Le film retrace une obsession, celle de la réalisatrice au sujet de son cousin journaliste suisse mort à 27 ans alors qu'il couvrait la guerre en Yougoslavie. Elle avait 10 ans. Pourquoi pas.
Pour tenter d'élucider les circonstances de sa mort et les raisons qui l'ont poussé à se mettre ainsi en danger, Kofmel, qui est dessinatrice, prend le parti d'une forme hybride, très manifestement inspiré de
Valse avec Bachir, avec passages animés, images d'archives ou l'enquête contemporaine. Le ton est aussi le même: mélancolique et funèbre, planant, ce qui a le don d'irriter car le film donne l'impression de ne faire qu'effleurer son sujet. Petit topo forcément ultra-simpliste pour commencer le film au début sur le conflit en Yougoslavie. On apprend que le Chris du titre avait déjà fait une escapade à 17 ans en Namibie aux côtés des forces sud-africaines. Il y a deux minutes d'interview de Carlos au téléphone, interrogé car une photo de lui se trouvait dans les affaires du jeune homme, qui explique qu'il était un agent secret suisse, ce qui semble être fantaisiste. Qu'importe, la piste n'est pas creusée.
Plus tard, abandonnant sa casquette de journaliste, il intègre un groupe paramilitaire croate composés de mercenaires et de volontaires étrangers, marqués à l'extrême-droite et Kofmel s'en étonne, ne sachant pas trop si elle doit sauver son cousin. Le film prend un peu les aspects d'un
Coeur des ténèbres où Chris fait figure de Marlowe et un certain Eduardo Rózsa-Flores, qui finira assassiné dans une chambre d'hôtel en Bolivie en 2009, tient le rôle de Kurtz. Ce dernier, soupçonné d'avoir commandité - dans le film du moins - l'assassinat de Chris et d'un photographe anglais, a fini colonel dans les rangs hongrois et un biopic hongrois lui a même été consacré en 2001.
Elle interroge un volontaire français, aux airs d'acteurs de cinéma et qui n'a pas connu son cousin mais, j'ai déjà pu le noter, aime volontiers s'épancher sur le sujet au bas de vidéos YouTube ou de discussions sur des pages facebooks (aujourd'hui supprimées). Quelqu'un lui explique que l'Opus Dei fournissait en armes le groupe auquel appartenait son frère, dans la lignée d'une politique voulue par Jean-Paul II qui voulait faire du conflit ethnique un conflit religieux. Kofmel marque un peu de scepticisme avant que l'ancien fixer de son cousin ne lui dise que c'est tout à fait plausible en avançant un argument des plus sommaires (ici c'est le frontière catholique de l'Europe, au-delà ce sont des orthodoxes, après des Turcs). Ok mais on laisse juste ça flotter dans l'air ?
Très maigrelet quand même et presque complaisant, même si c'est sans doute inconscient. Il y a une forme d'ironie dans cette histoire, qui la distingue de
Heart of darkness, qui est de la fiction from the
get-go, où un jeune homme journaliste part à l'aventure, s'engage dans une sorte de milice pour en tirer un livre, meurt uniquement pour qu'à son tour sa cousine artiste s'empare de cette histoire, rentabilisant l'investissement. C'est bien sûr du mauvais esprit, on pourrait ce contenter de dire qu'elle la ressuscite, ou lui rend hommage mais ce serait faux à la vision du film.