Des romans de juillet!
M'est tombé des mains, quelle que soit la nouvelle. Mais j'essaierai autre chose. L'autre soir je suis allé au Bar Hemingway du Ritz, j'avoue que pour le moment, Ernest, je préfère le boire que le lire.
Salut Etrangeté que cet
Oeil de la sorcière par une vieille Norvégienne au nom génial (Bergljot Hobaek Haff,
repeat after me), le récit de l'inquisition, de la terreur religieuse et de la chasse aux sorcières vu par une bohémienne dans la Norvège du 16e siècle. Et Hobaek Haff joue justement beaucoup sur le point de vue, héroïne en témoin d'une réalité sans folklore, où on aura tôt fait de désigner sorcière une vieille guérisseuse, une femme enceinte faisant fausse couche, ou une veuve qui fait ses soupes, avec en filigrane le discours féministe qui en ressort : le livre est divisé en trois parties avec de grosses ellipses qui tombent sur les personnages comme un jugement, deus ex machina où l'hystérie est exclusivement masculine. C'est excellent.
Le livre s'ouvre sur un long long long "prologue" avec une litanie de name dropping, de noms de marques, et j'ai pu lire souvent des commentaires agacés et condescendants à ce sujet, comme si Ellis feuilletait un magazine de mode chic et vide. Je trouve au contraire que toute la base du roman se situe là: dans ce défilé où la beauté martelée comme une religion n'est paradoxalement jamais séduisante, toujours inquiétante, où le flux de noms, de stars et sous-stars, ne représente plus rien, rien qui n'ait de la chair ou de l'air à l'intérieur, juste des mannequins de plastiques tout morbides, couverts de marques dans un monde où le ciel nuageux ne peut être que "gris Dior". La suite à tortures et terrorisme est un prolongement logique à ce flux plastique, puisque rien n'est réel, que ladite réalité semble en permanence mise en scène par un directeur invisible. Ellis plonge dans la satire à presque célèbres shootés au Xanax, où les confettis partout sont le signe que la fête semble toujours dater d'hier, et où il ne reste qu'une sensation de froid, tout le temps, et où l'on monte une armée de soldats D&G, sans morale puisque totalement déshumanisés. Il y a quelque chose d'énervant parfois dans la façon dont le livre te titille avec ses pièces de puzzle manquantes mais c'est aussi le prix de ce théâtre grotesque à déchirements de chair et au cul de pub. J'ai trouvé ça assez vertigineux.
Pas le souvenir d'avoir lu une écriture aussi belle cette année. Dévoré en une demi nuit/demi matin.
Et des livres pour gosses de juillet!
Très court et assez faiblard en fait, tu vois d'ailleurs que ça n'a servi que de vague base au film vu qu'on ne renverse pas tant de code du conte là-dedans, à part la mocheté du héros. Je hais le dessin (la meuf de Shrek est d'ailleurs mille fois plus hideuse ici, une espèce de murène géante) mais je suppose que c'est fait exprès.
Un album illustré par le mec de
Là où vont nos pères, plus calibré gamin mais qui garde la même inquiétude, la même étrangeté. Visuellement je trouve ça quasiment aussi beau.
Et du théâtre de juillet!
*image non contractuelle mais totalement dans l'esprit*
Premiers pas chez Bond (Edward Bond) avec
Si ce n'est toi et cette langue très particulière, mais le texte justement est très beau et me donne envie de voir ce que ça peut donner sur scène. Même si en l'occurrence, pour cette pièce là, j'avais pu en avoir un aperçu.
Bonjour Blissfully découvre la vie: c'est un des trucs les plus drôles que j'ai pu lire depuis *oumpapa*. Une espèce de fêlure totalement absurde dans un décor british ultracodé mais où même la pendule sort de sa réserve pour devenir folle. Ca tue.
Jacqueline Chadek c'est du Ionesco en fait.
Je n'ai rien compris. J'ai mis plus de temps à lire ces 50 pages que les 500 de Glamorama (essentiellement parce que je les lisais et relisais pour comprendre où elle voulait en venir). Le surplace entêté sur l'incommunicabilité entre les deux personnages m'a donné envie de me scalper.