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A propos du Garrel :
Azoury, de Libé a écrit:
Alors voilà : la Frontière de l’aube pointa… et le soleil fut. Le vrai soleil, celui qui brûle la peau, inonde enfin la Croisette et incendie l’écran. Le grand Phébus du cinéma de Philippe Garrel, cette flamme primitive inextinguible dont le cinéaste et son film ont porté la torche au cœur du si bien nommé auditorium Lumière. Ah ! Si ce soleil avait aussi pu cramer dans son feu d’enfer les douze trous du cul qui ont tenté de pourrir la projection de leurs ricanements ringards… Ceux-là, décomplexés, nous ramenant vingt ans en arrière (les persifleurs de Duras, d’Oliveira, de Godard) en manifestant devant des effets de fantastique qui, pour une fois, ne provenaient pas de l’industrie du cinéma gore, mais de la littérature symboliste et romantique (Spirite, la nouvelle de Théophile Gautier pour source d’inspiration), du cinéma des premiers jours. Devant des apparitions qui évoquaient l’innocence d’un Murnau, ces cons finis riaient, pour bien faire connaître «qu’à eux on ne la fait pas». Eux à qui on la fait tout le temps. Misère.
Kaganski, des Inrocks a écrit:
Le scandale, c’est un parterre de ricaneurs qui nous a gâché la projection, s’esclaffant à chaque fondu au noir, huant à la fin. Que l’on n’aime pas le cinéma de Garrel, pas de problème, mais pitié, dans ce cas là, que l’on n’emmerde pas ceux qui aiment, que l’on ai la politesse élémentaire de fermer sa boite à camembert pendant le film, ou que l’on ai la décence logique de se casser de la salle ! Il m’arrive aussi de ne pas aimer un film (par exemple, le docu Kustu Maradona), mais jamais je ne hurle ou ne conspue en cours de projo, jamais ! (De plus, il m’a toujours paru étrange de siffler ou d’applaudir un rayon de lumière sur un écran). J’ajouterais aussi que siffler Garrel, cela relève de la lâcheté ordinaire de ceux qui s’attaquent aux faibles. Car Garrel est un petit en termes d’économie du cinéma, il a toujours été du côté de l’art, jamais du côté de l’argent, du pouvoir, du profit ou de la magouille. Ces odieuses nuisances sonores du mécontentement sont l’expression même de la bêtise, de l’inculture fière d’elle-même (ces crétins bruyants n’avaient-ils donc jamais vu de films muets, de films de fantôme, de film de Garrel ?), du "moi je" irrespectueux de ses voisins de rang et de la grossièreté triomphante. Ces minables beaufs de kop de foot sont de l’engeance qui fait les foules lyncheuses ou les collabos, ils sont la honte de notre métier. Cela dit, La Frontière de l’aube est un film suffisamment beau, suffisamment fort, pour passez superbement à travers ces crachats insignifiants, hommages de la bassesse à la noblesse.
Gester, des Inrocks a écrit:
Sublime, vraiment sublime, mais fragile, et la manière abjecte avec laquelle il fut reçu lors des trois projections par les odieuses huées et les ricanements d’une partie de la salle a fait germé en quelques-uns des tendances génocidaires. Public cannois, honte à toi. D’une poésie et une beauté renversantes auxquelles Louis Garrel, Laura Smet et Clémentine Poidatz prêtent superbement corps, le film mérite évidemment tout l’inverse. On est en droit d’espérer que le palmarès de Sean Penn lui rende justice.
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