Forum de FilmDeCulte

C'est dommage. L'excellence de la mise en scène, sa gracilité - dans la continuité d'un générique délicieux et laconique qui donne le ton d'une série noire balançant entre une veine burlesque et une autre mélancolique - de la musique de Georges Demeure, des dialogues ciselés, comme on dit, de Nina Companeez, ne sont finalement qu'au service d'un exercice de style trop désincarné. C'est que dans son développement, sa partie action, Deville penche trop délibérément du côté du burlesque, au risque de négliger, avec il est vrai une forme de pudeur, la dimension tragique qui transparaît sur le visage d'un personnage secondaire comme Napo, et qui se règle d'un "Merci Jo", laconique et désabusé, qui touche au coeur mais de manière trop fugitive. L'éternelle malchance de Jo devient une sorte de gimmick fatigant, ou finit par donner l'impression d'une mécanique qui tourne un peu à vide.
Enchaîner un Corneau avec un Deville néanmoins, c'est passer d'un bourrin à un esthète, lequel, en cette qualité, ne s'est peut-être que trop rarement extrait, même pratiquement jamais peut-être, de l'exercice de style, des petites plaisanteries, des bons mots, du ne n'y touchons pas et des mouvements de caméras qui effleurent chastement. Mais s'il y avait un réalisateur pour transposer l'esprit de la série noire au cinéma, et en remontrer aux américains sur le plan de la sophistication, c'était bien lui - en dehors de Melville évidemment. Dommage que les accents de son exposition soient paradoxalement plus tragiques, ou plus mélancoliques que ce qui suit. Disons que c'est son tempérament, mais bon est-ce que le cartoon peut vraiment l'emporter.

avis élogieux de skip McCoy

https://filmsnonutc.wordpress.com/2016/ ... ille-1964/