
difficile d'appréhender le film en dehors de son statut de petit blockbuster et de son énorme flop : 14m de budget et 300k en salles. c'est la particularité du cinéma, cet art très cher avec certaines oeuvres conçues de a à z pour parler au plus grand nombre. ici, c'est donc un film sur les coulisses d'un sport extrêmement populaire, avec un acteur qui a pris 1m pour jouer le lead, un réalisateur qui a pris 600k (plus gros cachet de l'année), un financement de netflix, une énorme promo. et ça a donc méchamment bidé. il y a plusieurs hypothèses : jamel debbouze ne parle pas trop à grand monde, faire la promo sur france inter plutôt que chez hanouna n'était pas forcément très stratégique, le foot au cinéma ça ne marche pas trop... ou se concentrer sur le business d'un sport dont les fans sont dégoûtés par le business et essayent donc de se concentrer à fond sur les performances n'était pas malin.
personnellement, je déteste le foot, c'est totalement allergique, je déteste ce sport, les joueurs, toute la culture supporter, le business, tout.
et j'avais les pires difficultés à comprendre l'état d'esprit des gens qui ont fait le film. tout est épouvantable. 97% des personnages du film sont épouvantables. il n'y a pas une scène où les mères des uns ne sont pas sollicitées pour se faire baiser par quelqu'un (parfois la grand-mère aussi, mais on sent un véritable enjeu collectif concernant la vie sexuelle des femmes dans la famille des gens et les pratiques incestueuses d'une manière générale). tout le monde est regulièrement invité à se faire enculer, à fermer sa gueule, à bien fermer sa gueule, à bien faire sa gueule putain, et chacun ressent un réel sentiment d'affirmation de soi en évoquant le fait qu'il s'en bat les couilles, frère, frérot, cousin. l'argent est la seule et unique obsession, boussole, raison d'être et de faire de tout le monde. le tout dans une ambiance totalement mafieuse, une culture racailleuse atroce, où absolument tous les rapports humains sont violents, insultants, d'utilisation cynique de tout le monde. tout ça est quand même atroce, extremement déplaisant à regarder.
et c'est donc là où le financement de netflix prend tout son sens : on dirait concrètement un film sur le trafic de drogue, sauf qu'ils négocient un joueur au lieu de négocier une livraison de cocaine. l'enjeu/pretexte narratif fondamental est parfaitement représentatif : debbouze se fait racketer par un mec atroce sorti de prison, qui exige d'avoir 300k de remboursement d'une dette imaginaire, avec des scènes de tortures regulières pour lui mettre la pression. c'est concrètement ce que font les dealers, c'est atroce, je ne comprends pas bien quel spectateur normal est en empathie avec le fait de rendre ce monsieur content en lui donnant 300k (ah oui pardon, il est dit qu'il sort de prison et qu'il en a besoin pour commencer une nouvelle vie) plutôt que faire confiance à la justice de notre pays afin de lui infliger une sévère leçon : une vingtaine d'heure de travaux d'intéret général (avec sursis) ne seraient franchement pas volées.
mais ce raisonnement c'est effectivement celui de spectateurs issus de classes moyennes normales, alors que le film se situe à 100% dans un univers de racailles évoluant dans une société parallèle avec le fric comme seul norme morale - avec des storylines que j'ai déjà lues dans des articles de faits divers se situant dans le trafic de drogue ou le rap.
et donc : je ne comprends pas, tristan & jamel aiment ça ? se disent 'c'est comme ça !' ? disent 'c'est atroce, boycottez ce business monstrueux ?'. ça s'adresse à des gens qui trouvent ça horrible ? ou normal parce que ce sont leurs normes ? ou ils n'ont aucun regard comme les bourgeois du cinéma français qui aiment bien s'encanailler avec ce genre de personnes tout en rentrant bien au chaud après chez eux ? ils le font pour témoigner du moment précis où la culture racaille-mafieuse a totalement pris le contrôle du foot pour alerter ? mais non, jamel a fait toute la promo en disant qu'il adore le foot et les footballers et va au parc toutes les semaines machin. donc je ne sais pas, vraiment.
alors autant lui a le parcours de vie qui peut le rendre sensible au fait d'être né défavorisé en cité et la manière dont le fric peut rendre fou les gens et - surtout - leur entourage, autant tristan franchement... vraiment dur de ne pas voir le phénomène des petits blancs multimillionnaires bandeurs de cité à la romain gavras. on dira pudiquement que ce n'est pas ce que je préfère.
je n'ai pas compris, mais j'ai trouvé ça extremement pénible.
sinon la mise en scène extremement nerveuse est efficace, mais je lis qu'à peu près tous les dispositifs de réalisation, montage, son et le concept sont ouvertement pompés sur
uncut gems.
jamel debouzze n'est pas mauvais du tout mais il est un peu ridicule quand il prend son air pénétré, c'est triste mais bon.
1h59 c'est trop, et je sais qu'ils ont passé 300 ans en montage donc boooon.
mais le smash du film c'est milo machado-graner : le petit garçon d'anatomie d'une chute ! qui joue le fils de jamel. c'est marrant parce qu'il est crédible en petit métisse blanc-arabe, et il est hyper juste, touchant, naturel, charmant. le rôle est artificiellement écrit comme point de vue 'moral' sur tout ce que je disais plus haut, et ça ne fonctionne pas du tout, mais lui est tellement parfait que ça passe. et surtout, les petits bouts sur la relation père-fils m'ont paru justes et intelligents. c'était mon seul lien émotionnel et artistique au film, vraiment la bouée à laquelle je me raccrochais pour me dire que tout ça se déroule dans un pays et une culture avec laquelle j'entretiens un vague lien - et il était vraiment formidable. j'imagine que c'est son dernier film en enfant acteur (il a 16 ans là, donc le prochain ce sera un jeune homme) et je lui souhaite de poursuivre et se révéler à la hauteur, il est super.
sinon, pas compris.