10h14 Stockholm. Un homme masqué braque un bureau de poste. Johansson et Jarnebring, de la Brigade des moeurs, sont les premiers sur place mais le fuyard leur échappe. L'enquête officielle piétine, pourtant nos deux compères s'accrochent et font des découvertes gênantes.Du peu que j’ai vu de Widerberg, j’aime bien le côté polar de sa filmographie. Polars souvent adaptés de romanciers suédois à succès et qui sont assez intéressants par ce style très nordique qui change et surtout un vrai savoir-faire de Widerberg qui accouche de films rythmés et super bien foutus. Après
Un flic sur le toit, classique du cinéma suédois avec se dernière demi-heure étourdissante, on a avec
L’Homme de Majorque une nouvelle adaptation d’un roman de Sjöwall et Wahlöö. Widerberg a beau être super talentueux, il est insupportable et ingérable sur un tournage au point qu’après
Un flic sur le toit, qui est pourtant le succès suédois populaire des années 70, il n’a pas pu tourner pendant 7 ans se mettant les studios à dos pendant cette période.
Et c’est donc avec
L’homme de Majorque que Widerberg relance sa carrière. Vu en DVD mais j’ai eu la surprise de découvrir qu’il était disponible sur Netflix. On est dans du pur Widerberg. Film rythmé, personnages attachants, thématique sociétale et comme dans le flic sur le toit une musique originale à base de percussions qui m’a bien fait accrocher. Niveau mise en scène, Widerberg a plein de petites idées sympas qui hausse le film au dessus du polar lambda. Puis niveau scènes d’action il assure vraiment. Il faut voir ce braquage qui dure 10 minutes et cette course poursuite clairement inspirée de Bullit mais à la sauce suédoise. D’ailleurs sur cette poursuite, Widerberg avait l’autorisation de la mairie de Stockholm pour le matin car peu de traffic. Widerberg était déçu par le peu de voitures et a donc fait un tournage sauvage l’après-midi avec un traffic dense et vu les images du film, je ne suis pas étonné des témoignages des acteurs qui ont eu une bonne frousse.
Il y a aussi une dimension politique et sociale de la suède de l’époque, propre aux romans de Sjöwall et Wahlöö, qui est sympa et le tout est surtout mené tambour battant. Par contre, là où le film se loupe un peu, c’est dans la résolution de l’intrigue politique qui est un peu confuse à l’écran. C’est dommage car pour le reste le film assure vraiment et la résolution un peu fouillis de l’intrigue frustre. Car les polars de Widerberg, c’est un réalisateur talentueux qui n’hésite pas à rivaliser avec Hollywood et qui ne joue pas petit bras sur ce plan. Rien à voir au niveau budget évidemment, mais l’ambition est là et la seconde partie d’un flic sur le toit en est le meilleur exemple. Bref, Widerberg compense ce savoir-faire par des idées et un vrai talent. Au final, ça donne un étrange mélange entre polar typiquement nordique et le gars qui n’hésite pas à réussir des scènes d’action spectaculaires à l’américaine. Il y a un certain charme qui émane de ce cinéma hybride et le rend assez attachant.
A tenter pour les abonnés Netflix.
4/6