Forum de FilmDeCulte

paramount + a viré de son catalogue quasiment tous les films ayant fait moins de 100m de recettes ou n'ayant pas eu d'oscars, donc il ne reste plus beaucoup de curiosités à se mettre sous la dent, mais il y a encore ce film qui me faisait de l'oeil depuis longtemps.

ce n'est pas vraiment un thriller judiciaire, il y a 4 minutes de procès, mais ça évoque des thèmes qui me passionnent dans la justice.

ça raconte l'histoire d'une famille wasp americaine, dont l'ado de 17 ans se fait violer puis tuer dans des circonstances atroces. un suspect est rapidement arrêté, mais la preuve accablante contre lui est annulée pour des raisons de procédure, et il est libéré avec un non-lieu. la mère trouve ça insupportable et commence à le suivre et à être hantée par l'idée de vengeance.

du coup : quand est-ce que l'abus de droit nuit à la justice ? quand est-ce que le contrat tacite entre un individu et les institutions est rompu ? quel est le point de rupture pour un individu parfaitement civilisé pour ne plus adhérer aux regles collectives ? les principes moraux que l'on se pose quand tout va bien tiennent-ils face aux expériences ?

questions riches, complexes, qui incitent à appuyer là où ça fait mal, à mettre chacun face à ses limites, à ses contradictions, sans aucune réponse satisfaisante à apporter.
c'est-à-dire pas forcément les grandes orientations fondamentales des films américains produits des grands studios, quoi.

et donc de fait, tout ça est traité comme un petit thriller d'exploitation assez bas du front. c'est adapté d'un roman de peu d'envergure, puis écrit par un couple de scénaristes qui ont ensuite signé les nouveaux planètes des singes et toutes les suites d'avatar, et si aujourd'hui ça aurait pu faire une série de 6 fois 1h10 sur netflix, à l'époque c'est 1h39 d'images, avec une histoire assez riche, du coup on trace selon les normes scénaristiques de l'époque - d'où, pendant la première demi heure, des scènes qui n'ont absolument aucune crédibilité ni correspondance dans le monde réel. puis, dans la dernière partie, celle où toutes les questions devraient arriver à leur paroxysme, on zappe tout ça pour multiplier des rebondissements qui permettent d'évacuer toutes les problématiques de base mais qui, en contrepartie, font basculer le film dans le grand n'importe quoi.

non que le grand n'importe quoi dans des thrillers américains des années 90 me dérange fondamentalement, mais forcément l'impression de se faire pirater une histoire qui aurait pu être intéressante - ce qui donne néanmoins l'occasion, pas si banale, de se dire : ça aurait été mieux en film français, quand on pouvait encore y explorer des ambiguïtés et problématiques morales. d'autant plus rageant que le film peut compter sur sally field, qui est très bien et qui était un vrai être humain crédible plutôt qu'un robot hollywoodien - mais là aussi c'est contre balancé par kiefer sutherland - l'assassin - qui avec son look patibulaire et sa storyline ridicule tombe dans le grand guignol.

à noter aussi l'écriture d'un sexisme absolument hors d'âge du couple de parents, avec sally hystérique, en larmes, névrosée et qui ne s'en remet pas tandis que ed harris à l'air de s'en battre les couilles, va de l'avant, reste rationnel droit responsable et analytique en toutes circonstances. même en 96 et même aux etats unis ça me parait très caricatural et vaguement à côté de la plaque.

bref je suis pas difficile avec ce genre de films mais ce fut une déception, même si tous ces thèmes sont passionnants et méritent d'être explorés proprement, particulièrement par les temps qui courent.

Le Droit de tuer en moins bien quoi.

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En plus mauvais, plutôt ?
(J'ai vu aucun des deux)

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

ce n'est vraiment pas le même film, mais bon dans l'absolu oui.

J'adorais ado, jamais trop compris qu'il se fasse descendre (si ce n'est moralement et encore).
Faudrait que je le revoie.

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j'avais oublié de raconter un truc qui va plaire à qui-gon, il y a un personnage très secondaire (une meuf du fbi infiltrée parmi un groupe de parole de parents endeuillés, 11 minutes de présence à l'écran) qui se trouve être 1) noire 2) lesbienne 3) en couple avec une blanche 4) mère d'un petit garçon avec sa compagne. on dirait du pur quota woke 2022, sauf qu'on est en 96, que c'est vraiment assez saugrenu / gratuit dans le film...

je me suis demandé si c'était parce qu'ils avaient peur de se faire traiter de fachos remettant en cause l'état de droit et qu'ils s'étaient dit qu'il fallait un petit clin d'oeil pour dire non non ?