skip mccoy a écrit:
10. Les amants diaboliques
Souvenir d'un film criminel qui restitue la langueur de l'Italie du Sud sans ennuyer grâce, déja, à une mise en scène d'une précision d'orfèvre. C'est aussi, on l'oublie souvent, l'acte de naissance du néo-réalisme.
Attention, c'est plutôt dans l'Italie du Nord (cela se passe dans le triangle Ferrari, Ravenne et Ancone- pas loin du delta du Po où finira
Paisa 3 ans plus tard. Aussi le coin de Giorgio Bassani).
Un film remarquable, et beaucoup plus incisif politiquement que Rome Ville ouverte de Rosselini (adapter James Cain en 1942; il fallait un courage énorme).
Les acteurs sont aussi extraordinaires (même Juan de Landa dans le rôle du mari).
Même les seconds rôles comme l'Espagnol et la prostituée sont marquants, si réels (bizarrement il y a une densité à la fois sociologue et tragique pas si loin de the Wire).
Le plan du curé avec la cartouchière de chasseur, image de Bunuel que Bunuel lui-même n'a pas réuni à tourner.
La scène du tour du chant est magnifique. Il y a des mouvements de caméras extraordinaires, mais pourtant immédiats et dénués de toute prétention ostentatoire (les zooms arrière sà la caméra suspendue suivis de panotage dans la scène du tour de chant ou de la bagarre avec l'espagnol. Le plan où Clara Calamai navigue en plongée entre les chaises renversées, où le film rejoint brusquement Beckett). Et cette fin, qui identifie mauvaise conscience et la modernité matérielle de la route, de l'automobile, et où la loi est presque une consolation.
6/6