôle moteur des dons privés qui tirent ensuite l'investissement public, un comble symptomatique de notre époque. Il est intéressant de voir ces visages d'intellectuels dirigeants accepter le principe de ces partenariats tout en semblant gênés aux entournures concernant les dérives possibles, comme quand le privé dicte les axes de développement de la bibliothèque au public.

Quelqu'un connaît-il les conditions de tournage des films de Wiseman? Il prévient absolument tout le monde qui apparaît à l'écran ou agit-il parfois incognito? Car on a du mal parfois à tracer la limite entre spontanéité de scènes révélatrices et surjeu de certains.

Je suis incapable de répondre à cette question mais j'aurais tout de même tendance à croire qu'il tourne toujours "à découvert". Tu as vu son précédent documentaire?

Oui et c'est le seul autre. La gentrification comme phénomène excluant était parfaitement expliquée.

La méthode de wiseman est de rester très longtemps dans un lieu, jusqu’à se faire ‘oublier’. Il y’a énormément d’heure de tournage. Il sélectionne ensuite. Je crois qu’il n’entre au très peu en contact et qu’il n’y aucune indication