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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:14 
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Aaaah le film problématique... (enfin, je me comprends)

Donc on connaît tous l'histoire : Bonnaire filme sa petit soeur, autiste, détruite par 5 ans d'enfermement psychiatrique, et oppose les images du présent avec les archives du passé, pour mesurer les dégâts.

Et une fois que t'as dit ça, t'as déjà tout dit. Tu sais très bien ce qui te pend au nez : gros plans DV larmoyants, archives vidéo "sublimées" par des musiques d'ambiance et des ralentis artistiques, sujet Mireille Dumaesque à faire pleurer Margot (évidemment, c'est Dumas qui présentait la soirée spéciale, et qui s'est permis un truc assez monstrueux : après le noir de la dernière image du film, sa grosse gueule en gros plan, avec le son à fond, et la voilà qui gueule "Que démotion! Je vous l'avais dit! On se retrouve après la pub pour en parler!" et là, boum, seulement après le générique, accéléré à la vitesse grand V, pas un nom de lisible, j'ai trouvé ça immondissime)...

C'est docn exactement ça, sujet "inattaquable", tu vois d'avance toutes les critiques parler de "dignité" et de "tendresse"... Et puis on aime tous Bonnaire, elle est simple, on s'identifie facilement, etc.

Pour autant, je peux pas m'empêcher de trouver son film très mauvais, limite détestable, complètement voyeuriste, d'une grande laideur formelle, et surtout sans grand intérêt.

Bientôt, Arte devrait passer Yves d'Olivier Zabat, qui a aussi été tourné dans une institution du même type (et qui a failli aller à Cannes mais, pour la petite histoire, n'y est finalement pas allé, sans doute pour ne pas faire redite dans la sélection avec le Bonnaire). Y'a moyen de mesurer, entre ces deux films, le grand écart. Il y notamment une séquence jumelle, à la piscine. Chez Zabat, on commence par la piscine, et ça pourrait être affreusement voyeuriste, dévoilement immédiat des corps, des différences, des "étrangetés". Sauf qu'on est dans un épais brouillard : une buée persistante empêche d'y voir. C'est indistinct, on sait de quoi il s'agit, le son renseigne bcp aussi, mais on n'est pas dans la monstration des "monstres", comme on peut l'être chez Bonnaire.

Les gros plans violents sur les carnations, les bouches baveuses et les yeux qui partent en couille, les tremblements des mains... je trouve ça écoeurant, je trouve ça trop facile, je ne vois pas ce que ça peut me dire, ni cinématographiquement, ni même humainement. Qu'est-ce qu'on veut faire? Me culpabiliser, moi spectateur qui n'ait pas l'habitude d'assister à tel spectacle, en me mettant le nez dedans?

En cinq minutes, on a compris : voyez dans le passé comme les deux soeur se ressemblaient, et voyez aujourd'hui les dégâts. Je veux dire, on peut le montrer, ça pourrait être une étape de la démonstration (car oui, à ce niveau-là, je n'oserais pas parler de documentaire... de document, p-ê, à l'usage des associations et institutions, pour "sensibiliser" les nouveaux postulants, je sais pas... mais en tout cas, pas de cinéma là-dedans, de la télé chialeuse, de la télé téléthon, oui). Mais tout le film là-dessus, on tourne en rond, on n'avance pas, ça n'avance pas. Et ça trouve évidemment son comble à la fin, où évidemment on montre à Sabine des images d'elle avant. Et là je me suis dit "mais c'est pas possible, c'est quoi l'objectif, la faire chialer et nous la montrer chialant?". Eh bien vous savez quoi? Bingo. C'est exactement ça. En gros plan bien sûr.

C'est que les 5 années d'internement sont un énorme hiatus : c'est la seule chose dont on n'ait pas les images. Apparemment, il s'est passé des choses atroces à ce moment-là, mais l'investigation n'y mettra pas un orteil. C'est seulement une entreprise de culpabilisation, finalement : ma famille et moi, nous culpabilisons de l'avoir mise en HP, les autres familles des autres personnes de l'institution disent aussi qu'elles culpabilisent (cf. la mère du mec casqué) ; et vous, vous allez culpabiliser de ne rien faire pour les autistes.

