Forum de FilmDeCulte

Tu ne devrais pas aller si vite en besogne, y'en a qui ken à ce film!

*blague en retard*

Pas accroché plus que ça Autant il y a des moments vraiment très beaux, autant d'autre fois le personnage de Léaud (surtout) n'en pouvait vraiment plus de m'insupporter. Au final je trouve aussi que le film joue de ses contradictions de manière assez artificielle et binaire, en particulier dans son usage du langage, des mots transgressifs qui surgissent dans un phrasé posé, mais ces alternances s'étendent crescendo à tout le reste du film, jusqu'à la scène finale. On sent qu'Eustache cherche une espèce de transe dans certains monologues (enivrés ou non), certaines durées, mais ça n'a pas tellement fonctionné sur moi, du moins pas assez pour ne pas trouver ça surfabriqué parfois (mais d'autres moments sont quand même assez extraordinaires, comme ). Le film est crépusculaire d'un moment intellectuel assez précis dans lequel je ne retrouve plus beaucoup d'intérêts aujourd'hui aussi je crois, donc ça me touche encore moins.

Il faut voir aussi que c'est précisément la recherche d'un absolu par la parole qui est mise en scène, et que cette recherche va aboutir à une impasse dont seule l'action et l'engagement vont permettre de sortir. J'avais trouvé terrassant ce glissement final du perso principal vers sa copine, et il se produit justement lorsque c'est elle qui s'approprie la parole - dans ce monologue stupéfiant - et que lui écoute puis agit en conséquence.

Oui Léaud devient muet comme une carpe dans cette dernière partie et il y a clairement un échange de rôle à ce niveau... C'est le rythme du film d'ailleurs cette non-réaction aux monologues de chacun , c'est du "je parle / j'écoute" avec beaucoup de gros plan limite regard caméra mais souvent privé de contrechamps. Eustache ne donne pas d échanges évidents pour décrypter les sentiments et l'attirance entre Alexandre et Véronika jusqu'à la toute-fin, alors qu'entre Alexandre et Marie il y a de la verve et une certaine efficacité des échanges, qui sont aussi plus économes, comme une entente directe. Après cet exercice sur la parole me parait tellement évident que je trouve le film long dans son procédé pour en arriver à ça, qui m'a fait penser in fine à un dispositif à la Haneke, je ne sais pas pourquoi ...
Comme chez Rivette, je trouve beaucoup de distanciation. Chez Rohmer il y a souvent un échec de la parole aussi, du moins l'impasse, mais c'est comme vécu de l'intérieur par un artiste qui semble en même temps fou du verbe, en avoir un réel amour, même s'il est souvent fatal à ses personnages. Ici j'ai trouvé une forme de pose mine de rien et une sinistrose un peu datée.
Enfin faut que je vois d'autres films du réal...

Putain, moi non plus...

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N'écoutez pas Film Freak

Clairement je ne saurai pas expliquer dans le détail, mais je trouve qu'il y a une forme de complaisance un peu froide dans la chute, une délivrance façon "La Pianiste" presque. La dernière réplique, , est vraiment démonstrative et la sécheresse du truc me parait forcé.

Jamais aimé cette fin non plus. Je trouve que le film aurait dû se terminer sur le monologue ou sur le plan de Laffont en larmes qui écoute un disque.
Sinon je l'ai revu hier soir et j'ai moins bien aimé que la première fois même si j'adore le lent basculement du film dans les tréfonds de l'âme.
J'ai un peu du mal avec la vulgarité de François Lebrun qui dit "baiser" toutes les deux minutes, je trouve son personnage assez détestable en fait (jusqu'au monologue).

Après ça reste immense dans cette grande entreprise sur la parole, sur ce qu'elle contient, sur le vide qu'elle dissimule etc...

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CroqAnimement votre

478 000 téléspectateurs derrière D8, W9, TMC, France 5... Dommage pour un film qui ne passe même pas tous les 15 ans ("Asterix le Gaulois" qui fait encore un million malgré ses 3 diffusions par ans, le cinéma sur la télé hertzienne ce n'est pas prêt de changer ).

