Forum de FilmDeCulte

Le peintre Youngsoo apprend que sa petite amie Minjung a bu un verre avec un homme et s’est battue avec lui. Le couple se dispute et Minjung s'en va, déclarant qu'il est préférable qu’ils ne se voient plus pendant un certain temps. Le lendemain, Youngsoo part à sa recherche, en vain. Pendant ce temps, Minjung (ou des femmes qui lui ressemblent) rencontre d’autres hommes…

Découvert au début de l'année dernière avec Un Jour avec, un jour sans, je n'ai pas mis bien longtemps à embarquer dans le bateau des convaincus du style Hong Sang-Soo. Minimalisme et systématisme de la mise en scène (non seulement au sein d'un même film mais également d'un film à l'autre, l'impression que la caméra filme toujours le même bout de comptoir, l'entrée du bar ou les têtes à têtes sous le même angle), humilité du propos (une qualité que j'apprécie particulièrement mais que je retrouve peu dans le cinéma actuel), au-delà de la récurrence des thématiques c'est tout le dispositif de Hong que l'on reconnaît des les premières minutes du film. La variation, puisque variation il y a bien, sera l'angle sous lequel sera traité le sujet de la relation amoureuse, au cœur de toute sa filmographie.

Si Un Jour avec, un jour sans variait les possibles suite à une première rencontre, Yourself and yours nous conte lui la difficulté d'être en couple. A la suite d'une classique dispute pour un présumé mensonge, Minjun décide qu'il est temps pour son couple avec Youngsoo de faire une pause. Si lui en souffre (prétexte aux scènes les plus cocasses et les plus touchantes du film), elle en profite pour s'adonner à son passe temps favori, enquiller les bières en compagnie d'hommes croisés au hasard des soirées. Et c'est dans l'attitude particulière de Minjun lors de chacune de ses rencontres, jusqu'aux retrouvailles avec Youngsoo, que se tient le message principal du réalisateur, à savoir que le véritable amour ne peut s'obtenir qu'à condition de ne pas chercher à l'enfermer.
Sans atteindre les sommets de son précédent film (le casting est peut être un tantinet inférieur), mais tout en étant (à mon goût) supérieur à Haewon et le hommes, Hong délivre une nouvelle variation sur la relation amoureuse dans un film que je ne classerai absolument pas comme mineur.

de toute façon mineur avec Hong Sang-soo, cela veut pas dire grand chose... Etant donné que les moyens de production semblent les mêmes...

On est visiblement entré pleinement dans une période "vieux maître", tout coule de source à merveille là-dedans dans la mise en scène. Ce sont moins des films de "recherche" celui-ci et le précédent, même dans un récit qui avait tout pour être sinueux au niveau des décrochages : les ambiguïtés ou les jeux de récits prennent peu d'importance dans le cœur de ce qui se joue dans l'échange entre la liberté frontale, de l'héroïne, qui pousse les "pauvres hommes pathétiques" à se remettre en question (même si cela passe par une héroïne plus déréalisée qu'ailleurs chez Hong... à côté il y a dans le film d'autres personnages féminins secondaires qui vont être plus incarnés et vont tâcher de faire passer le même message sur l'égalité des désirs, mais Minjung apparaît une héroïne de surfiction voir carrément de conte fantastique, nécessaire pour que ces bonhommes prennent un peu conscience, du moins le héros, ).
On sent un soucis d'aller à l'essentiel le plus possible. Certains pourront regretter le côté plus expérimental des films précédents. C'est aussi très "douillet" et chaleureux dans son errance en forme de rêverie limpide , on se sent merveilleusement bien dans ces ruelles. Et le couple est vraiment très attachant au final.
Changement à la musique avec le vieux routier coréen Dalparan, mais thème magnifique.

Non mais février est très encombré et certains semblent hésiter à y aller avec cette perception (le "Hong" de plus, il a l'air petit celui-là, on verra bien le prochain... )

En même temps comme ça reste généralement qu'une semaine l'affiche à des horaires abordables...(j'éxagère peut être). Bon une fois n'est pas coutume j'ai pu y aller en première semaine pour celui là.

Quelqu'un sait ce que lit Minjung dans le café (y'a une photo de Kafka mais comme je lit pas le coréen.. ) ? Je n'y avais jamais pensé mais y'a peut être une filiation avoué ici...je sais pas si HSS en a déjà parlé

En littérature je ne l'ai entendu que citer Gide, mais ça peut-être quelque chose qui prend de l'épaisseur (dans Haewon, il y a du Norbert Elias).
Pour les cinés, 3 salles à Paris seulement je crois sur une trentaine sur le territoire, étrange.

