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H.P. Lovecraft, 1890 - 1937.

Il y a beaucoup à en dire sur le plan littéraire, c'est un auteur très clivant. Pour situer le contexte en quelques généralités, on lui doit le concept de "l'horreur cosmique", qui consiste à mettre en exergue le sentiment d'angoisse écrasante pouvant naître d'une contemplation un peu trop appuyée des espaces vides, sombres et froids de l'univers, suivie d'une plongée dans la folie lorsqu'il apparaît que ce vide est tout ce qui nous sépare d'entités inconcevables mues par une hostilité sans bornes pour l'humanité.

Sur le plan culturel, le sujet devient carrément inépuisable, autant que polémique. Son influence sur l'horreur et le fantastique est sans commune mesure tous media confondus. Et en même temps, le personnage, mort depuis plus de 80 ans, sans renommée et sans le sou, est ces temps-ci considéré comme Le Mal Absolu™ par 99% des artistes qui lui doivent tout, ou presque. C'est d'ailleurs toujours un délice de voir les plus célèbres auteurs se confondre en disclaimers contrits pour conserver leurs bons points auprès de leur lectorat quand ils ne peuvent plus se soustraire à le reconnaître comme maître du genre... Car en effet, Lovecraft était raciste. Et pour ceux qui ne le savaient pas, il avait un chat noir et l'a appelé d'une certaine manière. Voilà, c'est dit.

Influence sans commune mesure de son oeuvre, donc, qui s'étend jusqu'au cinéma mais de manière assez tardive, car il s'est passé près de 30 ans entre sa mort et l'essor de la réputation de ses écrits, via un travail éditorial surtout Français, il faut le dire.

De tête je dirais que la première adaptation au moins semi-officielle de Lovecraft est celle de The Case of Charles Dexter Ward par Roger Corman en 1963 : The Haunted Palace avec Vincent Price, classique des films """gothiques""" de l'époque. En gros, du Hammer en plus coloré et moins "balais dans le cul", très camp (donc forcément cryptogay), bref, du genre à passer dans Cinéma de Quartier avec une intro emphatique de J.P. Dionnet. Corman, chouchou des Cahiers de l'époque et très francophile (il a fréquenté les cercles intellos de St Germain des Prés avant de lancer sa carrière aux US), a peut-être même, on pourrait l'imaginer, eu vent de cet auteur oublié lorsqu'il traînait dans Paris aux années 50.

Mais à vrai dire, aujourd'hui quand on mentionne Lovecraft et cinéma dans la même phrase, on pense tout de suite à Stuart Gordon (Re-animator), qui nous a quittés récemment, à Brian Yuzna (Bride of Re-animator mais surtout le sous-côté de ouf Society), à In The Mouth of Madness de Carpenter... Bref, majoritairement à de la série B de plus ou moins bonne facture.

Dagon de S. Gordon est sans doute parmi ce qui s'est fait de mieux dans le domaine, même si on reste à fond dans les codes de la série B 90's qui flirte non sans malice, et sans jamais chavirer (sauf pour quelques effets numériques à la fin) avec la série Z. Il adapte très fidèlement, et d'une manière redoutablement efficace, un des passages les plus horrifiants pour le narrateur (et le lecteur) de The Shadow over Innsmouth, dont je ne peux que recommander la lecture à ceux qui ne l'auraient pas encore tentée, en préparation au film qui vaut le coup d'oeil. On voit les bzez de Raquel Meroño aussi.

En tout cas, "lovecraftien" c'est large, c'est un adjectif open bar. On peut voir par exemple The Last Wave de Peter Weir listé dans cette catégorie, ou encore The Thing, voire même The Lighthouse ou encore Annihilation.

Cependant, il y en a un tout récemment qui a attiré mon attention : Banshee Chapter de Blair Erickson, seul film isolé de quelqu'un qui n'en fera peut-être plus. Ca mélange le deep lore conspirationniste à base de projet MK Ultra, face cahée des 60's (très cool perso secondaire clairement inspiré de Hunter S. Thompson) et entités "réveillées" par des expériences scientifiques secrètes et interdites. Economie (forcée) de moyens, bonne gestion de la menace invisible qui rappelle par moments It Follows mais sans les manniérismes (pas dans le mauvais sens du terme, j'aime beaucoup ce film) du côté "hommage", un déroulé inattendu et intriguant, même si parfois inégal, qui va souvent de pair avec ces films fauchés qui hésitent entre la labelisation "indé" et "de genre"... Comme The Endless, mais en plus franchement flippant.

Si vous avez d'autres exemples et/ou conseils, envoyez la sauce.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

En adaptations "récentes", y'a "The Call of Cthulhu" (2005) et "Die Farbe" (2010) mais j'ai pas encore vu.

Et pour les plus aventureux, "Color out of Space" (2019) avec Nicolas Cage dans ses œuvres...

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

LA CABANE DANS LES BOIS bien sûr.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Putain on y a échappé pendant la coupe à celui-là, pourtant y avait It Follows.

No. il ne suffit pas d'avoir des monstres pour que ça soit lovecraftien. Je dirais même que La cabane dans les bois, que j'aime bien par ailleurs, est totalement à l'opposé des écrits de Lovecraft.

Y’a pas des entités souterraines qui règnent sur tout ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est pas Sigourney Weaver ?

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Dans THE BOX y’a pas tout un délire sur "Those who brew the thunder" ou que sais-je ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

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Faudrait que je le revoie mais ça me semble un peu plus compliqué que ça Lovecraft au souvenir de mes lectures.

Lovecraft pour moi, quand j'avais 15 ans c'était la critique d'Alone in the Dark dans Generation 4 puis quand j'en avais 22 Houellebecq qui fait le pont entre les Inrocks et la droite, et je regrette plutôt Generation 4.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

The Mist un peu, peut-être ?
Je connais pas assez Lovecraft.

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Netflix les gars, Netflix.

Le film le plus lovecraftien que j’ai vu, qui distille cette horreur métaphysique qui lui est propre, mettant aussi en scène le combat rationnel de ses héros face aux forces de l’irrationnel et de l’insondable, c’est Prince of Darkness.

Même en 1992, personne disait "Generation 4", mais Gen 4.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

oui. Même Ghostbusters d'ailleurs