aka 英雄本色 2('True Colors of a Hero 2') aka Le Syndicat du crime 2On promet au gangster Sung Tse Ho de le sortir de prison s'il accepte d'assister son frère policier, Sung Tse Kit dans une mission périlleuse qui consiste à s'infiltrer au sein d'un gang pour savoir si Lung en fait encore partie mais ce dernier est obligé de fuir lorsqu'il est injustement accusé de meurtre. En son absence, sa fille est assassinée. Avec l'aide de Ken, le jumeau du défunt Mark, ils vont tous ensemble se venger.Dans mon lointain souvenir d'il y a 25 ans, je préférais cette suite au premier. Aujourd'hui, je comprends pourquoi c'était le cas à l'adolescence mais, et je citerai Mr Degryse :
Citation:
A l'époque de leur découverte, je préférais le 2 plus énorme mais maintenant mon opinion s'est inversée.
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Comme je le disais dans mon avis sur le précédent, en alliant les postulats de deux films différents, le récit complexifiait sa dramaturgie mais restait simple. Mais incarné, donc efficace. En 1h31, il se passait plein de choses mais une ligne claire demeurait.
Ce deuxième chapitre se fait plus ambitieux narrativement et si le point de départ est une bonne idée pour rebondir sur la force de son prédécesseur (Grand frère Ho obligé de s'infiltrer à son tour pour éviter que malheur n'arrive à Petit frère Kit undercover), dès que Lung (le nouveau personnage) prend la fuite, ça devient un peu le waï. Un méchant anonyme en remplace un autre qu'on a à peine eu le temps de connaître, la fille de Lung que Kit protégeait crève très vite, tuant dans l'oeuf le dilemme que cela représentait vis-à-vis de sa femme enceinte, les deux frères continuent d'essayer de s'infiltrer plus profondément (et ça amène cette bonne scène où l'un doit tuer l'autre pour maintenir sa couverture) mais ça stagne un peu de côté-là tandis qu'à côté, Lung subit une nouvelle perte quand l'ami qui l'hébergeait est tué à son tour et se retrouve avec Ken, le frère jumeau de Mark (quand même une pirouette éhontée) dans une interminable intrigue qui le voit catatonique, marcher à quatre pattes et baver (après un passage en HP!) et redécouvrir le goût des oranges.....
On était touché par la déchéance de Mark dans le premier mais là le pathos est poussé trop loin et c'est limite ridicule. Il y avait quelque chose d'intéressant à jouer sur le deuil mais entre la caricature assurée par Dean Shek (Woo retrouve l'acteur qui jouait son Chaplin dans
Laughing Times!) et la sous-caractérisation de Ken (lui aussi vient de perdre un proche mais...t'as l'impression qu'il ne le connaissait pas et s'en fout), le film passe à côté.
Il reste de jolies choses, comme ce plan du prêtre lavant la boue de ses mains et révélant ses tatouages de gangster et cette idée porteuse de Ken devenant peu à peu son frère défunt (il reprend ses lunettes, son manteau troué, son tic avec l'allumette et surtout sa place aux côtés de Ho), avec en plus cette iconisation assumée dans la diégèse (t'as un gars qui fait des peintures et des dessins et des planches de manga sur le parcours des deux jumeaux
) mais c'est un peu juste posté là.
Par conséquent, le récit est un peu laborieux. Mais ce qu'il perd en force dramaturgique, et ce malgré le nombre de morts (je retiens quand même Kit au téléphone avec sa femme à la maternité mais on aurait dû chialer et c'est pas le cas), il gagne en force de frappe, Woo prenant de plus en plus ses marques dans la mise en scène des gunfights et jouant à 100% le jeu de la surenchère exigée pour une suite avec des explosions, des cascades en voiture.
Esthétiquement déjà, il pousse les curseurs (beaucoup plus de ralentis) et ça fait des étincelles (littéralement, il utilise beaucoup les étincelles pour rajouter de l'ornementation à l'image), mais tu sens aussi qu'il pense davantage le déplacement de ses acteurs dans le décor (toute la scène avec Leslie Cheung et l'échange, avec le bateau ; la manière dont Ken se meut pour se placer contre un mur et laisser entrer un gars afin de le tuer sur le côté) ainsi que le décor lui-même (Ken qui dévale les escaliers allongé à l'envers en tirant), aboutissant à cette excellente fusillade finale dans la maison où tout est réuni et où ça va vraiment loin (pile de corps à la Frazetta, ça sort carrément une hache et un sabre à un moment).
L'abattage de violence est forcément impactant et tu comprends l'influence que ça a pu avoir sur Tarantino (et d'autres évidemment).
Film avec de bonnes idées mais fouillis et un peu inerte par moments, rehaussé par son action baroque.
Et quand tu lis le Trivia IMDb, des choses s'éclaircissent :
Citation:
John Woo's first cut was about 160 minutes long. He and producer Hark Tsui had disagreements over the focus of the film. Tsui felt that it should focus more on the Lung, while Woo's original version focused more on characters Ken and Kit. Hark also insisted that the film should be shortened to a commercially viable length, which in Hong Kong is considered under 120 minutes, so theatre owners could show the film at least eight times a day.
Woo refused to cut it down and when he and Hark couldn't agree about the focus of the film and how it should be re-edited, Hark went and started secretly re-editing it himself, since he had equal control with the editing along with three other editors (Woo being the fifth). At the same time when Hark would cut some parts out, Woo would secretly put the missing parts back in. With only a week remaining before the film was to be released in theaters, and with pressure from the studio and distributors to trim the film down, Woo and Hark agreed to send the movie to "Cinema City Editing Unit", which meant that they sent each reel of the film to one of Cinema City's editors, who would then go to work on his particular reel. There was no overall supervision whatsoever by either Woo or Hark. Each of these editors just cut things out as they saw fit, then returned the reels. What they came up with is now the official released version of the film.
When Woo saw this final version, which was 105 minutes long, in the theater for the first time he was so shocked to see how badly it was re-edited that he disowned the film; to this day the only part he said he considers to be his work is the final shootout sequence.
Ah ouais...et donc c'est pourquoi Woo et Hark ont splitté.