Je remets mes petits avis. 17 films vus en quatre jours.
J'exclue les films vus au marché (7) mais je rajoute ceux vus avant le festival (7). Ça fait toujours 17. Bref.
Compétition:
SIERANEVADA Quasi trois heures de papote dans un appartement exigu, c'était un challenge, et tant dans le dispositif de mise en scène (longs plans, panos sur axe fixe, portes qui s'ouvrent et se ferment, bref on ne voit plus les coupes) que dans l'écriture, c'est absolument brillant. C'est long, mais on ne s'ennuie jamais. Quelques très beaux moments (dont la messe) et quelques beaux personnages. Après, ça manque quand même un peu "d'enjeu" voire de profondeur.. Je n'ai pas été époustouflé comme avec Winter Sleep ou un Mungiu, par exemple, mais ça reste un gros morceau, savouré avec plaisir. Le film est d'ailleurs une pure torture pour ceux qui ont faim lors de la projo. 4.5/6
RESTER VERTICAL Je suis resté assis. OK, c'est "libre", souvent surprenant, forcément imprévisible, parfois marrant, mais en même temps c'est un grand n'importe quoi, je ne m'implique jamais dans le récit, et ça me passe 3km au-dessus de la tête. Grande déception après L'Inconnu du lac que j'avais beaucoup aimé. 2/6 - m'étonnerait fort qu'il soit au palmarès.
MA LOUTE Mon premier Dumont donc je peux pas discourir sur le bonhomme. Toujours est-il que c'est tout ou rien: on adore ou on rejette. De mon côte, j'apprécie le visuel (beau scope) et "Raph" (??) irradie l'écran à chaque apparition, mais j'ai été consterné par tout l'aspect "comédie", non pas burlesque (où est le rythme?) mais grotesque. Et le surjeu de Luchini et Binoche, là... C'est pas passé. Vraiment pas ma came. 1,5/6
I, DANIEL BLAKE C'est sans surprise, c'est même du 100% pur Loach, époque angry old Ken. C'est certes trop manichéen mais c'est le projet du film, délibérément engagé. Loach dénonce. Et il signe une ode à la solidarité. Les personnages sont beaux et attachants, il y a des scènes fortes (celle dite "de la boite de conserve" est sidérante), et c'est fort émouvant. Pour moi son meilleur film depuis Sweet Sixteen (14 ans, quand même). 4,5/6 - La Palme c'est abusé: non seulement il l'a déjà eue, mais il y avait plus fort que lui, et c'est dommage que le geste politique l'emporte sur l'artistique. Vraiment une Palme décevante même si j'aime le film.
THE HANDMAIDEN/MADEMOISELLE Un chouia déçu (en même temps je ne suis déjà pas fan de Old Boy, le seul que j'avais vu). Drôle de film, inclassable (on mélange quand même drame, comédie, romance, érotisme, gore et contexte historique), absolument flamboyant dans la forme (picturalement dingue, montage, mise en scène) avec une chouette histoire de jeu de dupes et de manipulation. Dommage que narrativement ce ne soit pas aussi virtuose que la forme. La structure rashomonesque donne plus l'impression d'un gros bordel. Bref, j'étais pas à fond, mais j'ai bien aimé quand même. Les deux actrices sont top et terriblement sensuelles. 4/6
LA FILLE INCONNUE Leur précédent est mon préféré donc par contraste je suis un peu déçu, même si ça reste qualitatif à tous les niveaux. Mais le souci c'est que pour la première fois, le sentiment de redite (qui menace depuis toujours leur filmo) m'a gêné. Ça reste costaud, mais c'est celui que j'aime le moins, tout juste derrière Le Gamin au vélo. 3,5/6
THE NEON DEMON Comme prévu, visuellement (et à la bande son) c'est complètement à tomber par terre. Cette fois NWR s'attaque au monde de la mode, des jeunes tops dévorantes d'ambition... Une vraie réflexion sur la beauté, celle glacée et désincarnée des magazines. Un conte de fées désenchanté et implacable, où fond et forme ne font qu'un. Sans être ultra passionnant ça reste un trip fabuleux, et Elle Fanning déchire. Et il vieillit très bien. 5/6
THE SALESMAN/LE CLIENT Je n'en attendais rien et j'ai reçu une claque énorme. Farhadi est un immense scénariste et un grand metteur en scène et directeur d'acteurs. Il retrouve ici le niveau atteint avec Une Séparation. Il s'intéresse cette fois à cette question: que faire quand la violence surgit dans le quotidien? Comment gère-t-on ça dans sa vie, dans son couple? La tension grandissante et permanente donne l'impression d'être devant un thriller (on the edge of my seat durant 2h). Ajouté à cela une exploration passionnante, complexe, subtile, de l'âme humaine. Un grand film, riche, passionnant et supérieurement réalisé. J'ai mis une journée à m'en remettre. 5,5/6 - c'est débile de donner deux prix au même film. Tous les acteurs sont tops mais c'est surtout le scénar que je trouve mille fois mérité.
