Forum de FilmDeCulte

Voilà c'est fini.

Après une ultime session de pinaillage, à aller revisiter les prises mises de côté, à se remettre en question sur le moindre raccord, à chercher à lisser tout ce qu'il était encore possible d'affiner à l'image et au son, en truquant plus de plans que la décence ne le permet pour une comédie, nous sommes enfin arrivés à une version satisfaisante.

5 minutes et 9 secondes (sans le générique de fin constitué entre autres de vos petits noms que vous pouvez apercevoir ci-dessus), soit à peine plus d'une minute de moins que le rough cut. Mais une minute sur un film qui en fait cinq et qui se compose de répliques balancées du tac au tac, c'est une éternité.

Une éternité faite d'échanges, de vannes, de gags, de punchlines et d'informations qu'il nous aura fallu retirer, pour ne pas dire sacrifier, afin d'alléger un film déjà chargé en la matière. Certaines coupes se sont faites évidentes dès le début, d'autres exigèrent plus de réflexion et souvent des semaines de recul et presque aucune ne fut opérée sans que cela me fasse un pincement au coeur.

On a beau arguer que le retrait de quelques blagues permet aux autres de mieux ressortir, dire au revoir à une réplique, c'était souvent comme abandonner un enfant dans la forêt. Et c'est toute la fratrie du Petit Poucet que j'ai dû rendre orpheline sur ce film, à la recherche de l'équilibre idéal. Un équilibre à trouver aussi en tant que réalisateur, entre les apports de mes collaborateurs et mes propres convictions.

J'en venais à me demander, "suis-je en train de faire un caprice d'auteur ou dois-je avoir confiance dans mon texte?". Désireux de ne pas sacrifier le propos du film au profit de l'efficacité comique et rythmique pure, de faire une oeuvre sans concessions tant que j'en ai encore l'opportunité, je ne perdais toutefois pas de vue que je voulais faire un film qui plaise au public. Mais le premier public auquel je veux que le film plaise, c'est moi.

Plus de deux mois seront passés entre le premier jour de montage et le dernier et, à l'instar de mon équipe sur le tournage, monteur et producteurs se sont battus jusqu'au bout pour m'aider au mieux, me tenant tête sans me prendre la tête, soutenant et conseillant, avec un respect et une intelligence qui forcent une fois de plus mon humilité. Et je n'en attends pas moins de l'étalonnage et du mixage, dernières étapes à venir dans la post-production du film.

Ce processus, à la fois génial et horrible, m'aura également fourni mes premiers retours de spectateurs, réalisateurs, monteurs, scénaristes, hommes, femmes, des gens qui avaient lu le scénario, des gens qui ne savaient rien et même des inconnus, mais surtout positifs et négatifs. Durant ces deux mois, j'ai vu plusieurs montages du film, autant de versions alternatives, comme celles que j'ai pu imaginer pour la première projection, la version où les gens rient tellement qu'ils n'entendent pas la réplique d'après et la version où personne ne rit, un futur fantasmé comme celui que voit Willem Dafoe sur la croix dans La Dernière Tentation du Christ.

Mais maintenant, c'est fini. Tout est accompli. Je suis prêt à être crucifié.

Bring it on!

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bravo mec.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je m'attendais pas à une durée si courte. Envie de le voir.

Tu vas pouvoir faire un copier/coller de ce texte en remplaçant le mot "montage" par "étalonnage". IL ME TARDE.

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Réalisateur de blockbusters d'action français dans une économie maîtrisée d'1h30 max hors générique

Je donnerai une master-class sur le TRUCAGE DANS LA COMÉDIE en avant-programme de ce film.

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Netflix les gars, Netflix.

Héhé t'es la 3e personne à me dire ça...

Pour rappel, Lose Actually faisait 7min.

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je suis curieux de savoir ce que vous avez fait à ce niveau, j'arrive pas à imaginer là.

Laisse tomber, c'est innombrable.
On a transformé des répliques en collant deux prises vocales qu'on aimait bien, on a pris des répliques d'autres prises pour les substituer à celles des prises dont on a gardé l'image, on a rajouté des souffles ou des mots là où il n'y avait RIEN, on a fait un split-screen sur 2 prises d'un même axe pour éviter un flou sur l'un des deux acteurs, on a accéléré des plans, on a recadré des plans, on a stabilisé des plans, on a raccordé deux "scènes" qui n'avaient rien à voir, on a utilisé une prise "ratée" pour remplacer tout un segment qu'on a jarté, etc.
Faudra que je te montre la version intégrale et qu'on regarde la version définitive ensemble et que je te dise à chaque plan ce qui est "feinté".

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Hâte de voir ce que tu as fait de ton script, que je trouve très punchy, mais qui me paraît assez casse gueule à mettre en scène.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Ouais mais ta maman était l'une d'elles, ça compte double.

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On a tranché. Et y a un parti-pris qui passe ou casse.

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Au niveau de la chute ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je pensais plus au choix de cadres et de rythme.

Bref, on fera le post-mortem après.

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Ouais ça m'intéresse !

Fais ta crémaillère alors.

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