Marlo a écrit:
Bon, je ne sais pas comment marchent les sondages, mais là, a priori, je vois mal comment un "sondage" pourrait "sous-estimer" quelqu'un. Les scores peuvent bien sûr totalement changer d'ici l'élection (c'est une question de croyance) mais ce n'est pas suffisant pour dire que Mélenchon est "sous-estimé", son score actuel ne signifie rien de plus que le pourcentage d'électeurs prêts à voter pour lui. Et il est faible, aujourd'hui.
C'est pourtant assez simple. Comme les sondages ne se font que sur un échantillon de personnes, la marge d'erreur est très grande.
Pour compenser ces lacunes, chaque institut attribut un coefficient multiplicateur jalousement gardé secret, calculé en fonction des précédentes élections afin de ne jamais sous-estimer le résultats des trois ou quatre principaux candidats (car au final, seuls comptent pour eux le duel du second tour et le futur gagnant).
Pour le PS et l'UMP, qui présentent des candidats au fort potentiel depuis plusieurs présidentielles, le calcul semble assez simple et peut éventuellement donner une indication précieuse des intentions de vote (même s'il y a encore de franches disparités selon les sondages).
Sauf que cette fois, le candidat du PS est moins rassembleur que Royal (le Front de Gauche ayant embarqué nombre de formations secondaires) et a peiné à se situer à gauche, comme Jospin en 2002 ("
un programme qui n'est pas socialiste" précisait-il). Il y a aussi le fait qu'en 2007, avec le traumatisme de 2002, l'effet "vote utile" a été ravageur, et Royal en a profité (en plus de l'effet "première femme potentiellement élue Président de la République"). Elle a fini à 26%. Je rappelle que Hollande est le pur produit des sondages. Lorsque DSK était roi du monde, il n'existait même plus.
Sauf que cette fois aussi, le candidat de l'UMP est la cible d'un énorme rejet. Comparable au Chirac sortant de 2002 qui n'avait fait que 20% ? Pire ou encore moins bien ? Difficile de savoir précisément pour Sarkozy, mais ce qui est certain, c'est que les coefficients multiplicateurs sont forts et ne permettront jamais que le candidat UMP descende en-dessous des 20%...
Pour le FN en revanche, le coefficient multiplicateur est élevé, pour ne plus jamais le sous-estimer comme en 2002. Du coup à chaque élection, on se retrouve avec un FN 3ème homme, flirtant avec les 17%. Peu importe s'il échoue à 10% comme en 2007... Pourtant on constate que Le Pen fait du surplace depuis son début de campagne, et que le chiffre important ne se justifie pas forcément (un passage télé désastreux ou réussi n'a aucun impact sur les intentions de vote, parce que le coefficient ne laisse aucune marge de réactivité). Pour moi elle est très largement surestimée.
Pour Bayrou, le référent c'est 2007. Donc même s'il est plus ou moins à 10-12% (et aux dernières élections le MoDem était aux environs des 10%, voire pire), ils relèveront ce chiffre jusqu'à se rapprocher de son précédent résultat...
Pour le Front de Gauche, c'est beaucoup plus délicat. Le coefficient est minable, pour coller aux trois ou quatre dernières présidentielles du Parti Communiste (Hue 3% - Buffet 2%), sans tenir compte de l'écroulement du NPA, de l'érosion de LO (qui avec Laguiller faisait 5-6%) ou d'EELV, du désistement de Chevènement (qui avait fait 5-6%) ou le fait que l'élection actuelle compte le moins de candidats de gauche de l'histoire de la Vème République. Pourtant, aux dernières élections, le FG a fait 7-8%, puis 11%, et depuis les formations le regroupant se sont multipliées, Mélenchon a pris de l'ampleur, le programme a été record de vente, les meetings font salle comble partout en France, souvent le triple du FN... mais on reste avec un modeste coefficient multiplicateur, car ils ne savent pas par quel bout le prendre.
Le NPA s'écroule ? Plutôt que de gonfler le FG, on gonfle le FN en s'appuyant sur le fait que les ouvriers passent à l'extrême droite sans sourciller. Chevènement ne se présente pas ? Tu verras que Mélenchon n'en profitera pas. Les 11% du FG aux dernières élections ? Un accident. L'écroulement d'EELV alors que le FG est une formation écologique impactante ? Gonflons plutôt le PS. Etc.
Pour le moment, je pense que Sarkozy, Bayrou et Le Pen sont surestimés, Hollande plus ou moins à sa place, et Mélenchon totalement sous-estimé.
Evidemment, ne pas gonfler le score du FG, c'est participer à l'appel du vote utile espéré par le PS.
De même, déclarer que 4% des ouvriers vont voter Front de Gauche, c'est totalement surréaliste... un gros foutage de gueule.
Là, le Front de Gauche passe péniblement le cap des 9% d'intentions de vote... alors que si on récapitule, ça fait beaucoup d'éléments qui sont totalement squizzés :
- plusieurs formations ont rejoint le Front de Gauche (féministes, socialistes, écolos, anticapitalistes)
- la bonne campagne offensive de Mélenchon dans les médias
- les meetings qui ont un meilleur taux de remplissage que le PS ou le FN
- écroulement du NPA
- écroulement d'EELV
- retrait de Chevènement
- retrait de Borloo
- retrait de DSK
- crise qui s'est accentuée comme le FG l'avait annoncé
- influence et crédibilité du FMI réduite à néant avec le crise européenne
- Le Pen qui patine mais qu'on maintient à un niveau fort
- Bayrou qui remonte en flèche subitement alors que le MoDem est inexistant
- Sarkozy qui continue sa descente aux enfers
- le PS qui souffre d'un candidat emprunté, d'un accord catastrophique avec EELV, d'un programme moins fort encore que la soupe servie aux primaires du parti
Bref, pour moi c'est évident.