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MessagePosté: 02 Mar 2016, 13:16 
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Jo et Frank sont frères, et comme souvent dans les familles, ces deux-là sont très différents. Jo, célibataire et passionné de musique, vient d’ouvrir son propre bar à Gand, le Belgica. Frank, père de famille à la vie bien rangée et sans surprise, propose à Jo de le rejoindre pour l’aider à faire tourner son bar. Sous l'impulsion de ce duo de choc, le Belgica devient en quelques semaines the place to be…

J'ai la flemme de réécrire un long avis (que j'ai écrit ) mais je voulais quand même parler du film qui est vraiment très sympa et qui a été pour ma part une excellente surprise.

Je suis un peu allé à la projo à reculons mais finalement j'ai été cueilli et j'ai marché à fond dans ce grand bordel un peu construit comme une grande fête sans fin où on déssaoule jamais complètement. Mais ce que j'aime c'est cette manière finalement très frontale et pas du tout dans les "effets" de Van Groeningen de mettre tout ça en scène. Simplement en collant aux basques de ses personnages fantasques, sur de la bonne musique ça fonctionne on a l'impression de faire la fête avec eux. C'est vraiment grisant, jouissif, foncièrement feel good sans que ça n'ait jamais l'air fabriqué.

Puis le film parvient intelligemment à sortir du schéma rise & fall très attendu pour quelque chose de plus simple, de plus pragmatique. Une espèce de réflexion sur la notion de fête. Comme une résignation à rentrer dans le rang, à faire de la fête un espace commercial avec ses videurs, ses caméras de surveillance et ses consommations surtaxées.

Personnages sympathiques, ambiance géniale, très belle réalisation (superbe scope), excellente BO, bref excellent petit film !

4.5/6

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Dernière édition par Art Core le 02 Mar 2016, 14:36, édité 3 fois.

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MessagePosté: 02 Mar 2016, 13:41 
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L'affiche qui donne pas envie.

L'absence de syno aussi :)

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MessagePosté: 02 Mar 2016, 14:08 
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J'ai mis le syno et changé pour l'affiche fr, le topic est tout beau tout propre.

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MessagePosté: 02 Mar 2016, 14:10 
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ça fait partie des films qui me fuient. J'ai eu dix fois la possibilité de le voir...


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MessagePosté: 03 Mar 2016, 16:42 
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Art Core a écrit:
... j'ai marché à fond dans ce grand bordel un peu construit comme une grande fête sans fin où on déssaoule jamais complètement. ...personnages fantasques, sur de la bonne musique ça fonctionne on a l'impression de faire la fête avec eux. C'est vraiment grisant, jouissif, foncièrement feel good sans que ça n'ait jamais l'air fabriqué...


La bande-annonce fait très envie, et évoque ce que mentionne Art Core . Ca m'a fait penser aux scènes de concert de Treme, pour l'immersion, avec un peu de bordel en plus.

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MessagePosté: 05 Mar 2016, 09:52 
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Ayant beaucoup aimé The Broken Circle Breakdown, et notamment l'aspect musical du film, j'attendais de pied ferme ce Belgica, dont le groupe Soulwax a composé la musique. Le projet musical du film est en effet tourné cette fois vers l'aventure de deux frères qui tiennent un bar musical à Gand.
Et de ce côté-ci, ca fonctionne plutôt bien, la première moitié du film étant réellement engageante (je n'ai pas vu la première heure passer) grâce à l'énergie des concerts, bien que je trouve la mise en scène et la restitution de l'ambiance un peu répétitive de show en show. C'est un peu la limite de cette partie : le film fonctionne par vignettes mises bout à bout.

Et en deuxième partie, ca se casse carrément la figure pour moi. Après la partie rise, on a donc la partie fall, telle la gueule de bois que se trimballe Franck, l'ainé, pendant le reste du film. Les problèmes liés à la vie du groupe, les difficultés financières et la vie personnelle des deux héros parasitée par la vie nocturne, tout ça devient prévisible et assez caricatural (bien qu'assez classique dans le milieu je pense). La relation entre les deux frangins perd de sa consistance, c'est vraiment dommage, et là où la première partie savait ne pas forcément mettre les gens dans des cases, la deuxième devient quasiment un empilement de clichés sur le milieu de la nuit.
Je passe sur le trou dans le scénario (et le montage final du film) qui fait disparaître une pseudo intrigue policière (en plus elle n'apportait rien au récit) sans aucune explication, mais on a vraiment l'impression que Felix Van Groeningen n'a pas réussi à construire son film atour de son idée de départ, qui me parlait pourtant beaucoup. A la fin, je n'éprouve quasiment plus rien pour ces deux frangins, pourtant plutôt bien caractérisés au début du film.

2-3/6
Il ne me restera que la BO à terme je pense.


Maintenant il faut que je voie La Merditude des Choses.


