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MessagePosté: 17 Jan 2024, 01:04 
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L'embarras du choix, les affiches de ce film.

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Un aspirant flic accusé à tort d'un meurtre se fait passer pour un réalisateur afin d'approcher un gangster désireux d'un film à sa gloire et le tuer.

Ce film, une préquelle de Jigarthanda du même Karthik Subbaraj et sorti en 2014 mais avec lequel il n'entretient visiblement pas de lien ténu, est sorti dans le monde (et donc dans quelques salles françaises) le 10 novembre dernier mais malheureusement, je n'en ai entendu parler qu'un mois après et depuis, la hype n'a fait que de grandir, non seulement par le biais des quelques connoisseurs de ma TL mais le film s'est également retrouvé 4e du top des films "Action/Adventure" les mieux notés sur Letterboxd en 2023 (oui c'est mon nouveau baromètre keskiya) ainsi que 7e du top "Films asiatiques" les mieux notés en 2023.

Je ne vais pas mentir, au vu du battage grandissant, je suis un poil déçu, mais le film vieillit déjà plutôt bien, parce qu'il est quand même pétri de bonnes choses.

Plus tôt aujourd'hui, dans ma critique de Captain Miller, j'évoquais l'uniformisation des blockbusters indiens. Leur kif du ralenti et de l'action over the top ne date pas d'hier, mais le panorama qui nous est donné à voir rien que sur une année (même si j'ai bien conscience qu'il s'agit d'un aperçu très sélectif) est assez révélateur de le tendance actuelle. Outre les récurrences esthétiques, je suis curieux de savoir si les conventions d'écriture indiennes qui se retrouvent dans presque tous les films que j'ai pu voir depuis le coup de foudre RRR sont l'effet d'une mode - on retrouve le même genre de narration alambiquée dans certains blockbusters US, depuis L'Attaque des clones jusqu'à Star Trek Into Darkness - ou découlent d'une tradition narrative qui remonte à leurs épopées nationales telles que le Mahabharata.

Parce qu'une fois de plus, il s'agit d'un film narrativement foisonnant qui nécessite une triple introduction pour poser les différents personnages et les diverses forces en faction dont certaines peuvent ainsi disparaître pendant une longue période (surtout que leurs films sont longs, 2h52 ici) pour réapparaître aux deux tiers, te faisant dire "aaaaaaaaaahn" comme une pièce de puzzle que tu retrouverais sur le tard. C'est même pas un twist, c'est plus comme l'info set-upée au début d'une blague et que t'as soit oublié, soit tu te demandes pourquoi on t'a raconté ça, et qui vient servir à la chute.

Par conséquent, l'exposition peut sembler un peu laborieuse mais dès lors que l'un des deux protagonistes, Alliyus Caesar (fuck yeah), embarque sa cible dans une salle de cinéma qu'il a monté pour l'exécuter avec un Sergio Leone projeté sur l'écran derrière lui parce qu'il se rêve Clint Eastwood, l'idiosyncrasie du film apparaît, et une fois que l'autre protagoniste décide de se faire passer pour l'ex-assistant de Satyajit Ray et pitche son Parrain en gloire à Caesar, le film décolle.

Et le film n'échappe pas au cahier des charges de la badasserie, avec par exemple une scène où Caesar se tape armé de deux défenses d'éléphant, mais pour une fois, ce n'est pas pour ça qu'on kiffe. A l'instar de RRR, qu'on aurait pu vendre en disant "venez pour les bastons au ralentis, restez pour la bromance", Jigarthanda Double X (fuck ce titre) commence comme un western puis fait tripper avec son délire méta, proposant précisément une déconstruction des tropes de ces blockbusters indiens mythifiants (jusqu'aux interludes musicaux et à l'entracte directement discutés et donc diégétisés) avant d'entériner le propos en se transformant en Film sur le Pouvoir du Cinéma (aka mon kink absolu), se situant quelque part entre l'éveil à l'ambivalence entre vérité et mise en scène de The Fabelmans et l'outil de révolte propagandiste contre son oppresseur d'Inglourious Basterds.

L'autre particularité de cette vague de blockbusters indiens, c'est leur caractère politique. Une vidéo de L'Humanité sortie hier (et un article d'il y a quelques temps dans Mad Movies) pose la question des blockbusters asiatiques comme nouveau soft power et, ne connaissant bien évidemment rien au contexte politique en Asie, actuel ou passé, je me garde bien d'avoir un quelconque avis sur la question. Je ne serai pas étonné qu'un certain conservatisme puisse se cacher dans certains de ces films mais je trouve tout de même fascinant que, de leurs grosses machines starring Shah Rukh Khan à ce genre de film, qu'ils soient hindi, tamoul ou telugu, ils s'attaquent au sujet sans même s'embarrasser d'un sous-texte. Jawan se termine quand même sur SRK s'adressant presque littéralement aux spectateurs, face caméra, en leur disant limite pour qui voter. Et il n'y a pas besoin d'être familier avec la situation en Inde pour trouver des échos chez nous au propos de Jigarthanda Double X sur la nécessité de filmer les violences policières.

Non, vraiment, c'est bordélique, certaines choses auraient pu être poussées un peu plus loin, c'est freestyle comme d'hab (le "réalisateur" utilise une caméra 8mm mais enregistre une superbe image et aussi du son mais on s'en bats les couilles), mais c'est quand même du cinéma stimulant, avec cette photo aux couleurs saturées vivifiantes qui m'a rappelé RRR. Les chemins de traverse pris par le récit entament un peu l'expérience et l'articulation du propos mais il reste puissant.

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