Forum de FilmDeCulte

Une plongée au cœur de Radio France, à la découverte de ce qui échappe habituellement aux regards : les mystères et les coulisses d’un média dont la matière même, le son, demeure invisible.

On sent que Philibert aimerait bien être le Wiseman français, mais que le sujet du film lui échappe un peu, ou qu'il ne sait pas trop bien quoi filmer. On grapille donc à la bonne franquette de jolis moments de vie à Radio France, d'une intendante au dépêches AFP gouailleuse qu'on retrouve en fil rouge à une journaliste aveugle qui s'occupe du flash news en braille, là où on sent bien que les émissions d'Inter, Bleu, O ou Culture sont exposées en mode catalogue (surtout que les extraits ressemblent à des vidéos podcastées prises sur le site des radios). Du coup, le doc est souvent léger et drôle, donnant forme humaine à des voix, mais rarement pertinent ou instructif.
3/6

Effectivement, ça fait très "sous-Wiseman" - la forme Wiseman étant elle-même depuis longtemps devenue un académisme du documentaire, ce qui donne d'emblée au film qui lui court après un côté un peu scolaire.

Il y a pourtant toujours une certaine majesté chez Philibert, une sorte de classicisme tranquille, sans doute issue d'un montage plus rigoureux que chez les collègues, qui donne un petit poids à tout cela. La question de la voix maintient l'attention un temps (cette difficulté étrange à marier la voix profonde, précise de la radio, avec le visage qui souvent dans le montage n'arrive qu'après ; des passages plus particuliers comme la lecture excellente de Caravaca, ou l'interprétation de la chanson qui fait office d'affiche). Ça vire cependant trop souvent au zapping chiant, sans qu'une réelle structure ne fasse dialoguer tous ces moments : paradoxalement, ce butinage exhaustif mais très superficiel donne l'impression d'un bâtiment très petit, limité. L'absence totale de questionnements sur l'institution publique (son rapport au pouvoir, à l'information) est un gros problème : j'entends bien que ce n'est pas le sujet qui intéresse Philibert, mais l'exclure totalement, volontairement, en abordant parallèlement l'endroit en mode vieux fan, donne à la déclaration d'amour les atours assez désagréables de film institutionnel.

Beau et gros ratage donc, qui pourrait se résumer à la petite musique chantée qui vient sagement, sans surprise, illustrer les vues de Paris qui se réveille : c'est "mignon", et ce n'est pas grand chose d'autre.