Je ne dis pas que c'est directement l'intention, mais en tout cas, c'est le résultat. Il y a une phrase que je retiens, qui n'est qu'une phrase, qui n'est jamais poussée, c'est "malgré ma notoriété, il a fallu un an pour ouvrir le centre pour autistes où ma soeur est actuellement" (je cite approximativement).

Ca, elle le dit, mais elle n'en fait rien. Alors qu'il faudrait parler de la politique de santé, des "impératifs" de santé qui font qu'on n'investit pas dans ce genre de centres parce que ce n'est pas productif. Et là je retombe sur mes pattes : Yves, de Zabat, était d'une grande violence sociale, politique, parce que le centre où évolue Yves fait travailler ses pensionnaires en usine et a des objectifs de rentabilité, a besoin de ces objectifs pour exister. Ca va loin...

Mais ça, on n'en parlera sans doute pas, le film va être (ça a déjà commencé, jusque dans les Cahier sous la plume de Frodon) soutenu comme une "belle" preuve de "dignité", etc. Ca me débecte un peu. Et plus encore quand j'apprends ceci :

Citation:
Après avoir signé le documentaire très remarqué "Elle s'appelle Sabine", Sandrine Bonnaire incarnera une autiste dans le premier film de son compagnon, le scénariste Guillaume Laurant. Sandrine Kiberlain jouera le rôle de sa soeur.


En mai dernier, à Cannes, les festivaliers découvraient avec émotion Elle s'appelle Sabine, le premier film réalisé par l'actrice Sandrine Bonnaire. Dans ce documentaire, l'héroïne d'A nos amours nous présente sa soeur Sabine, atteinte d'autisme, qu'elle filme depuis vingt ans. Au fil des images d'archives et des rencontres plus récentes, on découvre ainsi une adolescente radieuse puis une jeune femme dont l'état mental et physique se détériorent de plus en plus. Portrait sobre et tendre d'une soeur malade, mais aussi réflexion sur la prise en charge de l'autisme en France, le film, couvert d'éloges et de prix, a été diffusé sur France 3 en septembre et devrait connaître une sortie en salles début 2008.

D'une Sandrine l'autre

L'aventure n'est pas terminée, puisque, à partir de cette histoire intime, Sandrine Bonnaire et Guillaume Laurant (scénariste entre autres du Fabuleux destin d'Amélie Poulain et époux de la comédienne) paufinent actuellement le scénario d'un film de fiction dont le tournage est prévu au printemps prochain. Guillaume Laurant assurera également -c'est une première pour lui- la réalisation de ce long métrage intitulé J'te souhaite au revoir, et Sandrine Bonnaire jouera elle-même le rôle de la jeune femme autiste, la soeur étant interprétée par Sandrine Kiberlain. Bruno Todeschini et Christine Citti devraient également faire partie du casting de ce film produit par Yves Marmion (UGC).

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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:24 
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Antichrist
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le coup du film de fiction, j'avoue craindre le pire mais je crois que c'est un acte généreux à la base


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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:30 
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Karloff a écrit:
le coup du film de fiction, j'avoue craindre le pire mais je crois que c'est un acte généreux à la base


bah oui, mais ça je m'en fous, l'enfer, les pavés, les bonnes intentions, tout ça... même chose que pour le doc, en fait...

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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:31 
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Antichrist
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ah c'est sur... Perso JAMAIS j'irai voir le film.


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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:40 
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Une chose m'a frappé dans ce film, l'impression qu'il est fait contre Sabine.
La musique qui ralenti plus le film avance, plus le passage se fait entre la Sabine de l'époque et celle d'aujourd'hui, jusqu'à la bouilli sonore. La bienveillance des plans du passé, les sourires de l'époque ensolleillée, puis les gros plans violents de la dégénérécence, tout ça m'a donné le sentiment que Bonaire faisait un film du ressentiment, sur son désamour pour sa soeur d'aujourd'hui et le presque reproche d'être comme ça par rapport à avant.

