Forum de FilmDeCulte

Inaugurons le topic le plus glamour de l'année...



Deux heures dans une salle de montage avec Jean-Marie Straub et Danielle Huillet, le tout filmé par Pedro Costa dans une sous-exposition perpétuelle... Nom de d'là, ce que ça va être chiant...

... bah non! Je n'ai toujours pas vu un seul film du fameux couple (même si Sicilia!, Fortini Cani et Toute révolution est un coup de dés traînent sur mon ordi depuis un bout de temps... des avis sur ces films?) et je pense pas que ce soit ma came. Pour Costa, j'ai vu La Chambre de Vanda et le dernier, que je trouve enthousiasmants mais finalement assez chiants (non, ce n'est pas contradictoire). Bref, avant d'appuyer sur ma touche espace, j'ai longtemps hésité.

Sans tomber dans la bête leçon de cinéma, le film est pourtant une magistrale leçon de montage (et du coup de cinéma), que tous ceux qui veulent faire des films devraient mater, qu'ils veulent faire du Point Ligne Plan ou du Michael Bay. Même si j'accroche pas au côté jansénistes-bressoniens-masochistes du discours de Straub-Huillet, il n'en demeure pas moins que leur rigueur et leur niveau d'exigence est remarquable. Et un truc tout con qu'expose Straub sur le film comme "idée, puis matière (les lieux, les acteurs, la lumière, la pellicule), la conjonction des deux donnant la forme", devient un truc très beau, très palpable, absolument pas théorique ou intello. En cela, le choix de Costa de les filmer pendant le montage de Sicilia!, donc d'un film tourné en italien, est pas conne du tout : le montage du film devient un montage de pure matière (les intonations de la voix, les mouvements des corps, etc.), jamais de sens.

D'ailleurs, c'est assez surprenant, le couple n'apparaît jamais comme des intellos cinéastes autistes, bien au contraire. C'est avant tout un duo comique, presque burlesque, lui se prêtant sans arrêt au jeu proposé par Pedro Costa (quitte à être dans le surjeu), elle le refusant sans arrêt (et du coup devenant hilarante, à base de "Bon, Straub, quand vous aurez fini d'être dissipé, on pourra peut-être s'y mettre"... oui, dit comme ça, ça a l'air naze, mais oui, c'est drôle). Le film bascule sans arrêt d'un pôle à un autre, d'un documentaire sur le travail de deux cinéastes à une comédie de couple qui s'avère à la fois absurde (le débat sur la couleur d'une chemise qui apparaît à l'écran alors que le film est en noir et blanc) et touchante (d'où le double sens de ce titre que je trouve magnifique, et d'où ce dernier plan sublimissime).

Un truc assez fou, c'est qu'on oublie Costa tout le film, qu'on ne voit jamais Huillet et Straub (ou alors en contre-jour), et que pourtant c'est très incarné et très personnel, et jamais un film de "cinéaste qui filme d'autres cinéastes pour avoir quatre étoiles dans les Cahiers".

Bref, si vous pouvez, matez-le.

La réponse est clairement oui, dans ce film en tout cas. Même si le film ne pose jamais véritablement la question...



Exactement, y a de ça. Avec lui qui peut pas s'empêcher de causer sans arrêt, de théoriser, de grogner sans qu'on sache pourquoi, de faire son malin, et elle qui fait lui ferme son clapet par des phrases sèches et sans détour, comme si elle était sa maman, et de tout recentrer vers un côté plus professionnel, artisanal même...

(putain, une réponse si rapide à un tel topic, c'est incroyable!)

Et tu as vu certains de leurs films ou pas?

coucou

http://theater.kein.org/node/147

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

film drôle et brillant, le meilleur pedro costa, non?

j'adore

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Non on peut pas dire ça quand même, mais j'adore aussi.

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