Forum de FilmDeCulte

Dernier volet de la trilogie de Nicolas Philibert autour des malades mentaux après L'adamant (que je n'ai toujours pas vu) et Averroès et Rosa Parks. Ici on quitte l'institution pour aller chez les malades, ceux qui sont suffisamment indépendants pour pouvoir vivre seuls. Et l'angle d'attaque est plutôt original et surtout pertinent. C'est à travers les dysfonctionnements d'objets du quotidien que le film investit leur espace. En faisant intervenir des membres de l'équipe encadrante de l'Adamant pour réparer des objets qui ne fonctionnent plus mais qui sont indispensables à leur quotidien que le film se permet de s'installer chez eux et de les observer dans leur intimité. Déjà là il y a je trouve une forme de très belle humilité, Philibert, n'y va pas de sa propre inititative, il ne cherche pas à les "déranger" à la faveur de son documentaire. Et il parvient à saisir de très belles choses chez ses gens décalés, hors du système qui sont profondément attachés à des objets qui leur permettent d'avoir un quotidien supportable. Ici un poète qui écrit chaque jour des poèmes sur une machine à écrire, là une dame qui ne supporte pas le silence et qui a besoin d'un lecteur CD fonctionnel pour éviter une rumination délétère, là un homme en train s'enterrer dans son appartement croulant sous les livres et objets dont il faut l'aider à se débarasser pour retrouver un espace de vie décent...

Et chaque rencontre est d'un naturel confondant, Philibert ne force rien, pose quelques questions, mais reste surtout en retrait, témoin de ce qu'il se joue chez ces gens qui essaient d'exister, chacun enfermé dans un appartement (souvent d'une pièce) comme enfermé dans leur propre cerveau, leur propre solitude. C'est assez déchirant. Ou cette improbable colocation de ces deux jeunes hommes, l'un qui semble autiste musicien génial et l'autre qui voudrait travailler mais qui ne sait pas quoi faire de sa vie (et qui paraît trop "absent" pour pouvoir tenir un véritable emploi).

Après le film est très court (à peine 1h15) et se contente d'une poignée de scènes, ce qui donne au film un aspect forcément un peu "petit" et beaucoup plus anecdotique que Avveroère et Rosa Parks. Mais je ne regrette pas du tout de l'avoir vu ça reste un très beau documentaire, peuplé encore une fois de personnages que l'on n'a pas envie de quitter ou que l'on a envie de connaître plus en profondeur (le dernier notamment se présentant comme auteur de BD [mais je n'ai rien trouvé sur lui]).

4/6

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CroqAnimement votre

Celui-ci m’a beaucoup fait penser aux Portraits XL de Cavalier (l’épisode 2, Jacquotte et Daniel).