Forum de FilmDeCulte

Rédactrice en chef d’un magazine de mode, Charly hérite de la boucherie familiale. Alors qu’elle s’apprête à la vendre, elle rencontre Martial, l’artisan-boucher de son père, bien décidé à se battre pour sauver le commerce. Séduite malgré elle par le charisme de Martial, Charly pourrait être amenée à changer d’avis…

S'il existe pléthore de récits fictifs sur des cuisiniers (CHEF, THE CHEF, CHEFS...), il existe finalement peu de films de boucher. Petite originalité donc. Si le sujet risquait de tomber dans le folklorisme surligné comme dans le téléfilm d'Onteniente sur l'affrontement bouchers/véganes, Thompson a le mérite de rester nuancé. Il essaie de montrer le métier de façon relativement moderne: en s’inspirant de manière à peine voilée de bouchers-stars type Hugo Desnoyer, il fait vivre le monde contemporain de la boucherie, loin de l’imagerie ringarde en mode "gag d’arrière-boutique dans La Cité de la peur" : pas de tabliers à carreau avec clients "plein de bon sens" et musique à l’accordéon en fond sonore. Et au niveau des personnages, il évite de les cantonner à une caricature: Charly (Géraldine Pailhas) est une fashionista, mais elle ne s’évanouit pas à la vue de la viande ; et Martial (Arnaud Ducret) a beau être boucher, il n’en est pas moins charmant et plein d’esprit. D'ailleurs montrer ce couple potentiel avec une (petite) différence d'âge c'est sympa.

Cependant, ces parti-pris se retournent contre le film. En effet, en optant pour un brouillage volontaire des caractérisations pour donner du réalisme et de la nuance au film, les auteurs privent leur projet d’une part de fun. On se retrouve avec deux héros qui, au final, ne sont pas si différents. Certes, le scénario essaie de créer du conflit entre eux, mais en fait on voit bien que ça sonne faux. Dès le départ, la caractérisation les pousse l’un vers l’autre ; l’héritage du père boucher (feu Stévenin, toujours un plaisir de le revoir une dernière fois) les réunit ; on voit bien qu’ils ont plus de points communs que de différences. Charly connaît déjà le monde de la boucherie, et Martial n’a pas de leçons de progressisme à recevoir, vu qu’il en lui-même le chantre. Du coup, qu’est-ce que les deux héros ont à s’apporter ?

Ces personnages trop nuancés pour créer du vrai conflit pourraient passer si le script était plus tendu. Malheureusement, ses charnières narratives ne sont pas assez fortes. Dès le départ, il y a un hic: Charly est virée de son taf dans un magazine de mode. Donc il n’y a même pas vraiment de dilemme à reprendre la boucherie. Elle n’hésite pas entre préserver son job et gérer la boutique. Le récit essaie vaguement de ménager ce problème en laissant imaginer qu’elle puisse être réintégrée au magazine, mais dans les faits, Charly ne doit pas jongler deux activités différentes. Encore une fois, ça participe à l’approche réaliste du film, mais ça enlève de la tension.

Ensuite, on se demande sincèrement pourquoi elle se donne tant de mal. Certes, la boucherie a des dettes. Mais pourquoi se fatiguer pour une échoppe qui va fermer dans quelques semaines ? Sincèrement, on ne comprend pas ce qui motive la première moitié du film, particulièrement mal fichue.

La deuxième moitié se focalise davantage sur le love (Pailhas qui se tourne vers De Groodt) mais ça manque de sel, ce n'est jamais passionnant ou bouleversant. Bon, ça se termine mieux que ça avait commencé, mais bon...

Et puis niveau mise en scène, déçu: très peu d'idées ou de plans qui te marquent. Je retiens au final surtout la déco, soignée.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mec qui va tout voir.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Appelez-moi Successful Superfucker.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Un peu curieux de voir Barbaque de Fabrice Eboué plutôt.