Midnight MassJ'avais regardé
The Haunting of Hill House à l'époque de sa sortie Netflix, et j'en ai gardé le souvenir d'une
stephenkingisation du postulat de Shirley Jackson : autrement dit une version bien plus charnue et moins "pour les fans" du téléfilm
Rose Red.
King est un auteur que j'ai beaucoup, beaucoup lu étant pré-ado/ado et dont je suis largement et salutairement revenu. J'en ai surtout gardé une sensibilité accrue à ses pires travers, notamment la façon dont il poussé à l'extrême, voire même jusqu'à la vulgarité, le fameux concept du "c'est la famille à laquelle il arrive des trucs chelous le plus important"... Parti pris qui nous a surtout laissé le gangbang entre enfants de
It et sa fascination malsaine et toujours grivoise pour tout ce qui touche aux aspects sexués de l'adolescence (même jusque dans ses nouvelles, c'est dire le niveau (mention spéciale à
Apt Pupil qui m'a fait me dire vers 18/19 ans que le mec avait sûrement un très sérieux problème dont, vu le climat ambiant, on aura sûrement des nouvelles via un
#MeToo pas piqué des hannetons dans un futur proche)).
The Haunting m'a fait son petit effet, avec néanmoins un arrière goût un peu amer. J'avais du mal à me défaire de l'impression que malgré la maîtrise ambiante à tous les niveaux (mise en scène, rythme, découpage, écriture), j'avais quand même subi un truc dont l'objectif principal n'était autre que faire pleurer dans les chaumières, que tout le reste n'était qu'un prétexte ténu.
Bly Manor ne me disait rien, estimant que j'avais eu ma dose avec la série précédente, et n'appréciant pas Henry James outre mesure, encore moins
The Turn of the Screw qui intellectualise beaucoup trop la recette éprouvée de l'histoire de fantôme. Plus prétexte à faire le malin en tant qu'auteur qu'à raconter une bonne histoire. Donc j'ai enjambé le truc, et n'ai aucune raison à ce jour de changer d'avis.
Niveau film, de Flanagan j'ai vu
Absentia (bonnes idées, rythme chelou, feeling plus cinéma indé US que vraiment horreur),
Hush (pas grand chose à proposer à part le concept de la meuf mal-entendante) et
Gerald's Game (aka Flanagan qui découvre le filon "kingien"). Aucune curiosité pour
Doctor Sleep, peu importe le medium.
Maintenant, le trailer de
Midnight Mass a bien fonctionné : belles images, une certaine intensité, et rien de l'intrigue ni des enjeux ne filtrait réellement, donc j'ai franchi le pas. Et j'ai vu à quel point Flanagan était maintenant devenu facile à parodier. Quasiment chaque scène est un coup de massue poussant à l'émotion, à tel point que l'horreur finit par complètement s'effacer.
Si Stephen King a poussé à l'extrême la focalisation sur le quotidien perturbé par les éléments horrifiques, tombant dans l'excès inverse du splatterpunk gratuit et dégoutant à la Clive Barker, Rex Miller et compagnie, Flanagan ne fait preuve de plus aucune mesure ni retenue en la matière.
Haunting paraît subtil et délicat en comparaison.
Alors ce n'est certainement pas
mauvais, c'est simplement trop, sans relâche, t'as vraiment l'impression d'être coincé avec quelqu'un qui a juste envie de te montrer à quel point il sait te faire chialer... et pour des trucs assez planplans en plus, les échanges sur la religion et la vie après la mort ne sont ni très matures, ni très informés, on est au niveau des vitraux avec la croix, le croissant, le yin-yang et tout le reste à la fin de
Lost (avec la reprise du passage déjà
cringe AF de
Haunting quand la mère sort à la servante aride et bigote "mes enfants de 8, 10 et 12 ans ont déjà lu le Coran, la Torah, le Nouveau Testament, Dante et Shakespeare donc le sectarisme c'est pas notre came"). Je garde de cette série le sentiment beaucoup trop flagrant d'une tentative agressive de manipulation émotionnelle. Du coup, il y a pas énormément de facettes à considérer, dans ce travail.
Et puis c'est quoi cette tendance, dès qu'il y a un personnage musulman dans un truc un peu consistant, de le faire jouer par des types d'origine indienne (Sayid, Abed etc.) ? C'est trop réucrrent depuis trop longtemps pour être un hasard.