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The nun's storyAttention ne pas lire l'affiche de trop près...
Gabrielle Van Der Mal intègre un couvent à Bruxelles pour suivre des cours de médecine mais rebelle, la jeune femme a du mal à accepter l'autorité de la mère supérieure. Ses études terminées, elle s'envole pour le Congo pour être l'assistante médicale du professeur Fortunati. Sur place, face aux malades et blessés graves, Gabrielle prend conscience de ce qu'elle désire réellement. Mais osera-t-elle le courage d'assumer ses convictions les plus secrètes? Je trouve presque le film provoquant en fait, tant il prend acte qu'il n'atteindra jamais une certaine morale "supérieure" souvent recherchée et consubstantielle au cinéma hollywoodien, même inconsciemment, et que la question du choix final n'est pas célébré non plus comme une "libération"... Aujourd'hui ça ferait à priori rigoler doucement, mais à priori seulement en réfléchissant bien. Le cinéma américain a très souvent cette illusion de transcendance, qu'il y a une force supérieure capable de faire accomplir l'impossible ou même d'atteindre un stade supérieur dans le fait de faire simplement un choix... Le film dans son cadre très rigide montre que ça ne fonctionne pas vraiment comme ça, surtout dans tout ce qui a trait à l'orgueil et l'empathie dans le comportement de l'héroïne, des émotions dont le fonctionnement est au coeur de cer ce film et peuvent être bien difficilement dictées par une quelconque idéologie ou discours.
Fred Zinnemann n'est pas spécialement le cinéaste le plus audacieux qui soit, rien d'extraordinaire dans la mise en scène à première vue et probablement n'a t'il pas eu plus d'ambition qu'un biopic un peu académique, véhicule pour sa sta, avec un sujet un peu poil à gratter quand même... mais ça a l'intelligence de s'évertuer à ne pas choisir un camps pour l'héroïne, en tâchant de l'accompagner sans préjugé. Les extérieurs à Brugge donnent un cachet assez original pour une telle production, un peu étrange par moments... L'intérêt finalement c'est de vivre ce récit comme une odyssée "sur des rails" à travers l'expérience de Gabrielle / Soeur Luc, suivie étapes par étapes, rituellement et implacablement tout en faisant oublier le temps qui s'écoule, sans fascination. Une expérience qui ressemble plus à l'obéissance et l'inaction qu'au renoncement, c'est justement la question de conscience subtile au fond que pose ce film et que la mise en scène respecte.
Le film est d'autant plus fort pour décrire ce parcours qu'il le fait en ne montrant pas l'église comme un lieu de dégénéré, en laissant le personnage principal avec toute sa conscience personnelle. Audrey Hepburn a sans doute l'un de ses plus beaux rôles ici tant elle arrive à la fois à intérioriser et faire partager subtilement ses dilemmes au spectateur, trimballant son doute sans pour autant l'afficher dans des convulsions diverses en aparté... Si bien qu'avec cette intériorisation, le film peut se gargariser d'arriver jusqu'à sa superbe scène finale en conservant une dramaturgie toute contenue, sourde. La musique de Franz Waxmann est très riche aussi, et devient de plus en plus fine au fur et à mesure que l' on arrive vers la conclusion.
La partie africaine est peut-être un peu plus inégale, par la vision colonialiste embarrassante qu'elle trimballe encore, mais elle bénéficie de belles scènes de tension entre Hepburn et le médecin joué par Peter Finch, qui peuvent jouer autant sur le plan du désir entre les deux que pour toutes les questions impliquées en périphéries, c'est encore une fois très bien écrit et les deux acteurs sont assez exceptionnels, on ne tombe pas dans les facilités.