Citation:
C’est voulu, le but est d’être direct, afin que tout le monde comprenne.
Que tout le monde comprenne ok, mais que tout le monde devance les idées, bien téléphonées, c'est dommage (la phrase du carton que l'on devine se parer d'un nouveau mot après chaque séquence, ou encore la progression psychologique de la nana). Je n'ai rien d'autre à dire que c'est dommage, d'appauvrir un propos, que l'on soit d'accord ou non sur l'idée première.
Citation:
Je ne suis pas sûr que notre propos soit très convenu… Demande autour de toi si les gens pensent être des animaux comme n’importe quel autre animal, si tu en trouves un d’accord, chapeau ! D’ailleurs vous même n’êtes pas d’accord avec ça. C’était ça l’idée, mettre les gens face à leur vraie nature
Alors la seconde partie de votre court est stupide, car tu conviendras qu'aucune victime de viol ne devient illico agresseur. C'est du fantastique. Et donc ça annihile un propos que vous semblez croire réaliste. Que vous puissiez penser ça, c'est cool, je respecte, mais le traitement que vous choisissez sort complètement du réalisme... et fait pour le coup très court d'étudiant (le côté "la boucle est bouclée", l'idée du "renversement de situation", ce sont deux idées pièges contre lesquelles il est important de lutter sur ses premiers projets, il faut creuser au-delà).
Citation:
Et lorsque j'entend que cela est pompé sur Noé et en particulier Carne, je me dis que je ne suis pas celui qui souffre d'une trop grande influence puisque je n'ai PAS vu Carne!!!
Je ne pensais pas à
Carne mais bien à
Seul contre tous. Mais je ne t'ai pas accusé d'avoir pompé, moi ça ne me dérange absolument pas de retrouver dans ton univers celui d'un cinéaste connu. Que ce soit du pompage, un hommage ou une coïncidence, je m'en fous pas mal. Le fait est que c'est présent et que c'est EVIDENT que l'on fasse la comparaison, faut pas s'étonner. Malgré le fait que tu n'aimes pas trop Noé, tu ne peux pas invoquer le fait que vous creusez des idées en commun avec des outils similaires. C'est le premier point. Le second c'est que tu avais la possibilité de t'en démarquer à loisir, chose que tu n'as pas fait. Donc faut accepter la comparaison. Vous venez après, vous reprenez des idées et techniques d'un cinéaste, c'est logique que le cinéaste ait la paternité de ces idées et techniques.
Citation:
je ne trouve pas beaucoup de subtilités non plus chez Noé…
Ce n'est pas non plus comme ça que je définirais le cinéaste ou son cinéma, mais il est 100 coudées au-dessus de vous, et je ne dis pas ça par snobisme parce qu'il est connu ou reconnu. C'est juste mon avis.
Tu prends la scène de viol d'
Irréversible par exemple, c'est long et violent, mais il a un point de vue ferme et impeccable, celui de la victime. La caméra est fixe comme elle, à hauteur de visage. Le spectateur se retrouve dans une position inconfortable. La mise en scène est exemplaire et sensique. Ce qu'il filme est frontal, et donc non subtile, mais comment il le filme est tout à fait subtile.
Citation:
Il existe une différence importante aussi, c’est que Noé laisse un espoir, nous n’en laissons aucun
lol
Je ne suis pas d'accord du tout. La fin de
Seul contre tous, c'est un père qui aime sa fille et qui va devoir lutter contre sa propre nature pour ne pas la toucher. Mais la fin est ouverte, peut-être abusera-t-il d'elle, peut-être pas. Il n'y a qu'à parler du film avec ceux qui l'ont vu, personne n'est d'accord... chacun rexplore sa propre nature et celle de ses proches, de son expérience... Les dix dernières minutes sont néanmoins éblouissantes et particulièrement remuantes (puisqu'on assiste à des flash-forwards de différents passages à l'acte : attouchement, viol, meurtre, suicide...).
Pour
Irréversible, le propos est on ne peut plus noir. C'est le défilement inversé qui procure une bouffée d'oxygène (puisque l'on revient à des moments de la vie de tous les jours, à une grossesse naissante, à un amour de couple etc). Si tu remets la chronologie dans le bon ordre, et que tu tiens compte du fait que le violeur s'en sort, tu peux difficilement faire plus sombre et jusqu'au boutiste.
Citation:
si ce court vous fait penser à des films que vous avez vu, dites vous bien qu'on ne les a pas forcément vu, et qu'on n'a jamais voulu pomper quoi que ce soit sur d'autres films.
Mais ce sera de votre tort de ne pas les avoir vus hein... surtout s'ils traitent le sujet de façon plus frontale et réussie (et je parle même pas sur l'intégralité du métrage, parfois juste sur une séquence bien moins longue que votre court).
Citation:
Bien entendu, c’est un choix là encore. L’intérieur de l’appartement correspond à ce que sont les personnages vraiment, à l’intérieur d’eux mêmes. Bien entendu qu’il n’y a pas de résonance de vérité, puisque nous montrons ce que les gens cachent tous les jours.
Je ne parlais pas de ça, mais bon. L'idée est simple, soit, mais là aussi je vais te décevoir, car même en ayant la notice de l'idée, ça fait flop, parce qu'il ne me semble pas que l'intérieur des décors accroche le regard ou éveille l'intérêt de quelque façon que ce soit. Mais bon, ce n'est pas gênant.
