séance extremement amusante : c'était le "marniertoscope", le ciné-club de sebastien marnier au majestic bastille, qui présente dans une salle remplie principalement par ses potes des films qu'il aimait dans les années 90, quand il était gamin. il a bien soigné son petit univers : il y a une vieille télé et son magnétoscope, il a un petit logo avant le film et tout, et il collectionne tous les billets de cinéma depuis 1990 et il présente celui du film du jour.c'est co-animé par l'inévitable renan cros, ça commence par un petit montage maison d'extraits de films (ici, un petit best of de michel blanc) que l'on regarde en mangeant des pizzas distribuées aux spectateurs et livrées par l'établissement d'à côté. il y a ensuite un invité, ici patrice leconte.
je craignais le cringe et en fait c'était trop trop sympa, surtout avec leconte qui est toujours génial, gentil drôle prêt à raconter des trucs et qui met tout le monde à l'aise.
et on enchaine avec le film, avec lequel j'ai le même rapport que marnier : je l'ai vu et adoré petit, ça me faisait bien rire, et j'ai gardé toute mon affection pour cette rareté du cinéma français, cette comédie pure et dure, qui ne se veut ni chic ni décalée mais avec une équipe un peu chic.
et la salle était très receptive et j'étais de nouveau mort de rire hier, il n'y a pas une seule scène sans un bon gag, que ce soit un regard, une réplique, un plan. et une palanquée de scènes où c'est un festival. il y a une énergie merveilleuse, aucun surmoi.
dans la vie j'ai un humour assez moqueur parfois, et j'ai dit mille fois "je ne me moque que des gens que j'aime" et leconte est pareil ici : c'est extremement moqueur mais il les adore tous, la pièce est évidemment nullissime mais il adore comme moi ce showbiz alternatif de ce théâtre populaire bis, qui tourne qu'en province, et c'est un petit milieu si spécifique et si rarement évoqué et d'avoir ce film qui se plonge dedans c'est génial pour moi.
c'est aussi une petite illustration du miracle du cinéma. c'est une petite histoire qui aurait pu être balayée 24h après être née. sauf que c'est allé jusqu'au bout et c'est l'alchimie particulière de l'époque qui donne totalement naissance à l'oeuvre. en l'occurence leconte, son cerveau particulier qui le fait enchainer ridicule et ça. sa relation construite avec les acteurs et le milieu qui fait qu'on lui fait confiance quand il a envie d'une petite connerie inclassable comme ça. et bien évidemment les acteurs : marielle, rochefort, noiret - ce trio de zinzins, ces trois légendes, pile au bon âge, capables de trucs sérieux ou de folies comme ça, cette alchimie qui ne se simulent pas - leconte dit clairement que c'était eux trois ou rien, ça a été eux mais il n'y a plus d'équivalent aujourd'hui pour faire ça, c'était vraiment eux et à ce moment là. il y a aussi catherine jacob, absolument géniale en isabelle adjani du boulevard de 15ème catégorie, qui ne tourne plus au cinéma et même au théatre elle a perdu son jus et le miracle de l'avoir chopée à ce moment-là.
ce n'est pas un grand chef d'oeuvre, ça n'a nullement cette prétention, ça a la volonté d'être un petit film rapide et énergique avec 3 acteurs de légende qui se caractérisent par ailleurs par le fait qu'ils adorent faire les marioles, et ça tient ça, une vraie petite comédie culte qui me fait rire de la première à la dernière minute pour la 10ème fois que je le vois.
jean-pierre marielle qui arrive sur scène, balance une réplique à la con de mauvais boulevard, le public est hilare, il les regarde consterné et lève les yeux aux ciel : ça me fait rire depuis mes 10 ans exactement et j'aurai le même âge qu'eux ça continuera.
pareil pour les injonctions amoureuses radicalement contradictoires de catherine jacob.
et pareil pour mille trucs.