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MessagePosté: 06 Mar 2016, 14:38 
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Slacker a écrit:

La bande-annonce fait très envie, et évoque ce que mentionne Art Core . Ca m'a fait penser aux scènes de concert de Treme, pour l'immersion, avec un peu de bordel en plus.


J'ai vu la BA au ciné hier et ça fait bien envie effectivement. L'aspect ambiance et énergie est bien rendue, j'espère que le contenu suit et que la BA n'en révèle pas trop. Je ne connaissais pas le projet avant et avec la BA ça m'a donné envie, je vais y aller.


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MessagePosté: 06 Mar 2016, 14:53 
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La BA est assez fidèle, effectivement, donc ca vaut le coup de tenter si ça t'a plu. Les concerts sont vraiment les meilleurs moments selon moi.


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MessagePosté: 14 Mar 2016, 02:22 
La partie mélo limite sirkienne (très écrite mais efficace) fonctionne plutôt bien, la mide en scène rend bien la spirale psychédélique des concerts , mais l'évolution du récit est ultra-prévisible, et l'insistance sur le patois vernaculaire de Flande Orientale (la différence d'accent avec le néerlandais standard est super-exagérée, mais sert à typer les frère dans un complexe à la fois culturel et familial: quand Jos annonce les groupes et dirige son personnel il y a d'aulleurs une transition vers le néerlandais standard) et l'image d'Epinal de la masculinité violente, et fraternelle donnent finalement une impression d'artifice qui m'a mis à distance du film. Le début fait penser à une sorte de Shortbus où la cocaïne aurait remplacé le sexe, les deux films achoppent sur le même problème: une utopie libertaire qui devient un marqueur de sélection sociale (comment faire semblant de ne pas avouer que l'on est un happy few pour continuer).
Plus gênant, la mise en scène donne parfois un sentiment d'être la version luxueuse d'une TV-realité un peu voyeuriste, façon "Strip Tease" ou "Man Bijt Hond" (voire les émissions de télé réalité immobilière genre "Dream Home" ). Les personnages sont confrontés à des challenge successifs et de plus en plus pénibles, qui se succèdent métronomiquement toutes les 10 minutes, et qui illustrent le conflit entre une personnatité figée et un dilemme moral qui infuse le trivial (mais les évènements les plus dramatiques sont esquivés, comme le procès que se prend un des frères, seule la résolution leur donne une signification), et on compare leur réaction, le film force l''identification au frère le plus "capitaliste", le plus désabusé et le plus maître de son image (mais qui n'en jouit pas), tout en utilisant le junkie visionnaire comme appât à émotion. La réussite de l'un équilibre exactement le déclin de l'autre, les deux destins sont identiquement des performances et des représentations sans dehors. Et assez perverses: il n'y a pas de conflit entre eux, entre la réussite et la marge, le conflit existe chez un seul, entre un seul personnage et ses scrupule, entre sa réussite et sa jouissance, et entre la réussite et la possibiltié d'éprouver de la compassion depuis cette réussite, de surcroit celle-ci étant inutile et superflue vu l'espèce de sainteté naïve du grand frère qui implique que de toute manière, il ne se détruira pas et assumera le rôle protecteur que l'on projette sur lui.
En effet ce qui est le plus intéressant dans le film, c'est une question sociale qui rejoint à la limite la vision de Muray ou Finkielkraut sur la modernité: le lien qu'il trace entre la fête et la pulsion de surveillance scopique, qui garantit la sécurité, exclu et discrimine sans condamner. La compassion est montré comme une jouissance interdite (le capitalisme hédoniste retourne ainsi l'interdit chrétien: on peut très bien investir la faculté de juger de manière puritaine, comme quelque chose d'exceptionnel, dont l'exercice devient l'objet d'une sorte de culpabilité). Mais le film montre cela comme une thèse (la sagesse sociale du vigile).


Un peu dans la même veine (mais sur Anvers plutôt que Gand, et construit autour d'un référenciel culturel plus pop qu'electro-clash), j'avais préféré "Anyway the Wind Blows" de Tom Barman il y a 15 ans. Le film était plus maladroit, moins "pro", mais avait une fibre altmanienne qui arrivait à faire créer de l'altérité et de l'irréductibilité entre les personnages, bref il était moins verrouillé et plus libre.

Sinon ce qui est assez singulier, c'est que le film est assez proche finalement du cinéma de Lafosse (le dernier plan pourrait se trouver dans "Elève Libre"), ils dépeignent finalement le même milieu et la même classe sociale, et raisonnent à la fois en casuistes et en moralistes. Le "Belgica" et le parcours des deux frères sont clairement dans l'esprit de Felix van Groeningen une métaphore (pas idiote dans l'absolu, mais réductrice) de la Flandre et de la Belgique.


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MessagePosté: 14 Mar 2016, 07:13 
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Gontrand a écrit:
j'avais préféré "Anyway the Wind Blows" de Tom Barman il y a 15 ans.


