Je trouve votre accueil bien timoré... Pour moi cette saison 2 est dans le droit fil de la première, tout autant maitrisé et toujours aussi jouissive à suivre, et j'ai bien du mal à comprendre le principe selon lequel l'intérêt/l'originalité unique de Mindhunter résiderait dans les interviews de serial killer et qu'en basculant dans une véritable enquête le spectateur y perdrait. Parce que si tel était le cas l'argument de la série serait bien mince.
Film Freak a écrit:
ils ont oublié de mettre une trame perso pour Ford (le truc des panic attacks qui...disparaît en cours de saison).
Art Core a écrit:
La première c'est Holden qui devient un personnage presque secondaire et dont la mini sous-intrigue de ses crises de panique est littéralement abandonnée après deux épisodes. Du coup il n'évolue pas du tout, doute un peu sur le dossier Atlanta mais ça va pas plus loin.
La crise de panique de Holden est pourtant le moteur principal de la Saison 2. La Saison 1 était totalement centrée sur la lutte pour la prise du pouvoir et du contrôle de l'autre (ce que par essence les serial killer recherchent au travers de leurs actes, ce que Holden par nécessité avait besoin d'atteindre pour obtenir les détails qui lui permettent de définir les profils types). C'était particulièrement sensible lors des interrogatoires, mais pas que (il n'y a qu'à se souvenir des rapports complexes de Holden avec sa petite amie). A ce petit jeu il avait démontré une capacité d'écoute et d'adaptation hors norme qui lui avait valu une reconnaissance au sein du FBI sans cesse croissante. Puis brutale dégringolade après cette fulgurante progression lorsqu'il franchit la ligne rouge (le contact physique avec Kemper) par excès de confiance. Toute l'importance de cette crise de panique est alors non pas de savoir quand Holden serait susceptible d'en refaire une, mais en quoi elle impacte l'organisation de l'unité et son propre regard sur sa fonction.
D'où le premier épisode où chacun est sommé de surveiller l'autre, à quoi s'ajoute la réorganisation (changement de patron qui ambitionne de faire de cette unité l'un des fleurons du FBI, ce qui induit le changement perspective et la volonté de ne plus se cantonner qu'aux entretiens mais également d'impliquer dès que possible les profilers aux enquêtes en cours. Il ne faudrait d'ailleurs pas oublier que la série est tiré du bouquin de Douglas et Olshaker, et je vois mal la série mettre entre parenthèses les enquêtes de terrain si celles-ci ont effectivement pris de plus en plus d'importance au cours de la carrière de ces 2 agents). Les entretiens reprennent tels qu'on les avaient vus lors de la Saison 2, pour à mi-parcours basculer vers le cas d'Atlanta.
Et c'est là que les contre coups de la crise de panique se feront le plus fortement ressentir. Holden, afin de ne pas reproduire son erreur, enfile ses œillères et se concentre sur la seule méthode susceptible de trouver le coupable : du profiling pur et dur. Il a un besoin absolu de démontrer que ses capacités de jugement sont inaltérés et que l'épisode Kemper est derrière lui. Sa méthode est la bonne et il détient seul la vérité: le tueur est nécessairement un pervers sexuel, a moins de 30 ans, est noir. Il s'enferre et est finalement l'un des principales responsables du fiasco de cette enquête (la curiosité m'ayant poussé à en lire un peu plus sur les crimes d'Atlanta il s'avère que le mec qu'ils ont arrêtés clame toujours son innocence, qu'il a toujours bénéficié d'un large soutien de la communauté afro-américaine et que les suspects les plus plausibles seraient finalement bien les membres du KKK local).
La Saison 2 est donc une claire régression par rapport à la Saison 1. Le FBI n'a pas amélioré sa technique de profiling (le couple Wendy/Gregg n'est pas vraiment opérationnel), et l'obstination de Holden a nuit aux développements de l'enquête à Atlanta. Nul doute que pour la Saison 3 il devra une nouvelle fois se remettre en question et ne plus croire que le profiling soit la seule voie pour démasquer les tueurs en série. C'est dans ce sens que je vois la récurrence des vignettes de BTK ; aussi puissante soit leur technique, elle ne pourra jamais garantir que tous les criminels soient démasqués (je vois bien la cinquième saison se terminer bien avant l'arrestation de BTK, avec carton final expliquant sa capture).
Cosmo a écrit:
mais je suis surtout curieux de voir les épisodes avec Manson.
J'étais surtout curieux de savoir comment cela pourrait être amené étant donné que Manson ne fait clairement pas parti du panel cible. C'est finalement très bien géré dans la série, l'entretien avec Manson étant présenté comme une faveur accordée à Holden, un entretien "pour le plaisir" où il n'apprendront rien d'utile (la scène où le psy pour enfant s'intéresse plus à la rencontre de Tench avec Manson qu'au cas de son fils renforçant l'aspect fascination morbide des US pour Manson).