Forum de FilmDeCulte

Et bah ma gueule...

Pour avoir vécu la déception des tentatives de grandes adaptations du patrimoine français du début des années 2000, il est terriblement réjouissant de voir la première partie de ce diptyque tiré de l’œuvre d'Alexandre Dumas. Le film n'est pas sans défauts mais les petits plats ont indéniablement été mis dans les grands et l'entreprise, qui respire le sérieux, impose le respect. Je me doutais qu'il n'y aurait aucune faute de goût similaire à celles qui pullulaient dans Belphégor, Vidocq ou Arsène Lupin mais je craignais le travail appliqué sans âme façon Les Brigades du Tigre ou Jacqou le Croquant. Mais en lieu et place d'une œuvre de Qualité Française, j'ai trouvé un film avec de vrais parti-pris esthétiques et une écriture efficace, même si parfois un peu trop.

Une précision d'entrée : je ne connais rien au roman.
Ma connaissance de l'histoire se limite aux souvenirs diffus que je garde de la version Disney par Stephen Herek (1993), la version kung fu par Peter Hyams (2001) et la version avec des dirigeables de Paul W.S. Anderson (2011).

De ce que j'ai cru comprendre des réponses de Martin Bourboulon lors du Q&A hier soir et de discussions avec des spectateurs suite à la projection, l'adaptation par Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière prend évidemment nombre de libertés avec le matériau d'origine, inventant de nouvelles scènes ou trames, mêlant à l'intrigue des événements historiques qui ne figurent pas dans le roman...

Quoiqu'il en soit, dès l'entrée en matière, le ton est donné.
Avec son image aux teintes brunes et froide, et sa première scène d'action sous la pluie, l'introduction n'est pas sans rappeler celle du Pacte des Loups, un film fragile mais sans doute l'exemple le plus réussi en la matière, optant pour cette même influence du western, qu'il s'agisse des fusillades (ça se tire dessus à tout bout de champ dans Paris et alentours comme s'il s'agissait du Far West) ou bien des costumes, dont l'anachronisme est assumé. Bourboulon dit ne pas avoir visé le réalisme mais la vraisemblance et je suis assez client de cette iconographie qui correspondrait davantage à l'image idéalisée, fantasmée que l'on pourrait se faire de l'époque et des personnages. Comme la saleté qui semble recouvrir tout cet univers, de la gueule des acteurs aux rues qu'ils parcourent, cette démarche ancre l'ouvrage dans une certaine réalité.

La mise en scène épouse également cette approche, avec beaucoup de caméra à l'épaule - peut-être un poil trop - dans l'action qui colle souvent aux basques de D'Artagnan. L'urgence et la nervosité avec laquelle Bourboulon filme les duels confère là aussi une véracité à des chorégraphies que l'on a l'habitude de voir plus élégamment mises en avant. Le cinéaste cite The Revenant comme influence et c'est plutôt un modèle original pour remettre au goût du jour un genre devenu poussiéreux.
Le reste du temps, la réa parvient également à ne jamais sentir la naphtaline, à ne jamais s’appesantir dans ces décors de palais et cathédrales.

Rien ne s'appesantit jamais d'ailleurs et c'est probablement le principal défaut du film.
Le scénario se débrouille plutôt convenablement avec la structure épisodique de l'intrigue sérielle de Dumas. Le récit est mené tambour battant, le rythme ne relâche jamais, mais l'on regrette par conséquent que l'écriture n'accorde pas plus de temps à la camaraderie du quatuor central. Pour ma part, je trouve qu'il n'y a aucune fausse note dans le casting. Ils sont instantanément charismatiques et attachants et le premier tiers, relatant leur rencontre et leur association, reste ce qu'il y a de plus réussi et d'entraînant. Par la suite, ils sont trop souvent séparés, pas au complet, et c'est dommage. Aramis et Porthos en pâtissent particulièrement, devenant assez vite des personnages secondaires qui n'existent que peu. La romance entre D'Artagnan et Constance apparaît également quelque peu précipitée. C'est très plot-driven, ça manque un peu de vie. Toutefois, l'ensemble est plutôt bien incarné par un contexte politique correctement vulgarisé. Mais je ne dirais pas non à une hypothétique version longue.

En tout cas, j'ai hâte de voir la deuxième partie.

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Ah oui sinon, autre bémol qui m'a régulièrement sorti du film : tu sens DE OUF que le film a été temptracké avec des BO de Zimmer, en particulier Batman Begins mais aussi The Dark Knight et Sherlock Holmes par moments. Je sais pas comment on laisse faire ça. Respectez-vous, merde.

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J'avais été frappé en le lisant de voir que les Mousquetaires et D'Artagnan en particulier agissaient comme une grosse bande de racailles qui s'amusent à foutre la merde et souvent déclenchent des duels pour le fun, surtout au début.

Aujourd'hui D'Artagnan ce serait Alexandre Benalla quoi.

Ca veut dire quoi "temptracké" ?

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CroqAnimement votre

Souvent, en post-production, t'utilises des temptrack (temporary track, bande-son temporaire) composée de morceaux d'autres films. Et malheureusement, certains compositeurs collent de trop près au morceau utilisé comme modèle (parfois à la demande du réal).

Les temptracks sur Uberlinks étaient Steve Jobs, The Usual Suspects, The Prestige et Woodkid.
Y en a qu'un où on a copié vraiment un son.

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Cet épisode de Every Frame a Painting en parlait bien :
https://youtu.be/7vfqkvwW2fs?t=344

Ah oui je vois. Ca doit être horrible pour les compositeurs de voir qu'une musique colle parfaitement mais qu'il faut en composer une autre sans la recopier.

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CroqAnimement votre

Danny Elfman s'était barré de Spider-Man 2 parce qu'ils avaient temptracké avec la BO de Hellraiser de Christopher Young et exigeait sans cesse qu'il s'en rapproche.
Il a dit "si vous voulez du Young, prenez Young!".

Ils l'ont fait. Ils sont crédités tous les deux.

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Exemples plus gênants : dans Kingdom of Heaven, qui a une très belle BO de Harry Greggson-Williams, il reste UN morceau qui tient clairement du temptrack vu qu'il s'agit d'une piste de Jerry Goldsmith pour Le 13e guerrier. Ils ont dû se dire "personne connaît".

Moins compréhensible : Kick-Ass qui reprend les deux morceaux les plus connus de John Murphy, pour 28 jours plus tard et Sunshine. Il est crédité.

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J'ai mixé deux anecdotes en fait, je me suis trompé.

Danny Elfman, the composer for the previous installments, chose not to return for the third installment of Spider-Man because of difficulties with director Sam Raimi. Elfman said that he had a "miserable experience" working with Raimi on Spider-Man 2 and could not comfortably adapt his music.[53] Christopher Young was then announced to score Spider-Man 3 in Elfman's absence.[54

Fiche Wiki de Spider-Man 3.

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Ah non j'avais raison :

The film was scored by Danny Elfman, who had a falling out with Director Sam Raimi, saying that composing Spider-Man 2 was a "miserable experience".[71] Christopher Young and John Debney did additional scores for the film.[72][73

Fiche Wiki de Spider-Man 2.

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Eh bien ça ne s'entend pas (dans le 2).

J’espère être moins douché par le ton "comique" employé que lors de ma re vision récente des 3 mousquetaires de Richard Lester ( avec excusez du peu Reed, Welch, Chamberlain, Lee,Cassel, Dunaway, Heston ).

Ben s'il est crédité, c'est plus une choix artistique assumé, non ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."