Forum de FilmDeCulte

L'image des deux amants qui se purifient en passant sous la cascade - même si les paroles de la chanson hors-sujet, comme le jeu un peu automatique des acteurs à ce moment-ci, n'aident certes pas à bien à dégager la puissance d'un tel tableau (j'avoue que ces dernières secondes sont pas ce que je préfère dans le film : ça a un goût d'émancipation enfin permise de la femme moderne et indépendante - et du nouveau couple 60'/70' qui va avec -, plus que de révélation cosmique... Passer d'une figure maudite à une figure hippie, c'est évidemment pas très excitant). Mais il reste que dans la logique de violence exponentielle qui dessine la colonne vertébrale du film, le soulagement présenté ici n'est pas tant celui d'un ordre retrouvé que celui d'une première respiration des survivants épuisés après le massacre. Si tu exclues cette dernière image, ce qui domine ce final c'est l'amertume, et une tristesse qui renoue en partie au tragique : on en arrive à quelque chose qui relève de la politique de la terre brûlée - il aura fallu que tous les leurs meurent pour qu'on arrête enfin de leur tirer dessus. Le dernier geste de Crawford, avant de partir, est de jeter le flingue qu'elle avait dégainé en ouverture, quand elle sent enfin qu'elle n'aura plus besoin de l'utiliser pour se protéger d'un monde qui veut sa peau.

Juste après le duel final, quand la tension retombe enfin, et que Crawford lève la tête, pour faire face à cette image évoquant quelque chose de presque tribal, de l'ordre de la chasse à l'homme :



Il y a une sorte de face à face, qui relève certes sans doute aussi à l'époque d'une vision du maccarthysme (avez-vous eu assez de sang ?), mais qui élève en tout cas l'affrontement à quelque chose de plus vaste que l'étude psychologique de la romance contrariée. Vraiment la question de savoir si cette femme a le droit de survivre. Si le monde accepte son existence.