En tout cas c'est sur le replay d'arte pour toute la semaine, visibilité rare pour le film.

Boris Eustache sur le pourquoi il refuse des éditions DVD des films de son père (et il n'aime pas la copie passée sur arte)

http://www.revuezinzolin.com/2013/08/bo ... -mon-pere/

Intéressant. Si j'ai bien compris, il refuse le DVD parce que:
1- le contraste de la copie voulue pour faire le DVD trahit l'oeuvre originale
2- il conteste l'esprit de possession des cinéphiles par le DVD et ne s'oppose pas à une diffusion en salles

Mais il est pas clair dans son discours, il n'explique par exemple pas ses conditions (faire un DVD sur la copie de la Cinémathèque? pourquoi ça se fait pas?) et reproche aux critiques de parler du cinéaste sans avoir vu les films mais est l'un de ceux qui bloquent leur diffusion. Je comprends dans un sens ce qu'il veut dire: j'ai acheté sans faire attention un premier exemplaire du DVD du Mépris sorti au début des années 2000, la copie est dégueulasse, moche, sombre, terne, tout ce qu'on veut. J'ai dû acheter un autre DVD avec une copie restaurée, sublime. Et du coup je refuse de prêter, donner ou revendre mon DVD avec la copie merdique, je ne veux pas que les gens voient le film comme ça. Mais en même temps, je souscris à l'idée de Rohmer qui disait que voir un film dans les conditions idéales (salle, copie neuve ou restaurée) n'était souvent pas possible, et qu'entre ne pas voir un film DU TOUT et le voir dans des conditions moyennes voire mauvaise, il valait mieux la seconde solution. On dirait que le fils Eustache se satisfait presque de ce statu quo alors que du coup, des milliers de gens vivent leur cinéphilie durablement sans voir l'un des films les plus importants du XXe siècle. Et ne le verront peut-être jamais.

"En 1997, avec Jacques le Glou, nous organisons une rétrospective pour le festival d'Angers 98. Là, les jeunes des Cahiers découvrent ces films (rappelons pour la petite histoire que les Cahiers ne s'étaient intéressés ni à La maman et la putain, ni à Mes petites amoureuses au moment de leur sortie. Ils se sont mis à parler des films de Jean Eustache en 1977, au moment d'Une sale histoire, croyant qu'il s'agissait d'un film à la fois intellectuel et sectaire. Idem pour La rosière de Pessac 79)."

toujours aussi fort, les Cahiers

Il a l'air dans un certain romantisme du ciné quartier latin aussi ("à Paris on pouvait voir tout le ciné français et américain depuis 1945 en 6 mois")... Pour la copie je ne comprends pas trop : Pierre Lhomme lui même récemment a supervisé la restauration et le transfert numérique du "Joli Mai", s'il faut attendre qu'il passe de l'autre côté c'est dommage. Elle est de bonne qualité sinon la copie qui tourne à la cinémathèque?
L'idée de voir un film piraté en mauvaise condition ne le choque pas, mais râle contre cette même copie vidéo rippée vue dans de meilleures conditions...

Je me demande quand même s'il n'y a pas aussi un truc lié à son rapport à la disparition de son père, vouloir respecter un esprit de marge....

Sur ta dernière supposition, je le pense également, d'autant que son père lui-même avait refusé pas mal de trucs, donc son fils veut pas le trahir, ce que je respecte. Après faut pas être borné.

Et sur le DVD/piratage, voilà exactement, sur Youtube c'est dégueulasse et des gens le voient comme ça, il en est content le fils Eustache? C'est absurde.

Quant à la copie de la Cinémathèque, je sais pas si elle est parfaite (vu qu'en plus il a l'air exigeant) mais le contraste me paraissait peu appuyé, j'ai le souvenir d'une image assez claire.

Tu peux vérifier le rip HDTV de 6 Go apparu aujourd'hui.

Je le fais dès que je rentre chez moi !
Un peu zarb, les arguments du fils Eustache, effectivement. La copie cinémathèque était absolument pas contrastée (plutôt le contraire), et en l’occurrence, ça fait quinze ans que le monde découvre le film de son papounet en VHSrip. Donc à un moment faut arrêter les conneries.