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MessagePosté: 09 Juin 2009, 12:21 
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(j'ai cherché, pas trouvé de sujet)

Voilà, je voulais juste savoir, moi, ce film, ça n'a jamais été possible, encore essayé hier, et bien non, je trouve ça mauvais comme tout, ça cabotine comme rarement, tout est affreusement surligné, lourdingue, alors, même pour l'époque, hein, pourquoi ce film, pourquoi cette icône, pourquoi ces gens qui l'ont vu des dizaines de fois, qu'est-ce que je loupe ?
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MessagePosté: 18 Juin 2010, 00:21 
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Mon cher Boultan, je saurais pas trop quoi te répondre, vu que perso c'est plutôt un film que j'ai vu se faire descendre en règle durant pas mal d'années. Qu'on avait l'habitude d'opposer à Ford, Hawks et consorts, comme un sommet d'académisme coquet. Je l'avais donc jamais vu jusqu'ici, et ben en fait c'est plutôt une bonne surprise (et dans une super copie HD, ca fait du bien putain !).

Image

Certes, ca n’a pas la rigueur et la perfection des cinéastes qu’on offre souvent en contre-exemples, mais ça me semble en fait moins banalement mou que maladroit dans certaines tentatives, et prudent lorsque ca ne se sent pas les épaules de prendre en charge une scène difficile. Il reste qu’il y a toujours de l'invention, constamment.
De manière générale, ce qui fait qu'on a peut-être souvent tapé sur cette mise en scène, c'est qu'elle est surtout occupée à aligner les plans iconiques de façon obsessionnelle (des contre-jours, surtout), un collier de perles de "visions" flamboyantes, autour desquelles tout le reste s'articule avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins d'adresse. Ce plaisir de la virtuosité picturale, de plus en plus évident au fur et à mesure que la première moitié s'écoule, me semble d'ailleurs super anachronique pour 1939, ca m'a beaucoup surpris. Ce genre de trucs :

Image Image Image


Après, le film a un problème : sa découpe.

Je vois une sacrée différence de qualité entre les deux parties, même si tout reste très cohérent. La première, qui glisse du doré d'un âge d'or total (impression de cocon glorieux super bien rendue) au rougeoiement vif de la guerre, façon descente aux enfers, est assez époustouflante.

La seconde, qui n'a pas une structure aussi droite, aussi pure, s'alignant sur le tempo des quiproquos amoureux de ses persos, est efficace mais beaucoup moins enthousiasmante, d'autant qu'il n'y a plus grand chose à quoi s'accrocher : pas un personnage qui ne nous soit pas distant, pas une tentative qui se termine en catastrophe, pas une ligne de fuite vers le futur... La "révélation" finale de l’héroïne, qui fait un peu pirouette, achève d'enfoncer l'histoire dans son constat d'échec. De ce deuxième morceau, je retiens du coup surtout l'ouverture, dans les ruines du manoir et la ténacité de la survie, avec ce personnage les mains dans la boue qu'on a soudain envie de suivre.


Le film est aussi souvent attaqué pour son racisme : y a pas à tortiller, raciste, il l’est. Mais au-delà d’une logique purement idéologique (qui ne m’intéresse pas), ça crée plus de choses que ca ne gêne. Dans ce tableau très charismatique du Sud comme terre originelle, presque mythologique, les Noirs ont une place très étrange, celle d’oiseaux de mauvais augure qui sont comme au courant que tout cela va finir mal. Un plan comme ça, par exemple :

Image

La servante qui prévoit la catastrophe, la gosse qui chantonne de pas avoir trouvé le médecin, jusqu’au comique zarbi d’une scène où un serviteur essaie de tuer le dernier poulet vivant… Là encore, c’est un aspect étrange et passionnant qui se perd dans la seconde partie.

De manière générale, je suis très surpris de l’extrême morbidité du film, et pas que parce qu’il prend plaisir à aligner les cadavres. Cela tient d’abord à la chute de cet âge doré, façon exil du paradis originel, et qui trouve une parfaite incarnation dans la demeure de nouveau riche de la deuxième partie, dorée et froide, jusqu’à ces dernières scènes presque apocalyptiques dans la brume, comme s’il ne restait presque plus rien de la civilisation.
On a encore ici, de manière tordue, un film américain qui se re-fantasme la naissance du capitalisme (ici par la faute des yankees, qui transforment la bourgade figée dans son éternel présent en chantier de travaux où fleurissent les marchands "profiteurs"), jusqu’à en tirer des idées hallucinantes (le souvenir d’un dialogue notamment, devant des travailleurs exploités : « nous nos esclaves, nous les traitions bien, avec honneur » :shock:). Mais le plus glaçant, c’est ce duo entre la fille sans cœur (l’héroïne calculatrice, d’une froideur inébranlable) et la parfaite Mélanie, si chrétienne et charitable qu’elle en devient une sorte de monstre effrayant, imbattable, surpuissant. L’opposition entre les deux permet de tenir le film tout le long de ses deux parties.


