Ceux qui ont lu mes quelques interventions de ci de là notamment en section News & Bandes-annonces vont croire que j'y allais avec l'intention ferme de détester le film. Je peux comprendre.
Mais à vrai dire, sans aller jusqu'à prétendre que les quelques avis postifis vus ici m'avaient fait penser qu'une agréable surprise était possible, j'entrais dans la salle, deux semaines après la sortie, assez indifférent en réalité.
Et bah je m'étais pas trompé en fait...
Mes craintes se sont confirmées dès le départ. Dès le TOUT DEBUT putain...
Juste après le logo Dimension, on a droit à un carton avec une citation.
Alors déjà, cela peut-être prétentieux de commencer ainsi si l'on choisit mal son texte, c'est un exercice dangereux DE BASE, et ici il est d'autant plus maladroitement exécuté qu'il s'agit d'une citation de...Samuel Loomis, à savoir le docteur FICTIF qui s'occupe du cas de Michael Myers.
Et donc la citation est tout aussi fictive que lui...ce qui aurait pu ne pas être gênant si elle avait un réel sens...là ça tombe juste comme une espèce de pub, de tagline vulgaire censée annoncer la couleur...
...et bien ça le fait : le film sera vulgaire. Il baignera, se VAUTRERA dans la vulgarité.
BOOM : le titre apparaît sur l'écran.
Et BOOM : premier plan avec le carton "Haddowfield, Illinois, 31 Octobre" (tous les acrtons du film apparaîtront de la même manière super brute et quasi-ridicule). Avec BOOM : un gros morceau de métal.
Rob Zombie ou le mec incapable d'écrire une ligne de dialogue sans foutre une insanité dedans...alors OK, j'en vois venir déjà avec leur carte du "c'est son style, etc, on adhère ou pas", ce à quoi j'aurai envie de répondre "oui c'est sûr", mais cette "excuse" s'applique uniquement lorsqu'on est dans un univers à la Rob Zombie.
Or ici on n'est pas dans House of 1000 Corpses ou The Devil's Rejects et cette vulgarité si chère à l'ami Zombie est employée dans une volonté d'expliquer l'univers imaginé par John Carpenter.
Interlude : qu'on clarifie tout de suite un truc, je ne suis pas du tout fan de l'original de Carpenter. Je suis pas le maniaque qui considère l'original intouchable et l'idée de remake comme blasphème, et je conçois parfaitement que l'on puisse traiter une même histoire avec un parti-pris totalement différent...mais la question qui se pose alors est : quel intérêt? (comme dirait Ghislain Vigouroux)
En effet, en cherchant à justifier la..."destinée"...de Myers à travers ce film en ayant recours au plus EVIDENT et FACILE et, encore une fois, VULGAIRE des prétextes (à savoir que le môme Myers a grandi dans une famille de white trash avec un père déqueu qui jure à chaque phrase -on croirait le coach de Not Another Teen Movie-, une mère strip-teaseuse -je suis étonné qu'elle soit pas droguée en plus- et une soeur qui affiche on ne plus ouvertement et gratuitement et VULGAIREMENT -et ouais toujours- sa sexualité débridée, en plus de se faire malmener par ses camarades à l'école, et que donc il se venge sur les rats, les chats et les chiens avant de passer aux humains), Zombie ne donne pas dans la désacralisation du mythe mais tout simplement dans sa vulgarisation.
Je suis désolé de passer pour le mec qui n'a qu'un seul mot dans son vocabulaire mais il n'y a pas meilleure expression.
La première scène pourrait être une parodie du foyer brisé dans lequel même le gamin le plus équilibré finirait par partir en couille.
C'est le parent pauvre de la caractérisation ce scénar (cf. par exemple la première apparition de Danny Trejo qui vient donner son super conseil à Myers emprisonné...bon sang que c'est mal écrit).
Ce que je retenais de l'original qui ne m'a jamais marqué outremesure (découvert sur le tard, après une floppée de slashers, je le trouve assez daté comme la plupart des Carpenter que j'ai vu), c'est cette première scène en vue subjective du tueur qui, dans le dernier plan de la séquence, se révèle être le plus mignon des enfants lorsque ses parents (normaux) viennent lui enlever son masque (normal) de clown et qu'on le voit, image même de l'innocence incarnée, tenir le couteau ensanglanté à la main avec lequel il vient de tuer sa soeur. Hantant.
Ici, on a non plus un enfant mais un ado pré-pubère que l'on volontairement casté gros et moche. La vulgarité, encore et toujours.
Ce film c'est une série de mauvais choix sur mauvais choix.
Tous plus vulgaires les uns que les autres. Parfois c'est juste maladroit (le fameux thème qui débarque comme un cheveu sur la soupe la première fois qu'on l'entend), d'autres c'est carrément nanardesque (le pauvre petit Michael que sa soeur n'emmène pas "trick or treat" et qui reste assis sur les marches devant chez lui, son masque de clown à la main avec en fond "Love Hurts"...parodique, une fois de plus).
E Sherri Moon Zombie qui joue comme un pied.
Et la parade habituelle de gueules du cinéma de genre style "regardez comme je suis cinéphile, j'engage Udo Kier, Brad Dourif, Ken Foree, etc", ça me rappelle Daredevil et ses références gratuites aux noms de divers scénaristes et dessinateurs connus et reconnus...ça ne fait pas un film.
Ce premier acte est pénible.
Le deuxième acte, à l'institut, est légèrement au-dessus. Les entretiens entre Myers et Loomis, sa volonté de faire des masques (même si expliqué super vulgairement là encore), et le meurtre d'Adrienne Barbeau (encore un cameo gratuit), c'est pas trop mal.
La suite, jusqu'à ce qu'il s'en prenne à Laurie, n'est qu'une banale succession sans intérêt de meurtres, digne du pire slasher.
Quand il commence à traquer Laurie, j'ai ressenti un peu de tension, quand il la suit lentement dans la rue, invulnérable, inéluctable, là il se passe quelque chose (qui renvoie directement à l'original).
Et puis très vite, ça commence à s'étirer...Et là c'est juste relou.
J'ai du mal à comprendre où Zombie veut en venir avec ce Myers qui amène le corps d'une autre au pied de la pierre tombale volée de sa mère qu'il présente à sa soeur perdue avec une photo d'eux enfants avant d'enlever son masque.
Je suis comme Laurie. Quoi? Qu'est-ce qu'il ya? Qu'est-ce que tu veux dire, Rob? Je comprends pas.
C'est peut-être ça qu'il aurait fallu développer plutôt que de surligner au stabilo comme un gamin teubé avec son feutre les raisons bidons qui ont fait de ce gamin hideux le Mal Incarné (enfin ça c'est ce qu'il était chez Carpenter, ici c'est juste un mec avec un masque -super l'explication du masque d'ailleurs- et des fringues volées à un camionneur) par le biais de dialogues absolument géniaux ("regardez bien ces yeux, ce sont les yeux d'un pyschopathe" nous dit le Dr. Loomis, vous savez, cet illustre pédopsychiatre cité en ouverture du film).
Derrière ces yeux, il n'y a que le vide, nous dit Samuel.
Et bien devant les miens aussi. Il est vide ce film.
1/6, pour le dérangement.
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