Forum de FilmDeCulte

Sortie le 5 avril

4+/6

LE RETOUR DE LA VENGEANCE DU BURLESQUE


À quoi doit-on qu’on se méfie toujours du retour du burlesque? À sa disparition brutale du champ du cinéma parlant? À ses accents théâtraux? À sa récupération télévisuelle? Aux "cons de mimes" de La Cité de la peur? À Roberto Benigni? L’horreur comique, sa démesure à hauteur de clown, n’a en tout cas, en l’état, plus grand-chose de moderne. Et ce n’est pas la moindre des qualités de L’Iceberg que d’oser malgré tout s’y jeter corps et biens, premier degré, méticuleux. Une heure trente de grimaces savantes et de désarticulations millimétrées… La bonne surprise c’est que cette minutie de la torture bouffonne, de la chute clownesque et des gaffes au cordeau fonctionne ici à plein, sur un mode actuel, à la croisée de Tati et Keaton, mais à sa manière propre: à l’économie de mots, mais pas non plus muet, à la rigueur comique, mais pas au mécanique, à l’engrenage de gags, mais pas Vidéo Gag. Autrement dit on rit beaucoup et jamais ne s’emmerde.


L’ÉVASION COMIQUE


Pour filmer l’humour au travail, Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy s’y sont mis à leur tour. Peu fortuné, L’Iceberg en témoigne pourtant: pas compilation de courts comme on pouvait le craindre, pas cheap non plus, ni même s’essoufflant sur la durée, le film tient le cap tout son métrage durant. Exploit d’autant plus louable qu’il part lesté: tentation de la vignette drolatique, risque de surcharge visuelle (un bonheur d’accessoiriste et de costumier), claustrophobie qui guette… Par miracle s’y produit justement l’inimaginable, la grande disparue du cinéma comique (à quelques rares, et bizarrement souvent belges, exceptions près, Aaltra en tête): l’évasion. Une fois installés en leur univers d’accumulation comico-dépressif, les protagonistes de L’Iceberg dépassent ainsi leur simple condition de pantins et, bug délectable, se piquent de rêver d’horizons. Ici l’amour s’infiltre, la poésie itou. On s’éprend d’un marin, taciturne bien entendu, et puis on prend le large. Vogue donc le carton-pâte. Adieu boulot de veau, enfants vachards, cochon de mari. Bonjour lune, mer, passion. Et du coup rires émus - et avec grand plaisir.


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Tout simplement un pur moment de grâce, rare comme il y en a en ce moment au cinéma, une bonne façon de se ressourcer et de ressourcer le paysage cinématographique du moment. Un film fraie, d'une vrai intellligence, des plans qui marquent, un humour décalé qui forme une poésie trés douce , tout en abordant des thèmes trés interessant, à savoir comment la fantaisie peut elle coexister avec le monde contemporain. Bravo pour ce premier film, réalisé haut la main !

5/6