On pourrait encore rajouter beaucoup de choses. Que l’envie de voir grand fait du bien, qu’on la sent, qu’elle est communicative. Qu’il est rare de voir un film gérer aussi bien ce parti-pris hollywoodien de ne pas laisser une seconde de film sans musique (il arrive souvent que ça me gêne, là pas). Ou que Vivien Leigh a un surjeu, notamment dans la première partie, qui donne parfois envie de claquer.


Mais globalement, j’en garde une impression très positive, et à la hauteur de sa renommée.

4.5-5/6, pour synthétiser (mais un gros coup de cœur pour la première moitié)


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MessagePosté: 18 Juin 2010, 20:47 
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boultan a écrit:
(j'ai cherché, pas trouvé de sujet)

Voilà, je voulais juste savoir, moi, ce film, ça n'a jamais été possible, encore essayé hier, et bien non, je trouve ça mauvais comme tout, ça cabotine comme rarement, tout est affreusement surligné, lourdingue, alors, même pour l'époque, hein, pourquoi ce film, pourquoi cette icône, pourquoi ces gens qui l'ont vu des dizaines de fois, qu'est-ce que je loupe ?
(Help)


J'imagine que dans 70 ans, on dira la même chose de Titanic, par exemple.

A la base de Gone with the wind, il y a un livre, un sacré pavé, qui a donné ce film fleuve. Après, ce que tu trouves surligné, lourdingue correspond à la réalisation de l'époque et au ton que l'on a voulu donner au film : grandiose (ou grandiloquent si on est pas fan), foisonnant, avec les 2 personnages principaux un peu à contre-courant des héros hollywodiens d'alors, une jolie garce pourrie gâtée et un individu peu recommandable, cynique et sans honneur. O'Selznick voulait faire un monument, un film qui reste dans la mémoire du cinéma; il a parfaitement réussi de par l'histoire, les décors et costumes, les moyens engagés, la musique emblématique et la personnalité/opposition des acteurs.
Je pense qu'on finit par être entrainé par le rythme et l'histoire, à un moment ou à un autre. Perso, je le regarde toujours avec plaisir pour ce que je disais plus haut, l'histoire, les décors/costumes, les acteurs (Gable/Leigh/De Havilland, c'est un cadeau). Même ce qu'il y a d'outré, d'ostentatoire est en accord avec l'esprit du film pour moi.
Ce que tu loupes, Boultan, c'est tout simplement le film; il t'échappe parce tu le vois comme à travers un miroir grossissant et que cette vision t'empêche de rentrer dedans.
De toute façon, on ne peut pas tout aimer dans la vie, hein ?

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"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
Douglas Sirk


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MessagePosté: 19 Juin 2010, 09:06 
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Très bel avis Tom, trés interessant

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MessagePosté: 19 Juin 2010, 17:56 
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Merci ! Tu l'as aimé, toi, le film ?


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MessagePosté: 19 Juin 2010, 18:31 
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Localisation: in Baltimore with Mcnulty
Tom a écrit:
Merci ! Tu l'as aimé, toi, le film ?


C'est un film que j'ai l'impression d'avoir toujours connu. En grandissant j'ai pris conscience de ses nombreux défauts mais sans que cela n'enlève le plaisir que je peux avoir quand je tombe dessus.
Il reste au final pour moi un film à l'ancienne qui montre de superbes tableaux et une certaine vision du sud très très romanesque avec des persos principaux détestables mais finalement très attachants.

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MessagePosté: 21 Juin 2010, 07:17 
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Inscription: 18 Aoû 2005, 21:23
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Perso je trouve l'ensemble vraiment indigeste. Par contre y a ces 2 personnages, vraiment fascinants, et quelques séquences et images bien cultes.


Et pour le moteur : en VF, c'est Autant en emporte le vent.


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