Forum de FilmDeCulte

J'avais raté son précédent film Nouvel Ordre (pas sorti en France en fait) et j'ai aimé me retrouver devant ce cinéma toujours aussi troublant. Moins glauque et frontalement mortifère que Despuès de Lucia ou Chronic, plus proche du drame psychologique des Filles d'Avril. Comme toujours chez lui pas de réponses données, c'est à l'appréciation du public de se faire une idée sur la trajectoire de cet homme étrange qui décide de fuir toute responsabilité, d'abandonner sa vie d'avant sur un coup de tête sans pouvoir donner d'explication à personne. J'ai eu une grosse confusion sur le scénario qui je pense est volontaire et qui m'a induit en erreur toute la première partie du film Curieux de voir si je suis le seul. Petit bémol à ce niveau là, je trouve ça dommage, ça fait partir sur de fausses pistes et réétudier toute la première partie rétroactivement pendant la projection.

Je pensais que le film serait une pure étude de caractère sur ce personnage insondable (parfaitement incarné par un Tim Roth mutique entre mélancolie et nonchalance) mais régulièrement le film m'a surpris comme quand il évoque soudainement la violence intrinsèque du Mexique ou qu'il se transforme par brefs instants en Succession. Mais ce qui est fort c'est que dans cette narration de la soustraction et du mystère arrive à percer un véritable vertige existentiel. Notamment tout un rapport à la vie, à travers les animaux (le personnage appartient à une famille richissime ayant fait fortune dans l'élevage et l'abattage de porcs). A l'image de ce premier plan presque trop évident sur des poissons échoués en train de mourir lentement.

J'aime comment le film évolue, dans ce rythme indolent jusqu'à une fin où je trouve presque dommage de nous donner une clef mais qui se rattrape dans un dernier plan simple mais bizarrement émouvant, interrogeant d'une certaine manière la présence/absence au monde du personnage. Le genre de film qu'on emmène avec soi à la fin de la projection et qui trotte dans la tête un moment. Et en tout cas confirmation que Franco est un cinéaste qui me parle.

4.5/6

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CroqAnimement votre

T'es pas le seul, je n'avais pas compris non plus. Quel est l'intérêt de nous induire en erreur ? Du coup on peut aussi se demander


Voilà, le premier plan dit déjà tout ce qu'il y a à attendre du film, une lente décrépitude, Sundown, pas de soleil ici, on n'est pas là pour rigoler, la vraie tristesirance, avec un propos politique au passage, imagé, les riches sont des porcs, vous l'avez ? La petite amie que Roth rencontre à Acapulco est aussi mutique que lui mais ça reste limite en terme de caractérisation et de "vision du monde", les pauvres ne sont pas mieux lotis quoi, c'est la mexicaine de service pour lui comme pour le film.


C'est effectivement indolent donc on ne "subit" pas le film pour autant, on le laisse dérouler son petit programme de farniente misanthrope, ça a la politesse de ne durer qu'1h23, mais j'ai eu le malheur de penser à autre chose juste avant la fin abrupte et ne l'ai donc pas comprise, ça s'est vraiment joué à une ou deux secondes près.

Rien à comprendre à la fin abrupte à mon sens, à part ce que l'on y voit.
Après j'ai des réserves aussi, c'est le genre de film où un rien peut te faire basculer d'un avis positif à négatif.

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CroqAnimement votre

Le cinéaste préféré de Bégodo (pour reprendre un running gag...).
On est censé aimé ou detesté, mais j'avoue que Despues de Lucia m'a laissé au milieu, je sais pas trop quoi en penser, pas convaincu, mais pas senti escroqué non plus.

Assez d'accord avec Art core et pareil pour la fausse piste de la première partie. Après elle ne m'a pas gêné plus que cela car c'est un peu la caractéristique du film d'accumuler les pistes. Bien aimé le rythme indolent où le gars se bourre la gueule, baise et passe son temps à la plage avec une jolie petite autochtone. Ca pourrait être totalement abscons mais Neil reste fascinant jusqu'au bout, grâce en partie à l'incarnation de Tim Roth. C'est pas mon Franco préféré mais c'est un de ses plus agréables à mater, on est un peu comme dans ses chaussons à Acapulco et ce soleil crépusculaire. Et il y a de vraies fulgurances où la violence surgit à l'improviste.

3-4/6

Sundown, c'est pas son meilleur film mais surement le plus "accueillant" et à conseiller pour celui qui veut tenter Franco.

Tout le monde semble oublier (ou personne ne l'a vu) Les filles d'Avril qui était pour le coup totalement dénué de violence. C'est celui que je conseillerais plutôt.

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CroqAnimement votre

C'est le deuxième que je conseillerai. A mon sens, Sundown est plus représentatif du cinéma de Franco et le mood vacances a la playa fonctionne bien.
Par contre, tu m'apprends l'existence de Nouvel ordre, je le rattrape illico.

Un milliardaire en vacances au Mexique décide de ne pas rentrer en Angleterre. Il boit bière sur bière avant de rapidement rencontrer une jolie autochtone qui introduira de la tendresse et du sexe dans son nouveau quotidien. On apprend qu’il n’est pas le mari de Charlotte Gainsbourg mais son frère. Il lui laisse son héritage faramineux en échange de 10 000 livres par mois et des soins de santé remboursés à vie. Il s’en fout de l’argent et on apprendra en bout de course qu’il est atteint d’un cancer, ce qu’il savait probablement tout du long.
Film assez nul, qui joue de manière risible de la rétention d’information, qui n’a réclamé aucun effort d’écriture puisque dialogues, histoires et ces plans fixes et frontaux n’ont strictement aucun intérêt. Quelques personnages mexicains en périphérie se promènent avec des mines conspiratrices, on saura pourquoi.
Comprends pas le délire des cinéastes d’auteur mainstream de choisir des ultra riches comme protagonistes, Guadagino, Joanna Hogg, Franco. C’est délirant.

tu peux ajouter Rian Johnson et Ruben Ostlund à ta liste.

Je comprends pas trop vos réticences par rapport aux "fausses pistes" de la première partie, moi je trouve ça très excitant et cela fait nous questionner un peu sur le pouvoir des images : tellement habituer à ce type de représentations que l'on comprend des images par reflexes sans les réfléchir vraiment. Ile me semble que Franco faisait déjà ça dans son plus beau film, Chronic, où l'on s'imaginer le pire concernant le personnage. C'est une façon originale de narrer une histoire.

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"Il ne faut pas chercher, il faut attendre."
Corot

C'est trop facile et une insulte à l'intelligence du spectateur.

En route pour la joie avec Michel Franco et Tim Roth, qui joue milliardaire dépressif en plein burn-out à Acapulco - fausse piste. Et le cinéaste mexicain de déployer son art de la trajectoire doloriste avec maîtrise et savante rupture de ton. Tim Roth est bien sûr parfait dans le rôle mais en dévoilant le mystère de sa soustraction au monde, Michel Franco rate sa cible.

3/6

Pour le coup, j'ai tout de suite compris que ce n'était pas sa femme, jamais l'idée ne m'a traversé l'esprit.