Le plan où elle joue au piano à l'époque, violemment interrompu par elle qui désormais joue mal, mécaniquement, s'énerve de ne pas y arriver, y'a comme une cruauté de systématiquement comparer les deux Sabines, d'insiter sur le fait qu'avant c'était mieux, qu'aujourd'hui c'est l'horreur et que c'est foutu. Du coup, c'est comme s'il y avait très peu d'égard pour Sabine aujourd'hui dans la manière de filmer. Les plans "bave" sont trop nombreux, trop long, trop insistants, la caméra lui en veut. Puis Bonnaire n'en peut plus d'être toute seule à regréter le passé et à maudire le présent, alors elle installe sa soeur devant les images d'époque et lui fait voir ce qu'elle même n'arrête pas de voir quand elle filme sa soeur, ce qu'il y a eu et ce qui ne sera plus.
Bien sûr ça la fait pleurer et moi là ça m'a touché parce qu'à ce moment les deux soeurs se retrouvent, renouent un contact dans le regret et la nostalgie.

Alors c'est certainement pas le projet de départ, c'est même certainement pas ce qu'a voulu faire Bonnaire et je me doute que ça ne résume pas leur relation aujourd'hui, mais cet aspect là du film prend tellement le contre pied de ce genre de documentaire qu'en quelque sorte le reproche que fait Bonnaire à sa soeur d'être malade m'a étonné.

Et puis y'a ce personnage qui fait des crises d'épilepsie à répétition lors d'une ballade, se casse la gueule 10 fois dans l'après midi, et qui avoue au bout d'un moment "j'en ai un peu marre là".

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Pré Carré


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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:43 
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Zad a écrit:
le film va être (ça a déjà commencé, jusque dans les Cahier sous la plume de Frodon) soutenu comme une "belle" preuve de "dignité", etc. Ca me débecte un peu.


Je suis d'accord, surtout que pour le coup je trouve que le film a un côté "indigne" et que c'est ça qui fait son intérêt.

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Pré Carré


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MessagePosté: 08 Oct 2007, 13:49 
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impudique, aussi, alors que je l'impression d'avoir déjà lu ving tmille fois "d'une immense pudeur", blablabla...

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MessagePosté: 08 Oct 2007, 14:00 
Bon, faudra que je regarde mon dvd-r, des avis contradictoires, voilà ce qui me donne enfin envie...


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MessagePosté: 31 Jan 2008, 22:37 
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Matou miteux
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Localisation: From a little shell, at the bottom of the sea
Je reconnais que le film ne fera certainement pas date d'un pur point de vue cinématographique, d'ailleurs j'ai lu je ne sais plus où la réponse de Bonnaire où, quand on lui demandait quel serait son prochain film de réalisatrice, elle répondait qu'elle ne concevait pas celui-ci vraiment comme son premier film de cinéaste. Ca n'excuse rien mais la démarche me semble assez particulière.

Je parlerai pas de dignité ou de pudeur, avant tout parce que ça m'emmerde. Comme le reproche du manque de dignité ou le manque de pudeur m'emmerde encore plus, que ce soit pour ce film, ou pour plein d'autres, j'ai l'impression (fausse?) que c'est l'argument agité pour un oui pour un non quand tu en arrives à de sujets tels, vite mettons des torchons et des draps sur tout, vraiment, c'est tellement plus digne et plus pudique, et à la fin on fera tous une fête en chuchotant autour de Naomi Kawase. "Digne et pudique" dans certains cas ce sont de jolis mots commodes qui peuvent parfaitement être remplacés par "lâche", et je trouve le film assez courageux.

Jiko parle du côté "indigne" qui fait l'intérêt, je trouve qu'il y a de ça, le regard frontal sur la maladie, le malaise sans maquillage de certaines scènes, la lumière crue sur la transformation physique etc... ça me semble essentiel pour ce que Bonnaire a à raconter, sur le gâchis institutionnel et le dénuement auquel elle se heurte. Je trouve la démarche forte et sincère et c'est en cela que le film m'intéresse.

4/6

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