Un pote m'en a parlé, en bien, ça donne envie de le voir


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MessagePosté: 14 Mar 2016, 10:28 
Ce qui m'a le plus plû dans le film (la droiture dans la loose de Frank) fait aussi beaucoup penser à "Crazy Love" de Dominique Derrudere (déjà un film antérieur de deux générations). Maintenant pourquoi van Groeningen est reconnu comme un auteur hype après trois films et Derrudere à peine mieux considéré qu'Urbanus après 10, mystère...


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MessagePosté: 14 Mar 2016, 18:48 
Pardon de m'auto-répondre, mais il y a un truc assez roublard (pas idiot, mais récupérateur) au début. La chambre de Jos contient des posters de concerts belges de groupes indies ou carrément new-wave Bauhaus, Pavement, mais il fait partie d'une génération déjà trop jeune pour avoir vécu cette période. A ce moment, le film fait d'ailleurs penser beaucoup à "Control" d'Anton Corbijn (très bon film, je crois plus profond que "Belgica" sur une vision politique et esthétique proche), d'ailleurs la jeune fille ressemble beaucoup à Alexandra Maria Lara qui jouait Annick Honoré dans le Corbijn, mais ça va biffurquer, l'individualisme assumé de la fille annule toute référence à un modèle littéraire ou culturel, même repris de manière paradoxale (comme on le retrouve encore dans le début new wave, Anton Corbijn défend le romantisme à la Novalis et en même temps la lucidité politique de Ian Curtis face à l'idéologie tatchérienne, et montre que les deux aspects créaient une tension qui allait contribuer à l'abîmer), et sans doute, par ricochet toute idée qui permet à Jos de se définir par rapport à une génération.

C'est roublard car la scène peut se comprendre de deux manières opposées: la techno comme passage de témoin inter-générationnel, continuation et transmission de l'intégrité morale de la new wave sous une nouvelle forme, ou bien au contraire comme une manière de dire que la fête est finie avant d'avoir commencé (les posters sont alors des reliques décoratives et expriment juste un goût) et est organisée par ceux qui n'en jouissent déjà plus. Le fait qu'il fétichise sa vieille BMW série 7 laisse plutôt penser à la deuxième option.
Finalement c'est exactement la même ambiguïté que celle qui consiste à faire tenir à un Belge d'origine marocaine un discours à la de Wever sur sa propre communauté (qui ne donne le choix à celui auquel il s'adresse qu'entre deux attitudes: l'adhésion ou la dénonciation d'un double-langage, mais pas sa critique comme contenu), mais transposée du plan politique au plan culturel.


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MessagePosté: 20 Mar 2016, 19:06 
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Art Core a écrit:
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Jo et Frank sont frères, et comme souvent dans les familles, ces deux-là sont très différents. Jo, célibataire et passionné de musique, vient d’ouvrir son propre bar à Gand, le Belgica. Frank, père de famille à la vie bien rangée et sans surprise, propose à Jo de le rejoindre pour l’aider à faire tourner son bar. Sous l'impulsion de ce duo de choc, le Belgica devient en quelques semaines the place to be…

J'ai la flemme de réécrire un long avis (que j'ai écrit ) mais je voulais quand même parler du film qui est vraiment très sympa et qui a été pour ma part une excellente surprise.

Je suis un peu allé à la projo à reculons mais finalement j'ai été cueilli et j'ai marché à fond dans ce grand bordel un peu construit comme une grande fête sans fin où on déssaoule jamais complètement. Mais ce que j'aime c'est cette manière finalement très frontale et pas du tout dans les "effets" de Van Groeningen de mettre tout ça en scène. Simplement en collant aux basques de ses personnages fantasques, sur de la bonne musique ça fonctionne on a l'impression de faire la fête avec eux. C'est vraiment grisant, jouissif, foncièrement feel good sans que ça n'ait jamais l'air fabriqué.

Puis le film parvient intelligemment à sortir du schéma rise & fall très attendu pour quelque chose de plus simple, de plus pragmatique. Une espèce de réflexion sur la notion de fête. Comme une résignation à rentrer dans le rang, à faire de la fête un espace commercial avec ses videurs, ses caméras de surveillance et ses consommations surtaxées.

Personnages sympathiques, ambiance géniale, très belle réalisation (superbe scope), excellente BO, bref excellent petit film !

4.5/6


Pareil, j'ai beaucoup aimé et la promesse de la BA est complètement tenue.
Dommage que sur Spotify il y ait la BO mais sans le thème Belgica.


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MessagePosté: 23 Mar 2016, 15:50 
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Alabama a écrit:
Dommage que sur Spotify il y ait la BO mais sans le thème Belgica.

Qu'est-ce que tu appelles "le thème Belgica" ? La musique avec les trompettes, là ? Celle qu'on entend dans la bande-annonce ?


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MessagePosté: 23 Mar 2016, 16:21 
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