Tom a écrit:
Ca me semble pas très vrai tout ça. Des famines, des épidémies, la France médiévale en a connu en veux-tu en-voilà. Les temps de guerre étaient peut-être exaltants pour les adolescents de l'époque, parce que c'était leur adolescence, ca restait une pression violente - pour revenir à l'exemple de mes grands parents, côté non-juifs, c'est plusieurs copains fusillés sans être résistants ni rien. Tu remontes au début du siècle, c'est pas de congés payés. C'est la tuberculose qui emporte plusieurs enfants chaque année. En Bretagne au début du siècle, c'est les gamins qui quand ils ont fini l'école publique, embarquent à douze ans sur un bateau et sont balancés en mer pour le restant de leur vie...
Je veux bien croire que le tissu social, l'humanité de la société s'est dégradée, mais je ne me sens pas une seconde de cracher sur les évolutions que ce siècle ont permis, je n'aurais pas voulu vivre avant. Je trouve juste dommage qu'on ait pas su préserver, améliorer, tirer le meilleur de ces bénéfices enfin acquis.
"Plusieurs copains fusillés" : c'est triste, certes, mais tu avoueras que ça reste des exceptions, la très grande majorité de la population en France n'a pas souffert, je dirais même que nous avons été les plus épargnés d'Europe (à Londres les anglais ne subissaient pas l'occupation mais des pluies de missiles, ce qui me semble bien plus terrible).
Ensuite, je ne crache pas non plus sur toutes les évolutions de ce siècle et je ne dis pas qu'il fallait mieux vivre avant. Ce que je dis, c'est que la vie n'est pas à mon sens plus simple ou facile aujourd'hui. Elle l'est peut être en ce qui concerne les besoins vitaux, le confort, et encore, ça ne concerne qu'une petite partie de la population mondiale (ah sinon, petit hors-sujet, j'ai appris il y a quelques jours que mon petit village lorrain n'avait eu l'eau courante qu'au début des années 60 ... ! Ça m'a choqué sur le coup), mais pour le reste, c'est sûrement plus difficile, et ce parce qu'on doit maintenant prendre de vrais choix et se battre tous les jours pour devenir ce qu'on souhaite devenir (ou ce qu'on aurait dû être).
Tu me cite les enfants bretons du début du XXe siècle, ou encore ceux qui trimaient dans les mines, je veux bien croire que c'étaient les boulots les plus difficiles du monde, c'était dur, on mourait jeune, mais je pense qu'on s'y fait quand 99% de ses semblables subissent la même galère, quand on a le sentiment de faire quelque chose de "normal". Aujourd'hui ces boulots merdiques existent toujours mais ne sont clairement plus acceptables. On ne peut pas trimer ou galérer dans des blocs de bétons minables sans taf si on voit quotidiennement (dans la rue, dans les médias) des gens gagner plus.
Je ne suis pas sociologue mais je dirais qu'il y a plus d'exclus qu'aujourd'hui, et que le fossé s'est largement creusé.
Et puis il n'y a pas que des exclus au niveau économique, il y a aussi au niveau social, familial. Je ne pense pas qu'il y avait autant de gens seuls, et notamment de vieux seuls, avant.
Encore une fois, je ne m'appelle pas Michel Houellebecq, je ne suis absolument pas passéiste non plus, je conteste simplement les vieux qui expliquent qu'ils méritent tous leurs avantages (et pas nous) parce qu'ils ont vécu une guerre ... Non mais franchement, ça a duré 6 ans, et après c'était pouet pouet tralala plein emploi vie qui s'améliore (je préfère être dans une situation avec peu d'avantages mais qui s'améliore, que dans une situation avec plein d'avantages mais qui s'écroulent) bon esprit général et mort juste au moment où ça commence vraiment à sentir le sapin, nous on risque de se taper un climat de sinistrose durant un certain temps.