cette affiche totalement bland, qui ne dit rien, n'évoque rien, ne fâche personne.les biopics m’emmerdent, mais
ferrari m’oblige à faire sauter mon blocus quasi-total mis en place depuis
the imitation game donc je me suis dit que j’allais en profiter pour essayer de voir 2 ou 3 trucs.
puis la proximité avec les oscars, le fait d’avoir revu
rain man et
venus beauté m’a orienté vers ce lauréat que j’avais totalement oublié.
donc go.
ça a eu l’oscar du meilleur film. j’ai beaucoup aimé les oscars, et je me rends compte que j’ai un peu la même relation qu’avec la démocratie en générale. à un moment j’y croyais à fond. même quand j’étais pas d’accord, je me soumettais à la sagesse populaire (comme ici en 2001 face à
moulin rouge, donc). puis des résultats aberrants qui mettent carrément en colère (
crash devant
brokeback mountain, hein). et puis à force, une forme de divorce ou au final tu dédramatises considérablement l’importance des résultats, jusqu’à une certaine (totale) indifférence. la question que me pose désormais c’est est-ce que l’intérêt revient à un moment ? toujours est-il que ce lauréat là est intéressant. ce n’était pas la premier (et surtout, il n’a pas eu beaucoup de successeur) mais il marque le début de la domination des biopics dans les films prestige pour adultes. ce n’est d’ailleurs pas un mauvais, l’histoire est intéressante et elle est plutôt bien racontée. et c’est tellement hollywoodien, (ou plutôt, rendu hollywoodien une fois purgé de tout ce qui ne collait pas). c’est totalement dénué d’aspérité artistique, de complexité, la maladie mentale résumée à un combat la volonté contre les circonstances. le film a disparu de la mémoire cinéphile mais il est sur paramount et netflix où je suis sûr qu’il fait de bons scores, 8,5 sur imdb avec 1m de votes, les gens intelligents mais pas cinéphiles qui trouvent que c’est très américain mais c’est un bon film, une belle histoire. mais la victoire du film était aussi un symbole de son époque, quand le collège electoral était relativement réduit et vieux et tenu par des gens qui avaient travaillé dans l’industrie à une toute autre époque. avec les diversity rules le film ne serait même plus eligible aujourd’hui, 98,9% de blancs à l’écran, 1 seule femme avec un rôle parlant, une équipe à 87% composée de white dudes. c’était leur vision d’un bon film, ce n’est plus la notre, difficile d’être trop sévère mais difficile d’être intéressé aussi.
le plus interpellant est surement l’oscar du meilleur réalisateur pour ron howard. le cassage de gueule total de sa carrière clôt un peu le débat de savoir si c’était le meilleur réalisateur de quoi que ce soit, mais c’était intéressant comme le mec était un a list total de l’industrie tout en ayant aucune signature, aucun autre talent que celui d’un super chat GTP humain, reproduire efficacement ce qui existe déjà. ici, c’est vraiment du cosplay spielberg, c’est propre et bien cadré, mais vraiment sans aucune ame ni artistry ni vision ni rien de ce qui fait un meilleur réalisateur. baz luhrman n’était même pas nommé, rires si ca n'était triste à pleurer.
russell crowe était bien nommé mais ne l’a pas eu (face à sean penn en héritier des vieilles nominations désormais obsolètes pour
i am sam et de will smith pour les nominations de biopic pour
ali, mais c’est denzel pour training day qui l’a recu, propre). heureusement parce que je le trouve franchement ridicule, la performance à oscar où on en fait des caisses pour l’académie, génant.
mais jennifer connely l’a bien eu en second rôle, et c'était vraiment une insulte aux femmes et aux actrices. elle n’a rien à jouer à part « la femme de », le genre dévoué qui reste avec son mari pendant la maladie alors que 70% des mecs se barrent quand leur femme est malade. donc c’est une jolie trentenaire qui n’a pas de personnalité à part être amoureuse même si c’est parfois dur, c’est elle comme ça aurait pu être n’importe qui, qui aurait fait exactement la même chose, l’absence totale de tentative de lui écrire quelque chose à part 2 scènes de 30 secondes en mode émotion et en mode crise pour laisser le choix de l'extrait à passer pendant la présentation des nominations est une insulte. un oscar ridicule mais qui en dit long !!!!
il a aussi eu meilleur scénario, et là encore la carrière antérieure et postérieure d’akiva goldsman en dit long (même si scénariste à hollywood c’est vraiment une saloperie et je sais bien qu’ils font ce qu’ils peuvent comme ils peuvent quand ils peuvent). ce n’était pas illégitime, le film est totalement dénué de profondeur ou de complexité mais ce n’est pas dans le cahier des charges de qui que ce soit, au contraire on lui demande de transformer quelque chose de complexe en quelque chose de binaire et il le fait, une histoire sur 40 ans en film de 2 heures et il y arrive efficacement, des êtres humains compliqués en caricatures hollywoodiennes et il s’y emploie. c’est sans intérêt dans l’absolu, mais c’est intéressant de voir les normes de ce qu’un milieu à un moment donné considère comme étant « de qualité » alors que ça ne l’est pas (assez hâte que les normes actuelles de « qualité » des commissions françaises changent un peu, mais passons).
tout ça est déjà est beaucoup trop long donc je passe sur les nominations de james horner (tellement pompier… !), meilleur maquillage (ridicule, d’autant qu’il y en a des ratés et que la gestion aléatoire du vieillissement est clairement un fail du film mais c’est vraiment prosthetic de petit vieux à la fin dans un biopic == nomination aux oscars !!), et meilleur montage (pourquoi pas, hein, si ça leur fait plaisir).
le plus drôle c’est que le film suivant de ron howard était
de l’ombre à la lumière, une tentative absolument éhontée de refaire le coup, mais que ça a flop, ça a eu 3 nominations anecdotiques. d’un côté ça met en valeur la nature « oscar bait » de celui là dès les prémisses de sa conception, d’un autre ça fait dire que même les oscar baits c’est pas non plus du cuit d’avance, donc quand ça marche en étant fondamentalement carré comme ici ça n'est pas totalement negligeable.
même si c'est beige, quoi