Jerzy Pericolosospore a écrit:
La question n'est pas d'être poseur et prétentieux. La question est que ça se discute, tout simplement.
Les listes, quelles qu'elles soient, tout le monde les commente: c'est normal. C'est fait pour ça. Ici, on est sur un forum: on commente. Tu voudrais quoi? Que tout le monde se taise, et se contente d'enregistrer passivement l'information, parce que tout commentaire, critique, contestation, dénoteraient de la pose et de la prétention?
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Citation:
Sinon, à ce compte là, on est censé fermer sa gueule et ne s'exprimer sur rien: 'de quel droit tu contestes l'avis de professionnels, journalistes, cinéastes, écrivains, penseurs, etc?' Puis incriminer la pause et la prétention. Tout en faisant valoir paradoxalement que cet avis, étant tout aussi subjectif ou arbitraire que le tien, n'a pas à être discuté, contesté. ça n'a pas de sens... C'est justement parce qu'il est subjectif et/ou arbitraire qu'il peut être discuté, contesté. Comme n'importe quel choix arbitraire et subjectif, quel que soit l'émetteur de ce choix. Pas plus que n'importe qui, "La critique" ou "les journalistes" ne sont par nature ou fonction préservés d'un discours critique sur leur discours. Pas plus qu'ils ne sont préservés de la pause et de la prétention.
Pour toutes ces raisons, je ne vois pas, sincèrement, pourquoi tu reproches à des forumeurs de critiquer une liste de ce type, et même de s'en moquer, gausser, ironiser dessus, etc...
Non... Bon évidemment j'empêche personne de commenter la liste, je vois le geste de la publier et donc de la soumettre à la critique et à l'analyse. On peut discuter des films, de leur place, des cinéastes, même de ce que ça dit sur la vison critique du cinéma en France etc. Très bien, et c'est aussi ce que tu fais aussi j'en conviens. Ce qui me gêne c'est que plutot que de parler des films en soi, il y'a eu plusieurs personnes qui à travers eux ont préféré condamner l'honnêteté du journal. En effet, on peut se poser la question, remettre en cause des choix, mais j'ai surtout lu des réactions épidermiques sur la valeur du journal, et une perche saisie assez facilement pour tapper dessus de façon gratuite, j'en ai peur.
Citation:
Une liste, dans un mag, a une fonction prescriptive, normative: elle prétend représenter une certaine vision de la culture à un moment x, disais-je. Je n'oppose pas à cela mes goûts subjectifs, je relève des aberrations réelles, des présences et des absences injustifiables, c'est tout. Et ça donne à réfléchir sur la valeur critique d'une telle liste. Ce n'est pas comme si une liste, dans un magazine se prétendant sérieux, et pensée par un panel de journalistes, n'avait pas à être commentée.
Donc, elle prétend, cette liste, a minima avoir une valeur informative, normative ou prescriptive pour les lecteurs. Cad qu'elle prétend avoir une certaine valeur 'objective' dans le sens où elle s'élèverait au dessus des subjectivités non-critiques. Qu'on réserve, elles, aux lecteurs/spectateurs, selon le partage consacré par un Ordre autorisé de prescripteurs d'opinion: d'un côté le domaine réservé à la critique dite professionnelle, instituée, spécialisée, légitimée, et de l'autre un ensemble flou de lecteurs/spectateurs, censément par nature moins autorisés, moins légitimes, baignant eux dans la subjectivité non critique, passifs, ignares, consommateurs, attendant des premiers la lumière critique, des repères....
Oui mais en même temps est-ce qu’on ne peut pas aussi considérer qu’un top, publié donc par un magazine, ne prétend pas plus simplement à concrétiser leur vision du cinéma français, et offrir aux lecteurs un panorama de ce que eux les intéresse et les touche dans le cinéma. Faire le portrait représentatif de leurs goûts, sans forcément avoir la prétention d’en faire une référence indiscutable sur ce qui doit être vu pour avoir une représentation fidèle et objective de ce qui constitue le cinéma français en 100 films ?
Après évidemment il faudrait voir comment ils justifient leurs choix. Est-ce que ça existe vraiment, dans l’absolu, « des aberrations réelles, des présences et des absences injustifiables » ? Je ne connais pas les films de cavalier, mais est-ce que considérer que La chamade est un de ses plus beaux films, sans forcément affirmer qu’il s’agit de son film le plus représentatif de son cinéma, qu’il est incontournable pour saisir la démarche globale de son auteur etc. c’est forcément tomber dans la pose ?
Si la démarche c’est juste de lister les films fondateurs des cinéastes français les plus importants, on court quand même le risque de tomber dans un consensus un peu fade, et puis surtout c’est pas l’objectif d’un top a priori.
Cela dit, je rejette pas totalement l’idée que le journal cherche juste à se faire bien voir au travers de sa liste, c’est possible après tout, mais dans ce cas-là on pourrait dire la même chose de toutes les listes, même des nôtres. Au final on en sait rien, à moins de pouvoir en discuter directement avec ses auteurs, mais là on les accuse sans qu’ils puissent répondre.
Citation:
choisir La chamade, œuvre de commande de Cavalier, qui est le moins bon film de toute sa carrière, ceci étant connu de tout cinéphile qui s'intéresse à Cavalier et à sa filmo, est-ce que ça ne mérite pas qu'au moins on le mentionne? ça me paraît bien relever, au delà des choix subjectifs, d'une erreur logique ou matérielle (comme des fiches qu'on emmêle). J'ai raison, ou pas, sur ce point? Il ne faudrait pas en parler, au moins poser la question?
Quant aux autres films et cinéastes que je cite, on a tout autant le droit de s'étonner de leur absence. Ce n'est pas faire preuve de pause ou de prétention, mais de curiosité critique sur la logique de sélection ayant présidé au classement.
Oui bah Jerzy bien sûr que dit comme ça on va être d’accord, je suis ouvert à la discussion et je n’empêche personne d’avoir son opinion. Mais bon avec un peu d’honnêteté tu m’accorderas qu’il y’a une différence entre se poser légitimement la question et envoyer des sentences du style « Top incroyablement arbitraire, et dont le classement me paraît complètement aléatoire. Et un nombre considérable de films qui ne sont manifestement là qu'en fonction une logique de connivence ou de complaisance... ». Ton post commence de cette façon, s’ajoute à plusieurs remarques du même genre, et tout part de là.
Après, oui, chacun en pense ce qu’il veut de ce top ça me dérange pas. Je note aussi que Harry White a soulevé un certain nombre de questions, justement, qui auraient pu être pertinentes, mais que ça n’a intéressé personne.