Scythe a écrit:
Dans Le jour des mort-vivants par exemple oui. Dans celui-là moins... à la fin par exemple il y a des séquences qui se veulent "choquantes" (au sens premier disons), dans l'optique des films d'horreur actuels. Cet état anodin existe, mais ce n'est pas le seul mode de représentation du gore, il y a un autre qui est plus banal, plus directement horrifique.
Bien sur que ce n’est pas le seul. C’est même assez rare ce que fait Romero.
Oui ça se remarque plus dans Le jour des morts vivants car on peut remarquer également que, au fur et à mesure des films de la tétralogie, les zombis se différencient de plus en plus des hommes. Dans la séquences d’ouverture du premier, il y a un doute, et ce sera la dernière fois ; la différence entre les deux pôles et moins marquée. Oui les scènes sont peut être choquantes dans ce qu’elles montrent, mais pas dans la manière, il y a un regard porté à distance, malgré la présence accrue du gore. Je parle de banalité plus dans le positionnement, dans cette articulation qui demeure légère entre le gore et le récit qui nous guide. Un côté documentariste assez fort, que l’on perd dans Land of the dead, ça rejoint ce que je disais précédemment.
Scythe a écrit:
Sincèrement, je trouve que qu'on est là dans la construction intellectuelle pour justifier des faiblesses, ou en tout cas une forme qui est simplement celle dans la lignée des films précédents de Romero. Parce que la bouffonnerie, je la vois très peu là, en dehors des quelques exemples que tu donnes mais qui appartiennent au représenté et pas au dispositif de représentation. Brain Dead est bouffon dans ce qu'il montre et dans la manière dont il le montre, dans ses plans tordus, ses gros plans grimaçants, ses plans à la con... Par contre, Land of the dead, même sans aller jusqu'à Brain Dead, on est bien plus dans une réalisation distante, tranquille... alors oui il y a de la bouffonnerie, mais ça ne nie finalement guère le sérieux relatif qui constitue la majeure partie du film.
Hum non pas vraiment, je ne prétends pas justifier les faiblesses, j’essaye de partir de l’effet que m’a procuré le film pour essayer de mettre en avant une lecture du film. Je n’ai pas envie de me contenter de dire que c’est plus faible car c’est différent. Tout pat de l’effet quand même, je réfléchis sur les films qui me séduisent, forcement.
Voilà ça appartient au représenté et pas au dispositif, on en revient à ce que j’appelle la limite du film, j’ai juste voulu un peu nuancer ça, la construction du film est un peu plus complexe que ça.
Braindead ? Ouais ça n’a vraiment rien à voir quand même, Jackson rend tout bouffon sans nuances. J’aime bien le délire du film mais ça reste un délire sans véritable sujet, même esthétique, c’est un délire. Romero doit nuancer cet aspect là car c’est un élément critique, il doit donc le proposer face à quelque chose… il doit y avoir un secteur de l’œuvre « réaliste » dans son développement. Braindead est en décalage sur chaque parcelle du film. C’est difficile de présenter un des deux films comme modèle pour descendre l’autre tellement ils sont différents.
Scythe a écrit:
J'ai l'impression qu'on peut justifier tout ratage en disant "c'est fait exprès".
Non, j’aurais pu tout simplement dire j’aime ce film malgré ses faiblesses. Et j’ai dit de suite que je ne défendais pas forcément le film sur un plan qualitatif. J’essaye de pas réduire Romero à un tâcheron, sa méthode peut encore faire mouche je pense, j’essaye juste de comprendre ce qu’il a voulu faire car ça m’intéresse beaucoup.
Scythe a écrit:
Et quand tu dis que le zombi est le négatif de l'homme chez Romero, j'en suis pas sûr - ou en tout cas, s'il était vraiment cela, ses films ne seraient pas intéressants.
Ah bon ? il y a quand même une correspondance symbolique entre les deux pôles non ? Où est l’intérêt sinon ? où est son discours ?
Scythe a écrit:
La satire n'excuse pas tout. Des intentions, toujours des intentions... c'est là où nous divergeons. De satire, je ne vois que des petites touches qui font sourire dans un océan de banalité. Franchement, le film est complètement inoffensif...
Je me répète, je parle d’intention que par le passage de l’effet que ça m’a procuré. Le film aurait pu être plus percutent c’est sur, mais je ne le trouve pas inoffensif pour les raisons que j’ai évoqué. Je ne le trouve pas banal non plus, il n’y a pas une emphase jouissive de la forme mais cela n’implique pas forcement la banalité… un film n’est pas estimable uniquement lorsque la singularité du style est ostensible.
Scythe a écrit:
On en parlait dans un autre fil, mais quand tu parles de recul à propos de 28 jours plus tard, j'ai plutôt l'impression que ça appartient à l'essence post-moderne du film, ce qui le différencie nettement de Land of the dead. La référence, la citation, le collage, le travail des figures et des stéréotypes, tout cela appartient au post-modernisme. Boyle fera un peu la même chose avec Sunshine, que je trouve plus raté, mais on est devant deux films qui appartiennent à deux esthétiques totalement différentes.
Il ne suffit pas d’être post moderne pour pouvoir exister et être respectable, je sais que tu penses pareil (tu n’aimes pas Tarantino)… encore faut il ne pas faire n’importe quoi de ses figures. Il ne me semble pas que Boyle se serve de tout ça, citation, collage ect… pour mettre en place un dispositif formel, comme Rodriguez, mais tu m’intrigues, j’aurais presque envie de le revoir, tu fais chier. Dans mon souvenir les variations s’arrêtent à certaines variations de poncif, la forme n’est pas impliquée ; je me trompe peut être. Mais dans Post Moderne le moderne doit être présent, dans le moderne le classique doit être présent ect… Il ne suffit pas de citer selon moi, il faut penser à comment on cite.
Enfin je comprends plus trop, tu n’aimes pas The Devil’s Reject car il se réduit à une reproduction de figure (selon toi), mais là tu défends le film de Boyle en te basant sur l’argument du postmodernisme. Je suis perdu.
Karl a écrit:
Mais, de ce point de vue, s'ils sont tous autant adaptés à la figure qu'ils entendent représenter, ne dirais-tu pas que pour toi aussi, les soi-disant faiblesses de Land sont compensées par les variations? (de surcroit dans la mesure où tu affirmes que le style est imposé par la figure représentée...?)
Hum je ne crois pas Karl car malgré tout ça je trouve que l’effet produit n’est pas aussi puissant que dans les deux premiers films. L’effet n’est pas à la hauteur des intentions, mais je trouve le film très intéressent quand même. Il me manque de l’intensité.