Forum de FilmDeCulte

je connais les arguments pour et contre, mais je fais partie de ceux qui pensent qu'on produit trop de films en france. ça réduit les budgets de chacun. ça envoie des cargaisons de films vers une mort certaine. ça abime tout le monde, ne laissant pas la chance de s'installer, d'avoir l'espace promo/critique adéquat. alors dans l'idéal ce serait un formidable gage de diversité et de renouvellement des talents mais dans les faits ça n'est pas le cas, le cinéma français est globalement atrocement formaté, toujours les mêmes sensibilités de cinéma, des genres entiers royalement ignorés, et les transfuges de classe sont fort peu nombreux : si tu commences ta carrière avec un film qui passe inaperçu et finit à 8k, grandes sont les chances que tu la finiras de la même manière.

dans les films "en trop", il y aurait évidemment ce minuscule film, qui va finir à 15k, a été soutenu poliment mais totalement noyé dans le flot, minuscule budget, probablement pas de sortie physique, tout ça.
mais qui m'a un peu réconcilié, rien de fou, je l'aurai oublié très vite, comme tout le monde sauf jeremy et ses enfants - qui pourront quand même être légitimement fiers de cette oeuvre faite sans grand moyen mais originale, personnelle, qui essaye.

comme d'hab je n'avais aucune sorte d'idée de ce que ça racontait, et c'était du coup très agréable d'avoir toutes ces petites surprises les unes après les autres, de commencer comme un film français lambda, d'avoir un peu de fantastique français lambda, puis un peu de (body) horror, puis un peu de thriller, puis un peu de métaphore, puis du mélodrame touchant. l'histoire avançait tout le temps, aucune des pistes n'était vraiment satisfaisante puisque rien n'allait jusqu'au bout, tout commence et s'arrête vite, mais chacune des pistes est stimulante narrativement intellectuellement et émotionnellement.

ça aurait été potentiellement plus convaincant en roman, avec plus de temps pour développer. mais le monsieur a très envie de cinéma, et tout est soigné avec ses 18 balles de budget. il y a de très beaux plans, un soin exceptionnel apporté au son, je n'étais pas forcément emballé par les choix de voix off mais c'était des choix forts, chaque second rôle est parfait - rare que tout le monde soit juste à ce point. et le renouvellement des talents fonctionnait, parce que jamais un film financé normalement n'aurait donné le lead à megan northam mais elle était parfaite et très forte, je ne suis pas ultra optimiste pour la suite mais un smash de casting.

alors c'était fondamentalement un téléfilm d'arte (not that there's anything wrong with that), mais c'était un miracle que ça ait été produit et c'était plein de choses belles ou stimulantes.
impossible néanmoins de prendre totalement son envol avec un aussi peu de budget, qui bride l'imaginaire et les possibilités de cinéma pour un garçon qui a manifestement plein d'idées plus couteuses que ce qu'il peut se permettre, et c'est assez triste que ça n'ait pas fait bip à ce point.

bref, dans le négatif et le positif, c'était une magnifique illustration du fait que le cinéma français produit beaucoup / trop de films.

Heureusement que Fingers a ouvert le topic, et de quelle manière. Après je ne serai pas aussi généreux que lui.

Le premier Clapin (J'AI PERDU MON CORPS) était déjà déroutant et inclassable, chapeau au gars. Ici c'est un peu pareil. Ça commence comme une Sundancerie française (Clapin est notre Mike Cahill et Northan notre Brit Marling) qui va zigzaguer entre le body horror, le conte philosophique, le film de possession... Vraiment unique.

Mais au final je me perds complètement dans le - ou devrais-je dire les films. Difficile de rester accrocher à ce train qui part gentiment dans tous les sens.

Mais je respecte la démarche, et j'applaudis le travail visuel. Vraiment le film est sensationnel sur le plan de l'image, des couleurs, de certains cadres. Et d'ailleurs je ne cesserai jamais de m'émerveiller de comment on peut donner une ampleur presque cosmique à un récit par juste la voix et le son, alors qu'on filme tout dans les forêts d'Auvergne-Rhône-Alpes.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Northam (je la surkiffe)