Il est assez génial de voir depuis deux films un cinéaste comme Hong Sang-soo dont les films se ressemblent tellement et croulent sous des scènes identiques de répéter les scènes et le formes au sein même du film. Ce processus créatif totalement obsessionnel est réellement fascinant.

Au delà de ça, la petite musique de celui-ci m'a moins emballé que celle du précédent mais j'ai quand même été agréablement porté par la douce et romantique nonchalance du film. J'aime particulièrement le personnage principal féminin, figure presque fantastique de femme à la personnalité dissolue qui ne sait plus qui elle est et qui elle a connu. Tout le film semble une espèce de rêve dans le rêve dans une cascade onirique où le personnage masculin poursuit une chimère.

La dernière partie est très belle et j'ai adoré ce petit moment de flottement au moment du réveil du personnage masculin, ce suspens presque facile mais terriblement romantique et où flotte encore une fois ce parfum onirique.

4/6

Sinon je pense que ça en intéressera certains, voilà les entrées des films de HSS en France où il a une certaine régularité :

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CroqAnimement votre

Merci pour les entrées, 10000 ça peut en effet être le public de base fidèle qui se déplacera à chaque fois si le film est sorti correctement. Celui-ci ne fera pas 15000 et c'est quand même un chouille décevant par rapport aux deux précédents résultats, mais le prix à Berlin du prochain + Huppert dans celui d'après devrait élargir l'éventail.
J'avais quand même été très déçu que "In Another Country" ne fasse pas 100 000 entrées, film distribué plus largement avec une star française, pas un plus gros distributeur que Les Acacias.

75 000 entrées c'est quand même déjà pas mal, le film n'avait pas du être distribué sur un grand nombre de copies. Ce qui est assez fort je trouve c'est qu'il a eu tout de suite un public assez fidèle, il a pas eu besoin de se construire une fan base, elle avait l'air déjà là. Turning gate qui fait 30 000 entrées c'est déjà beaucoup. Le rôle de la presse à l'époque a dû être déterminant.

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Les inrocks qui mentionnent Kim Min-Hee est "la comédienne qui tenait le rôle principal des deux précédents films du cinéaste, Un jour avec, un jour sans et Yourself and yours". Faudrait peut être aller voir les films

http://www.lesinrocks.com/2017/02/19/cinema/palmares-festival-de-berlin-ours-bien-choisis-11914956/

Même erreur dans le Monde
http://www.lemonde.fr/cinema/article/20 ... _3476.html

80 copies je crois pour "In Another Country" en première semaine.

Sinon oui pour "Tuning Gate" et "La femme est l'avenir de l'homme", mais films sortis par Marin Karmitz aussi. Les 5 premiers films sont sortis sur 2-3 ans, et c'était la période faste de la distribution du cinéma asiatique en salles en France.

En tout cas Mr Chow, j'ai persévéré avec un troisième film de HSS et celui-ci est celui qui m'a le plus plu (en fait le seul qui m'ait vraiment plu). Je suis pour une fois vraiment entré dans ce rythme calme et sans à-coups, adopté par une caméra qui se balade entre plusieurs lieux qui deviennent familiers. C'est peut-être dû au fait que j'ai l'impression que les personnages ne cabotinent pas trop, chose que j'avais remarquée ailleurs et qui m'avait rebuté. J'ai aussi davantage apprécié ce qui m'avait déjà bluffé sur le plan technique dans Ha Ha Ha, cette manière, sur certaines séquences, de recadrer plusieurs fois afin de raconter de nouvelles dynamiques entre les personnages, brosser des portraits, saisir tel ou tel trait...

C'est un film à montrer à tous les sales types qui déblatèrent sans arrêt à propos de telle ou telle supposée salope, bien souvent une incomprise qui fait juste des erreurs et s'enfonce dans un cercle vicieux. Le renouveau du couple à la fin est splendide, et moi aussi ce petit suspense m'a tué

La presse française semble également totalement ignorer la relation Kim Min-Hee/HSS et le scandale que ça a causé en Corée.

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CroqAnimement votre

Oui et ça continue (le scandale).

Sinon rien à voir mais je trouve amusant de lire les excuses limites entre embarras et condescendance des inrocks et Libé pour ne pas avoir vu l'Ours d'Or. Je dois dire que les compte-rendus anglo-saxons de festival ou du web comme celui de fdc me paraissent autrement moins conçus par dessus la jambe que ceux qu'on peut lire dans la "grosse" presse.