Je m'en suis fait trois pour l'instant. Les trois premiers, tout simplement.
Dr No : Quand j'étais gamin, et que j'étais très fan de James Bond, ce film, que je n'avais vu qu'une fois mais qui m'avait marqué, avait une sorte d'aura mythique. Parce que c'était le premier, d'abord, puis parce qu'il y avait Connery, dont on n'arrêtait pas de me dire que c'était le seul, le vrai, l'unique interprète du rôle. Et puis il y avait ce méchant mystérieux qui donne son nom au film, et qui apparait au bout d'une heure 10', avec ses mains d'acier qu'on ne distingue pas très bien. 25 ans après l'avoir vu la première fois, ce qui choque d'emblée c'est la cheaposerie de la chose. Que c'est fauché, je ne m'attendais pas à ça du tout (violence du contraste avec Skyfall !) ! Du coup, il ne se passe pas grand chose, et quand ça se passe c'est minimaliste à souhait. Le seul grand exploit de Bond là-dedans c'est de s'échapper d'une cellule par un conduit d'aération. Quand à Dr No, paie ton pétard mouillé de méchant sans atout qui meurt comme une merde (le mec a quoi ? Trois scènes ?). Et Connery ne tient pas encore tout à fait le perso. Après, y'a un petit charme désuet kitch, c'est amusant de voir comment le film pose les bases de la série, Andress est ULTRA bonne... mais la valeur de tout ça est plus historique qu'autre chose. 3/6
From Russia woth Love : La Méga Surprise ! Je l'avais vu une fois gamin, mais il ne m'avait pas marqué (à part la lame dans la chaussure de la vieille lesbos à la fin). J'aime bien l'intrigue, mais c'est surtout l'angle explicitement sexuel sous lequel elle est abordée qui m'enthousiasme. Soudain, les motivations des personnages prennent une toute autre dimension. Pour tout dire, je trouve le film totalement libidineux, jalonné de sous-entendus tellement cash qu'ils en feraient rougir un Hitchcock. D'ailleurs, si l'influence de ce dernier sur la saga est évidente, on se rend compte avec ce film-ci (par ailleurs admirablement réalisé) de l'apport considérable de Fritz Lang, pas seulement celui des Mabuse et autre méchants mégalos et grandiloquents, mais celui du Tombeau Hindou, et de ses personnages totalement obnubilés par le cul. On perd beaucoup avec Craig de ce point de vue là (bon, mais on gagne peut-être autre chose, on verra...). Quant à la fameuse "écriture cinématographique" qui avait tant séduit Bresson dans L'Espion qui m'aimait, je la trouve déjà présente. J'ai vraiment l'impression - pour le moment - que c'est une constante de la série qui impose sa propre esthétique indépendamment des réalisateurs, même si ça tend à se diluer d'un épisode à l'autre (même chez Mendes, il en reste quelque chose). Puis il y a enfin de l'ampleur, du budget, les scènes d'action sont mortelles, l'humour fonctionne parfaitement (éclat de rire quand il déboule en mode bas-les-couilles dans le bureau de Moneypenny tandis que M y cherche un dossier), c'est bourré de trouvailles visuelles simples mais excellentes (le générique est sublime) et Connery en gros macho queutard (en gros la seule chose qui l'intéresse dans sa mission, c'est de se faire la meuf) est juste génial. 5/6
Goldfinger : Celui que je préférais étant môme. J'avais lu ça et là que c'était pas si génial en fin de compte mais en ce qui me concerne, ça fonctionne parfaitement. J'ai adoré. J'aime d'abord l'aspect prototypal de la chose, c'est vraiment l'opus qui définit le reste de la saga, qui en pose toutes les règles. Je kiffe l'intrigue, le plan à la fois dingue et tout con de Goldfinger, personnage qui me plait aussi beaucoup tant il a un côté un peu minable, mesquin qui contraste avec son importance. J'aime les gadgets et les idées de mise en scène très simples pour les filmer. D'ailleurs une fois de plus, c'est réalisé avec beaucoup d'inventivité, y'a plein de raccords très drôles. En fait, je suis sensible à chaque truc mythique du film : la bagarre du début avec le reflet du mec dans l'oeil de la nana, la chanson, la meuf couverte de peinture dorée, l'Aston Martin, le laser, Oddjob, Fort Knox etc... Mais il y a une chose que je n'avais pas saisi gamin et qui pour moi fait toute la saveur de ce film-ci, c'est la quasi inutilité de Bond, qui foire tout ce qu'il fait, qui bousille tout et manque de tout faire sauter (fin énorme !). La seule chose déterminante qui lui permet de déjouer le plan de Goldfinger, le seul véritable enjeu... c'est de se taper Pussy Galore. Bref ça tue. 5/6
Pour l'instant, je suis à donf, je retrouve la fibre fanboy de mon enfance et que j'avais bien oublié. Du coup, je pense me faire tous les Connery.
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