Forum de FilmDeCulte

En deux longs métrages remarqués à Cannes, "Daniel y Ana", présenté à la Quinzaine des réalisateurs, et "Despues de Lucia", présenté à Un Certain Regard et récompensé par Tim Roth, le cinéaste mexicain Michel Franco s'est fait une solide réputation: celui d'un émule de Michael Haneke, à la mise en scène chirurgicale et au contenu radical qui explore la face sombre de l'humanité. Après le snuff-porno movie et le film de harcèlement scolaire, il s'attaque à l'accompagnement de fin de vie, avec le portrait d'un infirmier qui trouve en ses patients en phase terminale les derniers soutiens affectifs qui lui permettent de tenir face à la dépression.

Dans le rôle de David, Tim Roth est d'une grande sobriété, composant un personnage toujours au bout de la rupture émotionnelle sans jamais y céder. Michel Franco neutralise l'empathie en filmant à distance son héros, sans musique, nous révélant son sombre passé au fil de la narration. Le programme d'un petit-génie-de-festival s'achève toujours par une scène choc. Michel Franco les aligne dans les vingt dernières minutes quasi-insoutenables sur fond de chimiothérapie et d'euthanasie. Vous voilà prévenus.

1/6

Regardez Tim Roth nettoyer du caca
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J'ai bien aimé pour ma part même si le film n'est pas exempt de défauts, cette fin WTF sur laquelle je reviendrais en hide, et qu'il s'agit pour moi du film de Franco qui marche le moins. Tout d'abord, j'aime beaucoup cette mise en scène fait de long plan séquences. Comme dans ses précédents films, Franco arrive à m'accrocher par le seul biais de sa grammaire cinématographique. Ca commence dès le début par cette scène où on voit Roth suivre un inconnu dans sa voiture. Il insuffle le mystère, on sent que quelque chose se passer à l'écran et on a envie d'en savoir plus. Le cinéaste est doué et a une mise en scène virtuose propre à lui qui débouche sur de vrais bons morceaux de cinéma. Bref, je suis assez admiratif de la forme chez Franco.

Parlons du fonds qui fait plus débat. Le film n'est pas aimable vu la lourdeur des sujets et la sécheresse de l'ensemble mais j'ai du mal à me placer du côté de ceux qui y voient du voyeurisme. Dans la relation vampirique que tisse l'infirmier joué par Roth avec ses patients en fin de vie, j'y vois plus de la compassion qu'autre chose. Comme tout ces passages où il laisse son second patient s'adonner à la vision de porno sur iPad. Bon après par moments le cinéaste se prend un peu les pieds dans le tapis, ce qui rend le film inégal, et je comprends alors les reproches fait par les haters. Je ne me souviens plus de la sélection cannoise de 2015 et je ne pourrais donc pas dire si le film mérite le prix du scénario mais ce dernier n'est pas forcément déconnant. L'histoire est toute simple à résumer mais la manière dont le script dévoile petit à petit la relation de Roth avec ses patients et son trauma personnel est remarquable.

Sur le fin maladroite et ratée

Bon ça reste une proposition de cinéma forte mais trop inégale pour convaincre totalement. Par contre, je ne saurais recommander le film, c'est quand-même assez déprimant.

Curieux de connaitre l'avis d'Art core qui est le seul à défendre le film sur le tableau des notes alors qu'il a déteste Despues de Lucia qui pour moi est du même tonneau mais en plus abouti.

4/6