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En vo Shurayukihime



Une mère privée de sa famille, humiliée, violée puis emprisonnée donne naissance à une fille durant sa captivité, Yuki. Cette dernière sera élevée pour devenir un instrument de vengeance redoutable.


Très intéressante découverte, par hasard, de ce film mine de rien très actuel, qui n’appartient ni au cinéma classique ni vraiment à la nouvelle vague japonaise, c’est un peu un entre deux. Une histoire de vengeance assez classique mais traitée avec beaucoup de singularité, par chapitres qui s’entrecroisent pour bien faire ressentir le poids de la douleur qui mène à la vengeance, un passé de vingt ans qui affecte trop le présent… Ce destin du personnage vengeance, qui nait uniquement pour cette raison, est très bien amené lors d’un accouchement où tout est sensible, où l’on ressent une énorme urgence dans les souffles, les dialogues, les visages, tout ça renforcé par les barreaux de la prison… Un personnage enfermé à la naissance, plus enfermé par ces affects douloureux que par les barreaux véritables, une symbolique très bien gérées.
Sinon au niveau du style on est plus du côté de Kenji Misumi et la violence stylisée par l’emphase, c’est très violent, le sang coule à flot, mais on est plus dans le ludique, comme chez Baby Cart. Il émane pourtant de ces séquences une belle intensité, aucune mort ne se ressemble, tout est singularisé et affecté de manière différente… La mort du premier tueur est superbe : un coup, zoom arrière extrêmement rapide qui nous amène très loin, puis retour en gros plan sanglant avec un cri terrifiant de la victime… Ce processus est assez représentatif de l’esthétique de ce film, qui alterne visuellement et thématiquement entre le passé et le présent, le loin et le proche ect… Tout ça est très bien pensé, bien construit pour que le spectateur se sente bien impliqué, on n’est pas dans une violence qui se répète jusqu’à écœurement.
Sinon je sais pas si c’est reconnu mais de mémoire je crois que c’est le film qui a le plus influencé Tarantino pour Kill Bill, c’est impressionnant, la musique est similaire, le trajet du personnage est similaire, la narration déconstruite en flash back est similaire, y a même des plans qui sont identiques… Très étonné de ne pas en avoir entendu parler avant de cette filiation, ça m’aurait fait voir le film plus rapidement, il trainait depuis un moment en attendant d’être vu.
Enfin bref, c’est très réjouissant. Et j'aime Kaji Meiko.

4,5/6

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C'est pourtant assez connu...si je ne m'abuse, la chanson japonaise entendue dans KB vient d'ici.

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Ouais voilà c'est ça. Bah c'est surement car je m'en fous un peu de ce qu'aime Tarantino, mais malgré moi j'avais entendu parlé de plein de filiations, et reconnus certaines aussi, mais pas celle la.

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Pourtant, QT n'a pas arrêté de le citer en interview.

Bah alors j'avais dû le lire et ça m'est sorti de l'esprit.

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Y a comme une inversion.

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Les classique du ciné de genre japonais continuent à tenir leurs promesses, et même à surprendre, car si les meurtres sont ici très graphiques (giclées de sang rouge vif, membres découpés), ils sont aussi très économisés, comme des flashs pulsionnels au milieu d'un ensemble plutôt sobre, voire terne par moments (tout ce que le film essaie de rattacher à l'Histoire et à la politique est par exemple pas toujours très adroit).

Le plus désarçonnant, cependant, c'est de voir combien le film est déceptif par rapport à la vengeance. Déjà parce qu'il brouille très vite son programme attendu, qui suivrait simplement son héroïne de case en case, cassant la pureté de la quête par un passé parasite, ou par l'avenir qui déjà se dessine (la légende de la tueuse qu'on écrit et romance en direct, ce qui influe sur les évènements). Mais le déceptif est surtout l'affaire de meurtres auxquels on enlève leur part de jouissance, et ce dès la première victime qu'on aborde via sa fille, sa vieillesse, sa maladie... Le geste meurtrier est sans cesse entravé, frustré, jusqu'à ce dernier affrontement sans élan à la construction très hachée, qui va presque jusqu'à s'interdire un final en apothéose pour ne garder du face à face que l'amertume.

Beaucoup de maladresses (des tentatives qui ne sont pas menées assez rigoureusement pour impacter, comme la toute fin, pourtant prometteuse), mais aussi de belles surprises, et un vrai regard posé sur cette histoire a priori très basique.