L'Épée flamboyante en titre VF alternatif.
Verdens undergang en VO,
The End of the World à l'international.
Un scientifique observe au télescope une comète, qui semble se diriger droit vers la Terre. Quelques spoilers (genre...). J'avais quitté le muet danois avec le souvenir plutôt mitigé du
Vaisseau du ciel (film de voyage sur Mars quand même un peu foireux) - et plus encore, j'avais quitté Blom sur le visionnage lointain, mais assurément catastrophique, de son
Atlantis (film sur le Titanic). Et bien j'étais peut-être un peu jeune pour en apprécier les qualités, car ce film-là de Blom est très clairement, et de trèèès loin, le meilleur film danois que j'ai vu de la période.
Pas parce qu'il serait différent du reste de la production : on reste sur cette note froide, neutre, élégante et distante, qui semble interchangeable d'un réal à l'autre ; même péripéties sèches, même ascétisme du récit, même refus d'une rhétorique de l'abondance... La grande qualité du film tient plutôt ici à la façon dont cette note est tenue inflexible sans relâche, d'un bout à l'autre, alors même que l'écran se remplit de choses de plus en plus improbables.
Mis à part un prologue un peu foutraque et bâclé (où l'enlèvement romantique, pourtant typique et prometteur, est traité sans grand enthousiasme),
La fin du monde joue d'une progression assez inhabituelle : plutôt que d'exploiter les répercussions du pitch sur les personnages (sur ce que ça va conditionner des comportements à mesure que la fin approche), Blom se concentre le plus longtemps possible sur la normalité des situations (en s'accrochant pour ça, et c'est plutôt bien vu, au personnage du trader qui ne voit qu'à très court terme). Par exemple, une situation quotidienne a lieu (le prêtre passe parmi ses villageois, une voiture traverse la campagne...), mais dans un coin du plan, dans un recoin de ciel, l'image minuscule de la comète est là, comme un reminder. Cela finit par créer une atmosphère lunaire, un ton de rêveur éveillé, comme un film "dissocié" qui continuerait dans la même image le film réaliste racé (celui du pamphlet social, de la description des campagnes, du portrait de la famille), et le film fantastique (puis catastrophe) qui s'annonce.
Il y a sans doute une petite couille dans la structure : cette belle progression, qui charrie une imagerie marquante maniée tout en doigté (le danse, la mine...), s'écrase un peu dans le spectacle de la destruction. Rien de gravissime, juste quelques minutes où les évènements s'entassent un peu les uns sur les autres, noyés dans la foire aur x images d'apocalypse (plutôt belles au demeurant, malgré quelques maladresse), mais ça suffit pour faire retomber le charme. Il faut attendre le bel épilogue bigot pour voir ce cinéma se remettre sur ses pattes, pour le voir justement recréer tout le vide et l'épure qui est son ADN. Cet espèce de grand rien qui marque les dernières scènes, comme un reboot du film entier après sa tentation du fantastique, ferme l'ensemble avec une étonnante cohérence.
Bref, comme toujours dans le muet danois ne vous attendez pas à être émus au larmes, mais pour le reste c'est d'une tenue et d'une classe admirables. Très bonne surprise, et je parie qu'il est parti pour bien vieillir en tête.
Concernant le DVD : toujours pareil, inexplicablement impec. La vision sans musique fonctionne tout à fait, même si à ce que j'ai pu entendre elle n'a rien de particulièrement honteux.