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Tu veux dire "un dernier film en N&B".

Sinon oui, c'est immense.
Kurosawa avait pour ambition de réaliser le film parfait, d'après ce qu'on m'a dit. Il aurait fait écouter la IXe de Beethoven à l'ensemble de l'équipe, en début de tournage, pour donner une idée du degré de perfection qu'il visait.
Je crois qu'il a pas échoué très loin de l'objectif. C'est formellement superbe et c'est effectivement très bien écrit. Et puis Mifune est impressionnant.

chef d'oeuvre absolu, pour moi le plus beau film de Kurosawa.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est mon Kurosawa préféré, mais c'est l'un de ses plus grands chef d’œuvres. Plus je vois de films de Kurosawa, plus haut il monte dans mon Panthéon personnel.

Barberousse a un côté film somme, il est traversé par toutes les thématiques et les personnalités que l'on croise dans les autres films de Kurosawa: Le jeune docteur qui débarque dans l'hospice de Barberousse est un lointain cousin du novice de La légende du grand Judo, la structure en sketchs (et la misère qui y est racontée) prélude au Dodes'kaden, Mifune qui impose toujours la même présence à l'écran et qui a ici un rôle qui n'est finalement pas si éloigné de Sanjuro.

La réalisation est absolument époustouflante (les cadrages millimétrés, la disposition scénique, la maîtrise de la lumière - scènes magnifiques de l'enfant du bordel dont uniquement les yeux sont dans le faisceau lumineux), on est happé pendant 3 heures dans cet hospice de la misère sans voir le temps passer.

Il y a quelque chose d'engageant dans l'écriture, non seulement dans la technique éprouvée de découvrir un univers à travers les yeux d'un nouvel arrivant mais surtout dans le choix de situer l'action presque exclusivement dans cet hospice, permettant à Kurosawa de poser un regard sur le monde, la société, au travers de ce microcosme particulier, quasi-mouroir qui de par sa fonction pose irrémédiablement les questions d'humanisme et toujours de classe.

Cela étant dit, je trouve également le film très démonstratif, qu'il s'agisse de l'étalage de misère SUR TROIS HEURES, frisant le pathos débordant (le flashback du premier mourant) ou donnant régulièrement dans le glauque. Certains moments sont indéniablement forts (par ex : le jeune docteur qui a du mal à supporter le râle de mort) mais quand le scénario a recours à des dialogues didactiques pour exposer ses vues sur la nécessité de la compassion, ça se fait un peu lourdingue quand même.

Le film est plus intéressant dans ses scènes muettes, laissant l'action raconter l'histoire, ou dans son langage visuel. Le cinéaste réutilise d'ailleurs les compositions de ses débuts, lorsqu'il favorisait particulièrement les cadres divisés par un élément de décor (le contour d'une porte, la surface d'une table, le tronc d'un arbre, etc.) pour mieux délimiter les espaces, séparer les personnages derrière des barrières invisibles, celles de leurs idées reçues, qu'ils vont devoir franchir. Il y a quelques plans fabuleux sur la fin lorsque la jeune fille traverse un cadre constitué de plusieurs lignes sans sans soucier.

Mais sinon le récit ne m'agrippe que sporadiquement et aurait gagné à être resserré.

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Dans mon top 3 Kurosawa.