Forum de FilmDeCulte

Me suis laissé convaincre par la critique exaltée du Parisien et la détention récente d’une carte ugc. Bouarf.
C’est tellement stéréotypé façon le Fresnoy* cinéma sensoriel post-bonnelien au milieu duquel coule un mince filet d’histoire plein de symboles balourds, baignant dans une electro abrasivement mélancolique, avec une fétichisation du noir en mode bon sauvage qui est carrément problématique pour moi. Est-ce que j’exagère en trouvant d’une vulgarité extrême la recréation de toute pièce d’un rituel animiste, reconstitué dans la jungle de la Réunion (qui figure le Nigeria) sur du Vitalic ? Il y a quelque chose de profondément obscène dans ce télescopage d’ambiance de club et de fantasme sur l’Afrique. Les personnages africains y sont d’ailleurs relégués à l’état de fantôme, presque entièrement mutiques, s’adonnant à la lutte armée ou à la danse, raccord avec le propos du film mais qui perpétue ce qu’il critique. De façon légèrement tendancieuse, le film dresse un parallèle entre un migrant Bélarus et des révolutionnaires nigérians, identifiés à des clandestins sans d’ailleurs qu’on évoque une envie migratoire. Le protagoniste s’engage dans la légion, uniquement pour se retrouver le bras armé du capitalisme prédateur sous la forme de l’industrie pétrolière. Le simili-propos du film, inattaquable, est d’un manichéisme confondant, qui en fait un peu le négatif du film hollywoodien, tout ça pour terminer avec l’obligatoire scène de danse cathartique et libératrice.
Le film entretient par ailleurs pas mal de rapport avec Pour La France, une scène de noyade initiale, le choix d’avantage contraint de l’engagement militaire, et ses décrochages géographiques qui mettent en scène notre monde mondialisé (plus une scène musicale cathartique finale). Mais il manque tout simplement de tripes ou d’audace pour verser dans le fantasme chic et cheap, avec les coquetteries de mise, comme la caméra thermique, un usage planant du drone, de jolies images de jungle et de bras de fleuve. Mimant bien l’époque, il se révèle incapable de nouer une relation.



Il ne raconte pas l'histoire de MEND mais le mouvement est explicitement cité, une journaliste de Vice lui rend visite dans une scène plutôt pas mal (le choix de sa tenue est esthétique, pas vraisemblable, mais passe encore pour cette licence poétique), média qui a été créé à peu près au moment où le mouvement a cessé d'opérer. Le sujet est passionnant mais la confusion historique est gênante. J'imagine que Abbruzzese en a appris l'existence après que neuf représentants d'une compagnie pétrolière italienne, l'Eni SpA ont été tués en 2006. C'est marrant qu'il s'inspire de cet épisode pour verser dans le sentiment anti-français (même si c'est du pareil au même).

*Après vérification, et sans que je le sache au préalable, c'est un ancien du Fresnoy.

Pire scène du film, ou la meilleure, c'est selon. Soit le but est de se gausser du journalisme spectacle, et dans ce cas c'est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, soit le mec a pleine conscience de s'engouffrer avec délectation dans les mêmes travers, c'est une belle preuve de lucidité mais ça ne rend malheureusement pas son film bon pour autant. Alors oui (pour ce que j'ai pu voir d'avis positif, et lol à se motiver à voir un film sur la base d'une critique du Parisien), le film n'est pas désagréable à regarder (et je ne suis pas contre une BO de Vitalic, même si le goût m'est un peu passé), mais c'est du cinéma 100% chic et toc. Derrière la façade, il n'y a absolument rien, c'est confondant de vacuité, il faut absolument dire à ce mec de ne pas toucher à un quelconque propos politique (combo Biélorussie/Nigeria tant qu'à faire) parce que dans le fond ça ne le touche ni ne le concerne absolument pas, tenter un truc 100% de genre, pourquoi pas, ou plus sûrement se cantonner à réaliser des clips.

Le film fait preuve d'ironie à ce moment, lorsqu'on voit les hommes du MEND abandonner leur rôle et rire de la comédie qu'ils viennent de jouer. C'est le meilleur moment du film.



Héhé, même quand on essaie de se défaire des préjugés, on se retrouve à voir un film quasi unanimement loué par la presse snobinarde (critikat et libé sauvent l'honneur).



Grosse, grosse facilité la musique de Vitalic bien que pas désagréable. C'est un peu comme du Amon Tobin pour du Pina Bausch. D'accord pour le reste.

J'avais pas prévu de le voir, notamment pour le retour de Critikat, j'ai laissé le bénéfice du doute à cause de l'extrait de la critique des Cahiers que j'ai vu hier sur Twitter (en fait partiellement mensongère quand j'ai vu ce qui était publié de la même critique aujourd'hui sur Allociné). Après The Quiet Girl il faut que j'apprenne à ne pas changer d'avis.

Tsssss, sur ce film j'étais la vraie boussole fiable à Berlin.

C'est moyen.
3/6

Curieux film très inégal pas vraiment réussi mais pas non plus sans intérêt. Le film est coupé en trois parties globalement (l'arrivée et l'inscription à la Légion, la partie au Nigeria et le retour en France). Je suis globalement séduit durant les deux premières parties, le film est très bien réalisé, assez stylé sans être ostentatoire, le personnage est curieux on a envie de le connaître. La partie au Niger tombe dans un premier travers, ça devient chichiteux de manière assez gratuite et on sent que le réalisateur veut "faire de l'image" sans qu'il n'y ait grand-chose derrière (il n'a visiblement rien à dire sur le sujet du MEND [on peut d'ailleurs totalement penser que c'est un mouvement inventé pour le film]) et le film, malgré là encore une vraie maestria visuelle surprenante pour une telle petite production (ce plan large de la jungle avec les usines au fond, waouh), se fait presque un peu agaçant dans son maniérisme superficiel (cette lutte qui n'en finit pas, filmé quasiment dans le noir, j'ai vu le film de jour je ne voyais presque rien). Puis arrive le retour en France et là le film se casse carrément la figure, le personnage est déprimé, hanté par ce qu'il a fait et erre mollement d'une scène à l'autre sans que le film ne raconte quasiment plus rien (cette figure féminine quasi fantastique poursuivie...) toujours avec des effets visuels un peu hors sujet, juste là pour faire joli.

Et il fallait quand même oser la fin hommage/pompage ridicule à Beau Travail.

Bref à surveiller dans le genre formaliste à la Clément Cogitore (dont le premier film est assez proche en plus réussi) mais peut totalement être un réalisateur totalement vide qui ne fera rien d'autre de très passionnant.

3/6 gentil

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