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Nous ne voulions pas faire des personnages attachant et crédibles pour que le spectateur arrive à nos conclusions par eux mêmes, car nous savions qu’ils n’y arriveraient pas.
C'est la première grosse connerie que tu écris à mon sens. Si c'est effectivement ce que tu penses, évite de faire du cinéma... et je dis ça sans aucune condescendance. C'est peut-être cliché, mais pour moi filmer c'est poser des questions (de bonnes questions évoquera un bon cinéma), pas y répondre.
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Nous avons choisi alors de montrer directement au spectateur ce qu’il refuserait de voir.
Tu as visiblement une haute opinion du message de ton court, et donc de toi-même, et une piètre opinion du spectateur, et ça mon ami c'est un lourd handicap à la bonne compréhension / communication (n'est-ce pas sans philosophie de comptoir l'essence du cinéma ?)
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Il s’agit d’un choix aussi. Et contrairement à ce que tu penses, il n’y a qu’un seul point de vue, celui de l’agresseur. La vue subjective est justement faite pour placer le spectateur dans la position de l’agresseur, quelque soit la scène.
Mais très bien la vue en subjectif de l'agresseur ! Si c'est ce que tu veux montrer, ok. C'est pas du tout subtil mais ça se défend. C'est juste dommage que la séquence commence avec un plan assez long, reprenant la même compo que celui du viol d'
Irréversible, à savoir la caméra face au visage de la femme... qui est le point de vue de la victime. En plus de ça la tête de l'agresseur est à moitié hors cadre, donc on se concentre sur le visage de la fille. Tu commences par ça, on se prépare à quelque chose, puis au cut on est l'agresseur... puis à la fin de la séquence on revient au point de vue de la victime, et là l'agresseur se barre carrément, on reste seul avec elle... Donc mélange des points de vue, malgré tes ambitions premières.
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Le plus souvent les réalisateurs choisissent un point de vue extérieur, nous assistons à un meurtre ou à un viol en spectateur, nous sommes spectateurs, ça nous répulse, mais on regarde de loin (comme on regarderait des cadavres sur une autoroute en partant en vacances). Nous avons choisi un point de vue qui ne soit pas extérieur, justement pour placer le spectateur dans la position de l’agresseur et le mettre au sein de cette vraie nature.
Tu mets là de côté des tas de films déjà existants, ne serait-ce que l'ouverture de
Halloween... mais bon. Le truc c'est que tu ne fais pas QUE ça.
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Justement, l’adhésion de la victime est quelque chose de réfléchi : quelque soit le personnage, la nature est la même, et donc elle change, ce qui est montré dans deux scènes. Ce n’est pas un film sur le viol et sa psychologie, on ne demande pas à croire qu’une victime puisse prendre du plaisir, ce n’est pas notre propos, on n’aurait pas fait ça. Notre propos est de dire que cette femme à laquelle le spectateur essaye de se rattacher parce que c’est la victime, n’est en fait pas une victime, elle est exactement comme l’homme.
J'ai bien compris, mais ça n'a aucun intérêt... ou alors fallait mettre une femme d'entrée de jeu comme agresseur... ou alors deux hommes qui se succèdent. Là vous évoquez d'autres choses que vous n'avez pas le temps de totalement évacuer.
Autre chose m'aurait davantage convaincu pour reprendre et conforter votre idée par exemple. Les violeurs et tueurs en série ont souvent été victimes de viols et autres traumatismes sexuels, et ils reproduisent le schéma sur leurs futures victimes. Parce que le mal se transmet s'il n'est pas évacué ou traité à temps (et ne se déclare pas forcément actif cela dit). Là il y avait quelque chose de réaliste, avec du sens sur
la nature du mal. Sur la
nature de l'homme, rien du tout, votre court est
vide... pour évoquer le fait que l'homme est un animal et son besoin de
baiser, vous choisissez un viol, or aucune espèce animale ne viole ses congénères... donc la spécificité de l'homme est ailleurs que sur la simple évocation de sa nature animale...
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«Voilà. C'est raté. Mais je n'y vois rien de honteux. Vous avez juste tout faux. »
Sans doute la remarque la plus désagréable à entendre, mais aussi la moins justifié. Dire cela est totalement subjectif.
J'espère bien que c'est subjectif ! Mais tu ne pourras pas me reprocher de ne pas développer mon point de vue.
Citation:
Ce film n’est pas fait pour qu’on l’apprécie, on peut pas dire qu’on va se marrer en regardant notre court ! C’est juste pour essayer de faire prendre conscience, simplement.
Je passerai sur la prétention de ta dernière phrase. Juste pour dire que je regarde sans déplaisir, et avec le même choc et la même explosion de bonheur
Irréversible (choc en première partie de film, bonheur en seconde) qui est pourtant jugé comme un film difficile à voir et donc à revoir. Et pourtant j'éprouve un plaisir certain. Donc le côté "c'est pas fait pour être apprécié" ce n'est pas un argument mais une justification aveuglante.
Citation:
C’était mon premier et dernier post sur ce forum, sur ce, ciao !
Ah merde, j'aurais du lire cette dernière phrase avant de te répondre...