1 - Est-ce que vous sentez une évolution de votre plaisir et de votre enthousiasme à jouer aux jeux vidéo, depuis le moment où vous avez commencé à y jouer ?
Ouais. Je joue moins qu'avant mais toujours trop, étant donné que je n'en ai plus grand chose à foutre. Le jeu vidéo m'a fait rêver, m'a ému, m'a soigné, m'a captivé, m'a intéressé. Aujourd'hui, il me divertit. C'est déjà ça.
2 - Est-ce que vous êtes progressivement gagnés par l'impression que le jeu vidéo de ces dernières années est de moins en moins bon - ou le contraire ? Est-ce qu'au-delà des questions de qualités, vous voyez une mutation quelconque (dans la disponibilité des jeux, le parc de machines, le nombre, dans certaines tendances ou mode de gameplay...) qui ait pu avoir une influence sur votre passion ? A part une occidentalisation du jeu
mainstream qui le déporte hors de mes terres, et qui l'a conduit à singer Hollywood jusque dans sa logique industrielle (cette manie nouvelle des blockbusters annuels, pratique autrefois limitée aux jeux de sports, quelle horreur) non, tout va bien. Entre les blockbusters, les jeux téléchargeables et les indés, il n'y a jamais eu autant de genres représentés au sein d'une même période. Certes le JRPG est désuet - mais revient doucement - et le point&click, les shoot et l'arcade résistent dans leur coin, mais jeux de plateforme, aventure/action, FPS, TPS, wargame, gestion, RTS, RPG, réflexion, puzzle-games, tous ces genres ont connu des réussites récentes, et sont régulièrement réalimentés. Il n'y a guère que le jeu de bagnoles qui souffre ...
Il y a des tendances qui me déplaisent, mais elles ont presque toutes leurs alternatives, donc bon.
3 - Est-ce que vous parvenez toujours à finir vos jeux ?Si on oublie ce putain de Pokemon Y qui m'a rendu fou avec ses trucs annexes débiles, à peu près, même si ça devient compliqué dès qu'ils exigent de moi plus d'une quarantaine d'heures. Je me lasse clairement plus vite qu'auparavant, et je suis désormais incapable de viser les 100%. Aujourd'hui, je négocie, je rationalise - j
e ne vais même pas me faire toucher, ai-je vraiment besoin d'un autre quart de coeur ? - et je crois que si je continue dans cette voie, je ne vais même plus faire l'effort d'allumer ma console.
Mais comme certains de mes meilleurs souvenirs de jeux vidéo sont liés à l'ennui qu'ils m'ont procuré, je fais encore l'effort d'y revenir, de laisser des secondes chances, et je tolère encore bon nombres de casseroles, telles les quatre vingts quêtes optionnelles de Yakuza 3 qui se concluent invariablement par une baston dans l'open-space d'une énième société-écran d'un gang de seconde zone.
3BIS - Est-ce que vous avez tendance à délaisser les jeux longs pour les indés tout courts ou
(non, tu n'as pas fait ça ?) pour le casual game ?
J'essaie d'alterner jeux exigeants/longs et jeux plus cools/défouloirs. L'envie de m'immerger est de plus en plus rare, mais existe encore (mon seul run de The Last of Us a duré 36h ... )
3TER - Est-ce que l'idée d'un jeu difficile, ou dur à prendre en main,
vous rebute ? Est-ce que vous supportez encore les didacticiels d'une demi-heure ? N'étant ni très doué ni très patient, la difficulté ne m'a jamais franchement attiré. En revanche, je n'ai aucun problème avec les interfaces un peu lourdingues (hey, je suis fan de Metal Gear Solid), alors quand on me propose un didacticiel, je fais l'effort de le suivre. Globalement, je considère que c'est au joueur de s'adapter au jeu, pas l'inverse.
Donc, la difficulté pour la difficulté, très peu pour moi (exemple "récent" : Ninja Gaiden) en revanche quand elle est partie intégrante du projet, ça peut m'intéresser. Je pense évidemment à Dark Souls, mais surtout à Demon's Souls, ou le niveau de rigueur exigé participe d'une opacité assumée et générale : opacité du système de progression, de crafting, de la narration, du background, des décors. C'est un jeu dont tu n'es jamais le héros, et ses terres hostiles aspirent à le rester.
4 - Est-ce que certains genres vous ont lassé, ou est-ce que d'autres vous ont récemment sauvé de la lassitude ? (autopub : c'est le moment d'aller remplir aussi ce topic)Question difficile tiens. Je sais que je ne m'éloigne jamais que temporairement de mes genres de prédilection (qui sont les genres dominants de l'ère SNES/PsOne : JRPG, aventure, plateforme), mais pour le reste, aucune idée. En générale, c'est mon envie de jeu vidéo qui fluctue, pas celle d'un genre en particulier.
5 - Est-ce que vous arrivez à jouer aux jeux anciens ? Même à ceux que vous n'avez pas essayé jeune ? Même à ceux qui datent d'avant votre pratique du JV ? Et plus simplement : en avez-vous envie ? Aucun problème. Malheureusement, ça ne m'arrive plus très souvent (quelque chose comme 3 jeux rétros en 2 ans), mais c'est que j'ai une pratique désormais bien plus passive du jeu vidéo.
6 - Est-ce que la théorie du JV (histoire, esthétique, analyse, sociologie...) pourrait vous intéresser assez pour contrer une éventuelle lassitude, ou est-ce que ce serait pire ? Je n'ai rien contre, il m'arrive de lire quelques trucs sur le sujet, mais ça n'aurait aucun effet sur ma lassitude. Ca me pousserait peut-être à lire plus, mais certainement pas à jouer plus.
Je suis en fait assez partisan d'une lecture light du medium, "pulp" et auto-référencée. Je m'amuse de la résistance qu'oppose le jeu vidéo à toute tentative d'analyse à grande échelle. Tous les débats que j'ai pu suivre quant à sa valeur artistique ont fini de la même manière. A chaque fois que s'est posée la question "le jeu vidéo est-il un Art ?", la même réponse : "On. S'en. Fout". Je trouve que ça définit bien le medium.
7 - Quelle place (en importance, en temps, en sérieux avec lequel vous les considérez) prennent les Jeux vidéos dans votre vie culturelle, ou dans vos divertissements ?Une place beaucoup trop grande putain. Parce que, ouais, j'avoue, je commence à y voir une perte de temps, mais surtout parce que je suis fatigué de voir tous ces jeux passer à côté de leur potentiel. Assassin's Creed est pour moi l'exemple canonique : un peu comme Fred Cavayé qui en raffinant sa formule de film en film semble affirmer qu'entrer dans l'écurie Besson est le seul horizon de cinéma possible, cette série pirate son concept et après avoir soigneusement modélisé un moment d'histoire en 1:1, ne s'en sert que comme toile de fond d'un roman de Dan Brown. J'veux dire, dans le deuxième épisode, on se bat à mains nues contre le Pape. QUI S'EN VA DANS LE FUTUR. Tout ce qui cloche dans le jeu vidéo est là.
+
Bonus : quel regard portez-vous sur la pratique du JV autour de vous (néophytes, nouvelle génération, etc.)
J'aimerais pouvoir tourner la tête sans tomber sur une partie de Candy Crush Saga, mais en vrai je m'en fous. Je n'irai jamais reprocher à quiconque de jouer moins que moi