J'aurais adoré pouvoir voir American Honey, Baccalauréat, Toni Erdmann... Mais ça sera pour plus tard.
Un Certain Regard:
THE TRANSFIGURATION Je vais rien en dire pour pas spoiler (quand tu démarres le film sans rien savoir, ça surprend). C'est pas "mal" fait, il y a une certaine ambiance et du savoir-faire, mais... Dieu que c'est chiant... L'idée est pas mauvaise mais ça ne fonctionne pas du tout. Et surtout, QUI va aller voir ça? L'impression d'un film pour rien. 1/6 pour l'effort
CAPTAIN FANTASTIC Bizarre de voir ce genre de film (comédie US indé babacool) en sélection officielle... Mais c'est vraiment sympa et assez attachant. Pitch casse-gueule mais qui s'en tire bien. Heureusement, quand même, que Viggo est là. Il est.. Fantastique. 3,5/6
La Quinzaine:
NERUDA J'avais adoré No mais détesté El Club donc je n'attendais rien. C'est formidable. C'est poétique, lyrique, symphonique... Comme un long poème qui se finit en western (superbe dernier quart d'heure). L'acteur qui joue Neruda est génial. Excellente mise en scène, très bon montage. Pas fan de la photo (comme d'hab avec Larrain). Belle utilisation de la musique (ah, "The Unanswered Question" de Charles Ives!) et de la voix-off. Très bons dialogues aussi. J'ai vraiment adoré le projet et la cohérence du film, c'est vraiment très réussi, et voir une telle proposition pour un """biopic""" (ou, plus largement, évocation d'un personnage historique), ça fait du bien. Ça aurait mérité une place en compète. 5/6
TWO LOVERS AND A BEAR Là j'ai pas compris. Un jeune couple, ils travaillent dans la neige au Canada (je crois). La meuf est acceptée à l'unif, genre, et donc se casse. Le mec le vit mal et se bourre la gueule. Il parle à un ours blanc, et celui-ci lui répond (!). La fin je sais pas, je suis parti avant #yolo. C'est vraiment à chier. Ou alors j'ai pas compris. 0/6
MA VIE DE COURGETTE Comme espéré: une pure merveille. Instant classic. C'est tendre, drôle, juste, attachant, pertinent, émouvant... La direction artistique et l'animation en stop motion sont remarquables, le casting voix aussi. J'adore et admire la cohérence du projet (faire un film d'animation sur une histoire d'orphelinat... du point de vue des enfants). C'est un grand film sur l'enfance, l'instinct parental, l'adoption... Une magnifique réussite, un film à voir et revoir et montrer à ses enfants. 5,5/6
La Semaine:
VICTORIA Comédie sophistiquée avec un pitch de comédie (une avocate a des emmerdes car elle défend un ami proche), qui scanne un sujet d'aujourd´hui (les mères célibataires, comment gérer vie privée et vie pro?) pour rigoler d'un sujet grave (la dépression). Si on se fout un peu, il est vrai, des diverses péripéties juridico-sentimentales de l'héroïne, on se délecte des dialogues, très bons, du casting au poil (Poupaud parfait, Laure Calamy géniale, Lacoste pour une fois supportable)... et de la performance géniale de Virginie Efira, césarisable. Son meilleur rôle de toute évidence. L'impression très agréable de voir naître une actrice (alors qu'elle est pas nouvelle hein..). Elle porte le film. 4/6
IL FELICI TEMPI VERRANO PRESTO Cette première fiction d'Alessandro Comodin (l'Estate de Giacomo) m'a fait penser à Apichatpong Wheerasethakul: nature omniprésente, animaux, corps errants, beaucoup de mystère, un mythe rural local, de l'onirisme... De la beauté certes mais de l'ennui aussi. C'est très abscons. Il y a là un vrai talent de cinéaste émergent, un univers, un regard... On peut triper ou rester totalement hermétique. J'ai eu un peu de mal (en mode: "mais qu'est-ce qu'on me raconte, au juste?") mais je fus également interpellé et fasciné par ce cinéma loin d'être banal. 3/6
TRAMONTANE Joli petit film sur un jeune musicien libanais de 24 ans, aveugle, en quête de son identité, au propre comme au figuré. Il voulait juste un nouveau passeport mais il sera amené à découvrir l'histoire cachée de sa naissance, de son passé.. C'est loin d'être bouleversant mais on finit par s'attacher au gars (joué par un vrai aveugle et plutôt bon musicien!). C'est tout petit mais c'est tout à fait regardable et respectable. 3/6
ACID:
LA JEUNE FILLE SANS MAINS L'animation (100% peinture au pinceau) est impressionnante et j'admire le courage des producteurs car commercialement c'est un peu du suicide (esthétiquement c'est limite expérimental et l'histoire est super sombre, c'est pas du tout du tout pour les enfants...). J'ai du respect pour le projet mais ça ne m'a pas totalement convaincu. Et avec une animation comme celle-la on trouve vite le temps long.. 3/6
_________________ Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"
|